
Le Président Bassirou Diomaye Faye a lancé un appel au dialogue aux forces vives de la Nation. Il est des mots, pourtant, qu’on prononce avec précaution. Comme s’ils étaient trop grands pour notre époque, trop exigeants pour notre manière de faire. Dialogue en est un. Mot ancien, presque solennel. Il évoque les voix qui se répondent sans se hurler dessus. Les désaccords qu’on explore plutôt que les colères qu’on assène. La parole posée, lente, fragile — comme un pont tendu au-dessus du tumulte.
Le président Bassirou Diomaye Faye a choisi ce mot. Il l’a sorti du silence, lui a redonné sa clarté première. Le 28 mai, un dialogue national s’ouvrira au Sénégal. Une invitation faite à tous — majorité, opposition, société civile — pour parler de ce qui compte. De ce qui lie. De ce qui divise. Ce geste, à lui seul, mérite d’être salué. Car le contexte est tout sauf propice. Ces dernières années, le pays s’est habitué au vacarme : invectives, arrestations, manifestations réprimées, procès en cascade. Le tissu politique s’est tendu, déchiré par endroits. La confiance, cette chose si longue à bâtir et si rapide à s’effondrer, s’est effritée. Et voici qu’un président, à peine élu, dit : parlons-nous.
C’est peu. C’est immense. Dans un pays meurtri par la polarisation, l’idée même de dialogue sonne comme une note dissonante — ou salvatrice. Car le Sénégal, à cet instant précis de son histoire, n’a pas seulement besoin d’oxygène politique. Il a besoin d’un cap commun. D’un apaisement lucide. D’une conversation nationale où chacun pourrait se reconnaître, fût-ce à contrecœur.
L’enjeu dépasse la politique immédiate. Ce qui se joue en creux, c’est la capacité du pays à affronter l’avenir sans se fracturer. Or, cet avenir, il s’annonce chargé. Le Sénégal s’apprête à entrer dans l’ère du pétrole et du gaz. Une ère pleine de promesses — et de périls. L’histoire du continent nous l’a appris : les ressources naturelles ne font pas forcément les nations plus riches, ni plus justes. Elles creusent parfois des gouffres. Alimentent les tensions. Corrompent les équilibres.
Alors oui, il faudra des lois solides, des institutions vigilantes. Mais avant cela, il faudra une parole partagée. Un accord de méthode. Une paix des voix.
Le dialogue, ce n’est pas l’unanimité. C’est l’acceptation de la complexité. Ce n’est pas céder. Ce n’est pas se renier. C’est comprendre que l’on ne détient jamais seul la totalité de la vérité. C’est laisser à l’autre l’espace d’exister, de dire ce qu’il pense, même si cela dérange. C’est aussi reconnaître que le désaccord fait partie de la démocratie — à condition qu’il ne se mue pas en guerre d’orgueil ou en refus de vivre ensemble.
Dans un monde où les opinions s’enflamment plus vite qu’elles ne s’écoutent, dans une Afrique francophone souvent ballotée entre régimes forts et oppositions bâillonnées, faire le pari du dialogue relève presque de l’audace. Il faut du courage pour tendre la main à ceux qui vous critiquent. Il en faut aussi pour la saisir.
Ce 28 mai ne sera peut-être pas un tournant. Il n’y aura sans doute pas de grandes images. Pas de discours historiques. Mais il pourrait y avoir quelque chose de plus rare : un temps suspendu. Un instant où les paroles ne seraient plus des projectiles, mais des passerelles. Ce serait déjà beaucoup.
Le reste dépendra de ce que chacun y mettra. La sincérité ne se décrète pas. Elle se devine, elle se construit. Le dialogue n’est pas une opération de communication. Il ne supporte pas le cynisme, ni les jeux d’ombres. Il ne tolère pas les faux-semblants. Il exige de quitter sa tour, de descendre au niveau du commun, de regarder en face ce qui dérange.
Il arrive parfois qu’un pays s’écoute. Cela ne dure jamais très longtemps. Mais ces brefs instants où les voix s’accordent laissent des traces. Elles peuvent fonder une culture politique nouvelle. Celle du respect sans soumission, du débat sans violence, de l’opposition sans haine.
Le président Faye ouvre une porte. C’est un acte politique, mais c’est aussi un geste humain. Il dit que la parole a encore de la valeur. Que le bruit n’a pas tout englouti. Que le pays peut s’arrêter un moment pour se parler autrement.
