La première journée du procès de Bosco Ntaganda a été presque exclusivement consacrée à la présentation de l'accusation à son encontre. Le procureur s'est longuement étendu sur les atrocités perpétrées par le Front patriotique pour la libération du Congo (FPLC). Bosco Ntaganda était alors le chef d'état-major de ces miliciens qui ont mené une campagne systématique de terreur et de violence contre tous les membres d'autres ethnies que la leur.
Mais pour Fatou Bensouda, procureur de la Cour pénale internationale, les motivations ethniques ne représentent qu'un des aspects de ce conflit. « Il ne s’agit pas du procès d’une appartenance ethnique ou d’un groupe ethnique, ils ‘agit du procès d’un individu qui a profité des tensions ethniques en Ituri à des fins personnelles, pour accéder au pouvoir et à la richesse et qui, pour se faire, a commis des atrocités. »
Bosco Ntaganda est resté impassible à l'évocation des crimes qui lui sont imputés mais le procureur entend bien prouver qu'il était le grand ordonnateur des atrocités commises en 2002 et 2003.
Stratégies
Le procureur va en effet chercher à démontrer que malgré son titre officiel de chef d'état-major adjoint, Bosco Ntaganda était en réalité derrière les horreurs commises par les soldats du FPLC. C'est lui qui aurait procédé à l'enrôlement des kadogos, les enfants-soldats, c'est lui aussi qui aurait ordonné une campagne de terreur systématique à l'encontre des autres groupes ethniques.
Une violence ethnique savamment orchestrée selon le procureur qui n'y voit qu'un outil dans les mains de Bosco Ntaganda, qui n'aurait reculé devant aucune atrocité pour s'emparer du pouvoir et des richesses minières de l'Ituri.
De son côté l'avocat de Bosco Ntaganda va user d'arguments juridiques d'abord, pour dénoncer ce qu'il appelle une justice d'exception au vu du nombre de documents non communiqués à la défense. Un appel à la clémence peut-être aussi puisque Bosco Ntaganda s'est rendu volontairement, en 2013.
Des arguments politiques enfin puisqu'il a critiqué la tenue d'un procès contre Bosco Ntaganda alors que selon lui de hauts responsables congolais, rwandais ou ougandais auraient dû se retrouver à ses côtés ou à sa place sur le banc des accusés.