«Les soldats de l’aube» du Sud-Africain Deon Meyer
D’Alger au Cap en passant par Dakar ou Libreville, le polar africain se taille une place au soleil. Des auteurs du cru montrent que l’Afrique n’est plus seulement un réservoir d’histoires originales : elle produit aussi des auteurs de grand talent. Il s’agit d’une petite révolution dans un univers jusqu’alors largement dominé par les auteurs américains et européens. Ainsi le Sud-Africain Deon Meyer est devenu, en quelques années, l’un des auteurs de polars les plus lus dans le monde. Sans atteindre les tirages de l’Américain Michael Connelly, Deon Meyer est d’ores et déjà considéré comme un auteur de best-sellers. Notamment avec Les soldats de l’aube et Jusqu’au dernier, des récits qui dépeignent la nouvelle Afrique du Sud et le mal-être de Blancs ayant du mal à trouver leur place dans la « nation arc-en-ciel ». L’action de ses récits se déroule essentiellement au Cap. Dans un style sud-africain, avec des expressions en langues locales, il réussit à séduire un public très large bien au-delà de son pays d’origine.
La littérature blanche et l’ethnopolar
Un autre auteur de la région du Cap fait sensation, Roger Smith a lui aussi trouvé un ton efficace pour parler de son pays. Ses récits ultraviolents sont menés avec une précision chirurgicale. Autre plume de grand talent, lui aussi originaire de la ville la plus au sud du continent, Mike Nicol démonte, notamment dans La Dette, les rouages d’un pays ultra violent où les gangs et les mafias imposent leur loi sur des pans entiers de la société.
A l’autre extrémité du continent, l’Algérien Yasmina Khadra s’est fait remarquer par la qualité de son style et la verve de ses récits. Son commissaire Llob est perpétuellement en butte aux arbitraires de la société. Avant de se lancer dans la littérature blanche, Khadra s’est fait connaître par ses polars, notamment Morituri.
L’un des premiers romans d’Alain Mabanckou à rencontrer un large public fut aussi un polar, le récit de l’itinéraire d’African psycho, tueur en série au Congo. Un type de récit qui d’ordinaire trouve davantage sa place dans la littérature américaine.
Janis Otsiemi, auteur gabonais raconte l’itinéraire d’un tueur de prostituées, Le Chasseur de Lucioles. Otsiemi s’était déjà fait remarquer grâce au savoureux La bouche qui mange ne parle pas. Dans ses romans, il dénonce les sacrifices humains, l’ethnicisme et la corruption des politiciens.
Un autre auteur francophone s’est fait un nom : le Sénégalais Abasse Ndione. Infirmier à Dakar pendant plus de trente ans, il est désormais un auteur reconnu au delà des frontières. La vie en spirale, roman écrit pendant près de vingt ans a été publié aux éditions Gallimard. Dans ce récit, Abasse Ndione est l’un des premiers auteurs à évoquer aussi ouvertement un sujet tabou : la passion pour la drogue, le fait de « développer du yamba », de consommer du chanvre indien. Avec Ramata, il aborde un autre sujet délicat, l’excision, utilisant le récit policier pour nous faire pénétrer en profondeur dans la société sénégalaise. Ses romans tiennent un peu de l’ethnopolar dans la veine de l’Américain Tony Hillerman. Tout comme ceux du Malien Moussa Konaté, dont les récits se déroulent dans le pays dogon. Ainsi L’empreinte du renard nous aide à comprendre la cosmogonie dogon.
Afrique, une terre fertile pour les polars
Le nouveau paysage du polar africain qui se dessine est aussi varié que la géographie du continent. Les auteurs sud-africains ont subi une forte influence américaine : ils ont adopté une écriture sèche : l’action prime, les effets littéraires ont peu de place dans cet univers brutal.
A l’image d’Alain Mabanckou dont le père, portier dans un hôtel de Pointe-Noire ramenait à la maison des San Antonio abandonnés par des clients, les auteurs francophones ont grandi en lisant Frédéric Dard. La verve du père de San Antonio les a marqués : elle a influencé leur style. Chez Janis Otsiemi, plus que l’intrigue c’est le travail sur la langue qui importe : il métisse le français, lui donne une âme africaine, tout comme Abasse Ndione ou le Congolais Bolya, auteur de La Polyandre. Janis Ostiemi ne cache pas son admiration pour Frédéric Dard ou Simenon. Il reconnaît que l’auteur belge était l’un des Occidentaux qui ont le mieux compris le Gabon. Son Coup de lune reste, selon Otsiemi, l’un des meilleurs romans consacrés à l’Afrique.
Ces nouveaux auteurs trouvent enfin leur place dans les librairies et les bibliothèques. Les spécialistes du polar commencent à s’intéresser au phénomène. Ainsi Marc Fernandez, directeur de la revue Alibi consacre plus de place à cette littérature africaine que par le passé : « Le polar africain est vraiment en train d'émerger. Il y a quelques années, arrivait Deon Meyer. Plus récemment, des auteurs comme Roger Smith, toujours sur l'Afrique du Sud mais dans un style différent, plus violent peut-être, ou Mike Nicol, apportent un vent nouveau. Concernant les francophones, Janis Otsiemi est très intéressant par son travail sur le style et la langue. Il invente même un langage spécifique. »
Selon Marc Fernandez cette montée en puissance est liée à une volonté d’échapper aux sentiers battus : « Cette situation s'explique peut-être par le fait que les lecteurs ont beaucoup lu de polars nordiques et qu’ils recherchent autre chose, découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles voix, différentes, originales ».