Et si le Sénégal réussit cette entreprise, même imparfaitement, alors il aura donné à sa démocratie une respiration nouvelle. Une respiration précieuse. Une respiration longue.
Si. Di.
Le président Bassirou Diomaye Faye a choisi ce mot. Il l’a sorti du silence, lui a redonné sa clarté première. Le 28 mai, un dialogue national s’ouvrira au Sénégal. Une invitation faite à tous — majorité, opposition, société civile — pour parler de ce qui compte. De ce qui lie. De ce qui divise. Ce geste, à lui seul, mérite d’être salué. Car le contexte est tout sauf propice. Ces dernières années, le pays s’est habitué au vacarme : invectives, arrestations, manifestations réprimées, procès en cascade. Le tissu politique s’est tendu, déchiré par endroits. La confiance, cette chose si longue à bâtir et si rapide à s’effondrer, s’est effritée. Et voici qu’un président, à peine élu, dit : parlons-nous.
C’est peu. C’est immense. Dans un pays meurtri par la polarisation, l’idée même de dialogue sonne comme une note dissonante — ou salvatrice. Car le Sénégal, à cet instant précis de son histoire, n’a pas seulement besoin d’oxygène politique. Il a besoin d’un cap commun. D’un apaisement lucide. D’une conversation nationale où chacun pourrait se reconnaître, fût-ce à contrecœur.
L’enjeu dépasse la politique immédiate. Ce qui se joue en creux, c’est la capacité du pays à affronter l’avenir sans se fracturer. Or, cet avenir, il s’annonce chargé. Le Sénégal s’apprête à entrer dans l’ère du pétrole et du gaz. Une ère pleine de promesses — et de périls. L’histoire du continent nous l’a appris : les ressources naturelles ne font pas forcément les nations plus riches, ni plus justes. Elles creusent parfois des gouffres. Alimentent les tensions. Corrompent les équilibres.
Alors oui, il faudra des lois solides, des institutions vigilantes. Mais avant cela, il faudra une parole partagée. Un accord de méthode. Une paix des voix.
Le dialogue, ce n’est pas l’unanimité. C’est l’acceptation de la complexité. Ce n’est pas céder. Ce n’est pas se renier. C’est comprendre que l’on ne détient jamais seul la totalité de la vérité. C’est laisser à l’autre l’espace d’exister, de dire ce qu’il pense, même si cela dérange. C’est aussi reconnaître que le désaccord fait partie de la démocratie — à condition qu’il ne se mue pas en guerre d’orgueil ou en refus de vivre ensemble.
Dans un monde où les opinions s’enflamment plus vite qu’elles ne s’écoutent, dans une Afrique francophone souvent ballotée entre régimes forts et oppositions bâillonnées, faire le pari du dialogue relève presque de l’audace. Il faut du courage pour tendre la main à ceux qui vous critiquent. Il en faut aussi pour la saisir.
Ce 28 mai ne sera peut-être pas un tournant. Il n’y aura sans doute pas de grandes images. Pas de discours historiques. Mais il pourrait y avoir quelque chose de plus rare : un temps suspendu. Un instant où les paroles ne seraient plus des projectiles, mais des passerelles. Ce serait déjà beaucoup.
Le reste dépendra de ce que chacun y mettra. La sincérité ne se décrète pas. Elle se devine, elle se construit. Le dialogue n’est pas une opération de communication. Il ne supporte pas le cynisme, ni les jeux d’ombres. Il ne tolère pas les faux-semblants. Il exige de quitter sa tour, de descendre au niveau du commun, de regarder en face ce qui dérange.
Il arrive parfois qu’un pays s’écoute. Cela ne dure jamais très longtemps. Mais ces brefs instants où les voix s’accordent laissent des traces. Elles peuvent fonder une culture politique nouvelle. Celle du respect sans soumission, du débat sans violence, de l’opposition sans haine.
Le président Faye ouvre une porte. C’est un acte politique, mais c’est aussi un geste humain. Il dit que la parole a encore de la valeur. Que le bruit n’a pas tout englouti. Que le pays peut s’arrêter un moment pour se parler autrement.
Et si le Sénégal réussit cette entreprise, même imparfaitement, alors il aura donné à sa démocratie une respiration nouvelle. Une respiration précieuse. Une respiration longue.
Si. Di.