Présidentielles nigériennes de janvier 2011 : Nous Sommes Tous en Liberté Provisoire !

Pour détournement présumé ou divers autres délits remis à l'honneur avec le coup d'État du 18 février, les principaux candidats plébiscités par l'opinion internationale (mais pas forcément par les Nigériens) sont tous en liberté provisoire. Cocasse situation pour la présidentielle nigérienne de janvier 2011 ! Heureusement que des exceptions confirment la règle.



Les candidatures hâtivement retenues par certains analystes de la scène politique nigérienne sur fond de "chasse aux sorcières" semblent peu tenir en compte un fait assez curieux : certains des postulants potentiels sont en contentieux avec leur propre justice qui les a placés en liberté provisoire. Il en est ainsi d'un ancien Premier ministre, le dernier avant le coup d'État militaire de février; d'un ancien président de l'Assemblée nationale et d'un autre ancien Premier ministre.
Certains parlent ici de "chasse aux sorcières » avec la mise en place, en mai dernier, soit trois mois après la mise à l’écart de Mamadou Tandian, d'une "commission de lutte contre la délinquance économique et financière" qui a inculpé et laissé en liberté provisoire certains des candidats potentiels. Le délit présumé couvre des secteurs aussi vastes que le"détournement de fonds" destinés au secteur de l'énergie et d’autres prévarications aussi sérieuses que le domaine des stupéfiants.

Le putsch du 18 février au Niger semblait pourtant bien accueillie par une communauté internationale très sensible à la détérioration du climat politique avec l’entêtement de Tandian à se maintenir coûte que coûte au pouvoir. La junte s’est d’ailleurs empressée de signer diverses ordonnances, notamment celles (2010-02) relative à la neutralité du Csrd et (2010-03) sur l’inéligibilité des membres du Csrd et du gouvernement.
Ce souci de moralisation ne transparaît malheureusement pas dans les candidatures avancées. Ainsi, un ancien chef du Parlement et président de parti nigérien est accusé d’une présomption de blanchissement d’argent par les autorités du Niger qui avaient lancé un mandat d'arrêt International contre lui ; il est aujourd’hui candidat potentiel.

L’un d’eux affirmait d’ailleurs, péremptoire que «Ceux qui pensent qu’ils peuvent me faire disqualifier à travers des dossiers,perdent leur temps ». L’atmosphère post-putsch semble en effet propice à une sorte de chasse aux sorcières qui ne dit pas son nom lorsque certains cherchent par tous les moyens un dossier, dans lequel un adversaire potentiel pourrait être compromis, pour le voir disqualifié de la course aux prochaines élections.

Dans ce climat de suspicion généralisée, Moussa Moumouni Djermakoye apporte une touche émotive : il repris le flambeau de son frère, Moumouni Adamou Djermakoye, décédé en juin 2009. Il y aussi Amadou Cheiffou, ancien Premier ministre de la transition, qui a joué au Sapeur pompier entre 1991 et 1993, au plus fort de la tourmente africaine née du sommet de la Baule, du puissant vent d’Est et de la chute conséquente du Mur de Berlin.
Il reste que la rumeur s’est saisi de certains mouvements entre le Nigeria, l'Ouganda, Londres et la Suisse sur près de deux milliards de francs qui auraient été blanchis.
De même, on évoque un curieux négociateur au nom de l'État nigérien pour quelque 150 milliards qui valent bien une inculpation (qui peut entraîner la chute d'un ministre ami).
Les premières élections transparentes organisées en 93 avaient coûté moins d'un milliard pour quatre consultations. Aujourd'hui, pour la présidentielle, la junte demande plus de 30 milliards Cfa.

Par Pathé Mbodj

Samedi 18 Septembre 2010 13:23


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