Dans une librairie dakaroise, Aïcha, étudiante s’en félicite. « J’en avais marre de toujours lire des thrillers se déroulant à New York, reconnait cette grande lectrice. J’en ai ras-le-bol des histoires de tueurs en série traqués par des profilers. Après tout, nous aussi, nous avons beaucoup à raconter. S’il existe une terre fertile pour les polars, c’est bien l’Afrique ! ».
Source : Rfi.fr
La littérature blanche et l’ethnopolar
Un autre auteur de la région du Cap fait sensation, Roger Smith a lui aussi trouvé un ton efficace pour parler de son pays. Ses récits ultraviolents sont menés avec une précision chirurgicale. Autre plume de grand talent, lui aussi originaire de la ville la plus au sud du continent, Mike Nicol démonte, notamment dans La Dette, les rouages d’un pays ultra violent où les gangs et les mafias imposent leur loi sur des pans entiers de la société.
A l’autre extrémité du continent, l’Algérien Yasmina Khadra s’est fait remarquer par la qualité de son style et la verve de ses récits. Son commissaire Llob est perpétuellement en butte aux arbitraires de la société. Avant de se lancer dans la littérature blanche, Khadra s’est fait connaître par ses polars, notamment Morituri.
L’un des premiers romans d’Alain Mabanckou à rencontrer un large public fut aussi un polar, le récit de l’itinéraire d’African psycho, tueur en série au Congo. Un type de récit qui d’ordinaire trouve davantage sa place dans la littérature américaine.
Janis Otsiemi, auteur gabonais raconte l’itinéraire d’un tueur de prostituées, Le Chasseur de Lucioles. Otsiemi s’était déjà fait remarquer grâce au savoureux La bouche qui mange ne parle pas. Dans ses romans, il dénonce les sacrifices humains, l’ethnicisme et la corruption des politiciens.
Un autre auteur francophone s’est fait un nom : le Sénégalais Abasse Ndione. Infirmier à Dakar pendant plus de trente ans, il est désormais un auteur reconnu au delà des frontières. La vie en spirale, roman écrit pendant près de vingt ans a été publié aux éditions Gallimard. Dans ce récit, Abasse Ndione est l’un des premiers auteurs à évoquer aussi ouvertement un sujet tabou : la passion pour la drogue, le fait de « développer du yamba », de consommer du chanvre indien. Avec Ramata, il aborde un autre sujet délicat, l’excision, utilisant le récit policier pour nous faire pénétrer en profondeur dans la société sénégalaise. Ses romans tiennent un peu de l’ethnopolar dans la veine de l’Américain Tony Hillerman. Tout comme ceux du Malien Moussa Konaté, dont les récits se déroulent dans le pays dogon. Ainsi L’empreinte du renard nous aide à comprendre la cosmogonie dogon.
Afrique, une terre fertile pour les polars
Le nouveau paysage du polar africain qui se dessine est aussi varié que la géographie du continent. Les auteurs sud-africains ont subi une forte influence américaine : ils ont adopté une écriture sèche : l’action prime, les effets littéraires ont peu de place dans cet univers brutal.
A l’image d’Alain Mabanckou dont le père, portier dans un hôtel de Pointe-Noire ramenait à la maison des San Antonio abandonnés par des clients, les auteurs francophones ont grandi en lisant Frédéric Dard. La verve du père de San Antonio les a marqués : elle a influencé leur style. Chez Janis Otsiemi, plus que l’intrigue c’est le travail sur la langue qui importe : il métisse le français, lui donne une âme africaine, tout comme Abasse Ndione ou le Congolais Bolya, auteur de La Polyandre. Janis Ostiemi ne cache pas son admiration pour Frédéric Dard ou Simenon. Il reconnaît que l’auteur belge était l’un des Occidentaux qui ont le mieux compris le Gabon. Son Coup de lune reste, selon Otsiemi, l’un des meilleurs romans consacrés à l’Afrique.
Ces nouveaux auteurs trouvent enfin leur place dans les librairies et les bibliothèques. Les spécialistes du polar commencent à s’intéresser au phénomène. Ainsi Marc Fernandez, directeur de la revue Alibi consacre plus de place à cette littérature africaine que par le passé : « Le polar africain est vraiment en train d'émerger. Il y a quelques années, arrivait Deon Meyer. Plus récemment, des auteurs comme Roger Smith, toujours sur l'Afrique du Sud mais dans un style différent, plus violent peut-être, ou Mike Nicol, apportent un vent nouveau. Concernant les francophones, Janis Otsiemi est très intéressant par son travail sur le style et la langue. Il invente même un langage spécifique. »
Selon Marc Fernandez cette montée en puissance est liée à une volonté d’échapper aux sentiers battus : « Cette situation s'explique peut-être par le fait que les lecteurs ont beaucoup lu de polars nordiques et qu’ils recherchent autre chose, découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles voix, différentes, originales ».
Dans une librairie dakaroise, Aïcha, étudiante s’en félicite. « J’en avais marre de toujours lire des thrillers se déroulant à New York, reconnait cette grande lectrice. J’en ai ras-le-bol des histoires de tueurs en série traqués par des profilers. Après tout, nous aussi, nous avons beaucoup à raconter. S’il existe une terre fertile pour les polars, c’est bien l’Afrique ! ».
Source : Rfi.fr
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