Après l'audition des seconds couteaux, des ministres du gouvernement Aké N'Gbo et decadres de l'ex-majorité, c'est donc Simone Gbagbo qui a rendez-vous aujourd'hui avec la justice ivoirienne. A 65 ans, les avocats de l'ex-première dame la disent sereine, tranquille. La dame de fer ivoirienne sera-t-elle en verve, mutique, attentive et prenant des notes comme elle le fit au début du procès quand elle suivait les audience de ses camarades ?
A ces questions, Habiba Touré, l'une de ses avocates répond : « Vous pouvez dire les choses tout en restant respectueux. Vous pouvez dire que vous ne vous reconnaissez pas dans les faits qui vous sont reprochés sans être agressif, souligne-t-elle. En l’occurrence, Mme Gbagbo dira sa part de vérité. C’est à l’accusation de rapporter des preuves, de faire état des faits et de voir sa réaction à elle et ce qu’elle en dit. Est-ce qu’elle se reconnaît ou pas ? Elle verra quels sont les éléments à charge qui sont présentés contre elle et elle s’en expliquera, si tant est qu’il y en ait. »
On pourra d'autant moins prévoir les réactions de Simone Gbagbo que sa défense affirme ne pas savoir quels seront les faits précis et les témoins produits par l'accusation aujourd'hui. « On ne sait pas s’il y aura des témoins ou non, affirme Me Habiba Touré. On ne sait pas s’il y en a, combien ils seront. On ne sait pas ce qu’ils vont dire. On ne sait rien. On découvrira en même temps que vous, lundi. »
Et Habibda Touré de conclure : « Après trois ans d'instruction je pense que c'est un procès qui n'est pas a la hauteur des enjeux, ne serait-ce que pour toutes les victimes. »
Première audition depuis son arrestation en 2011
Simone Gbagbo n'a pas parlé en public depuis son arrestation le 11 avril 2011 à Abidjan avec son mari Laurent Gbagbo, mais d'après ses avocats, elle a beaucoup de choses à dire. Détenue dans un lieu confidentiel à Abidjan depuis la fin du mois de décembre, l'ancienne première dame travaillerait assidûment sur son dossier d'accusation. De nombreuses charges pèsent sur elle : atteinte à la sûreté de l'Etat, xénophobie, coalition de fonctionnaires, usurpation de fonction ou encore constitution de bandes armées… Le chapelet des chefs d'accusation est long, mais d'après sa défense, aucun fait précis n'est reproché à celle qui incarnait la branche dure du FPI, le parti de Laurent Gbagbo.
Une tendance remarquée tout au long de ces assises, pendant lesquelles le ton entre le tribunal et les accusés tenait plus de la conversation que de l'incrimination. De même, les preuves ont cruellement manqué pour accabler les proches de Laurent Gbagbo.
Il en faudra pourtant pour convaincre la Cour pénale internationale que les autorités ivoiriennes sont capables d'assurer un procès juste et équitable à Simone Gbagbo. La CPI réclame l'ex-première dame depuis trois ans pour des crimes contre l'humanité, mais Abidjan refuse de la livrer et promet qu'elle sera bientôt jugée pour la même catégorie de faits.