Entre menaces militaires directes contre des pays voisins et un isolement régional dans le monde arabe le régime militaire au Soudan persiste à s’éloigner du cœur de la crise qui frappe le pays - à savoir la nécessité de mettre fin à la guerre civile, constate des observateurs de la crise du Soudan depuis 2 ans.
Du Tchad et du Soudan du Sud, en passant par l’Ouganda, le Kenya, jusqu’aux Émirats arabes unis - l’un des principaux fournisseurs d’aide humanitaire au peuple soudanais vivant l’une des pires crises de son histoire - le régime militaire multiplie ses accusations.
Il menace de conduire des frappes militaires contre le Tchad et dépose une plainte devant la Cour internationale de Justice à La Haye contre les Émirats arabes unis, le régime militaire soudanais poursuit une politique que de nombreux observateurs jugent nuisible pour un pays encore en quête de trouver la paix.
La plainte déposée par le régime d'Al Burhan, soutenu par le courant islamiste des Frères musulmans, rend les Émirats responsables de graves violations telles que le génocide au Darfour. Une accusation que l’ancien ministre soudanais de la Justice, Nasredeen Abdulbari, qualifie d’« hypocrisie » et d’action politique sans base juridique solide.
Exploitation d’une institution internationale
Au-delà des arguments juridiques qui réfutent les accusations portées contre les Émirats, Reem Al Ketit, sous-secrétaire adjointe aux affaires politiques au ministère émirati des Affaires étrangères et représentante des Émirats devant la CIJ, a qualifié ces accusations de « fausses », tout en niant aucun positionnement de son pays avec l'un des camps contre l'autre.
Elle souligne que cette plainte « ne repose sur aucun fondement juridique ni factuel », et met en garde contre l’exploitation flagrante d’une institution internationale respectée par le régime militaire soudanais, qualifiant les accusations de « trompeuses dans le meilleur des cas, de pures calomnies dans le pire ».
De son coté le juriste Salah Al-Hanshi affirme que le régime militaire soudanais utilise la justice internationale pour éliminer ses adversaires politiques et consolider son pouvoir, sous prétexte d’un conflit externe, alors qu’il s’agit en réalité d’un conflit interne entre factions soudanaises rivales.
Un scénario qui se répète
Avant même le recours judiciaire à La Haye, les chefs du régime militaire ont multiplié les menaces militaires. Yasser Al-Atta, membre du Conseil souverain de transition au Soudan, a récemment menacé de frapper les aéroports tchadiens et d’attaquer militairement le Soudan du Sud, accusant ces pays de soutenir les Forces de soutien rapide.
Il a déclaré ouvertement que les aéroports de N’Djamena et d’Om Jaras, au Tchad, sont des cibles légitimes pour l’armée soudanaise. Il a affirmé que ces infrastructures servaient à ravitailler les forces adverses.
Le Tchad a vivement réagi, estimant que ces propos pourraient être interprétés comme « une déclaration de guerre » si jamais ils se traduisaient par une action militaire. La diplomatie tchadienne a déclaré que cette rhétorique pourrait provoquer une escalade dangereuse.
Des menaces similaires ont visé d’autres voisins comme l’Ouganda, l’Afrique centrale ou encore le Kenya.
En janvier dernier, Al-Atta a même menacé l'Ouganda, en affirmant que l’armée soudanaise serait capable de détruire ses troupes en cas d’agression.
Ces menaces interviennent alors même que l’Ouganda héberge des dizaines de milliers de réfugiés soudanais une initiative humanitaire saluée par les Nations unies.
Même le Kenya n’a pas été épargné, accusé d’accueillir des réunions de l’opposition soudanaise à Nairobi, acte qualifié d’hostile par le régime d'Al Burhan.
Isolement régional aggravé
Des analystes avertissent que ces politiques isolent davantage le Soudan sur la scène régionale. Au lieu de chercher à mettre fin à la suspension de son adhésion à l’Union africaine depuis le 27 octobre 2021, le régime s’enferme dans une logique de confrontation.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a également gelé l’adhésion du Soudan depuis plusieurs mois, confirmant l’isolement croissant du régime militaire de Khartoum.
Francis Ahov
Chercheur au Global Security for Africa Research and Good Governance
Du Tchad et du Soudan du Sud, en passant par l’Ouganda, le Kenya, jusqu’aux Émirats arabes unis - l’un des principaux fournisseurs d’aide humanitaire au peuple soudanais vivant l’une des pires crises de son histoire - le régime militaire multiplie ses accusations.
Il menace de conduire des frappes militaires contre le Tchad et dépose une plainte devant la Cour internationale de Justice à La Haye contre les Émirats arabes unis, le régime militaire soudanais poursuit une politique que de nombreux observateurs jugent nuisible pour un pays encore en quête de trouver la paix.
La plainte déposée par le régime d'Al Burhan, soutenu par le courant islamiste des Frères musulmans, rend les Émirats responsables de graves violations telles que le génocide au Darfour. Une accusation que l’ancien ministre soudanais de la Justice, Nasredeen Abdulbari, qualifie d’« hypocrisie » et d’action politique sans base juridique solide.
Exploitation d’une institution internationale
Au-delà des arguments juridiques qui réfutent les accusations portées contre les Émirats, Reem Al Ketit, sous-secrétaire adjointe aux affaires politiques au ministère émirati des Affaires étrangères et représentante des Émirats devant la CIJ, a qualifié ces accusations de « fausses », tout en niant aucun positionnement de son pays avec l'un des camps contre l'autre.
Elle souligne que cette plainte « ne repose sur aucun fondement juridique ni factuel », et met en garde contre l’exploitation flagrante d’une institution internationale respectée par le régime militaire soudanais, qualifiant les accusations de « trompeuses dans le meilleur des cas, de pures calomnies dans le pire ».
De son coté le juriste Salah Al-Hanshi affirme que le régime militaire soudanais utilise la justice internationale pour éliminer ses adversaires politiques et consolider son pouvoir, sous prétexte d’un conflit externe, alors qu’il s’agit en réalité d’un conflit interne entre factions soudanaises rivales.
Un scénario qui se répète
Avant même le recours judiciaire à La Haye, les chefs du régime militaire ont multiplié les menaces militaires. Yasser Al-Atta, membre du Conseil souverain de transition au Soudan, a récemment menacé de frapper les aéroports tchadiens et d’attaquer militairement le Soudan du Sud, accusant ces pays de soutenir les Forces de soutien rapide.
Il a déclaré ouvertement que les aéroports de N’Djamena et d’Om Jaras, au Tchad, sont des cibles légitimes pour l’armée soudanaise. Il a affirmé que ces infrastructures servaient à ravitailler les forces adverses.
Le Tchad a vivement réagi, estimant que ces propos pourraient être interprétés comme « une déclaration de guerre » si jamais ils se traduisaient par une action militaire. La diplomatie tchadienne a déclaré que cette rhétorique pourrait provoquer une escalade dangereuse.
Des menaces similaires ont visé d’autres voisins comme l’Ouganda, l’Afrique centrale ou encore le Kenya.
En janvier dernier, Al-Atta a même menacé l'Ouganda, en affirmant que l’armée soudanaise serait capable de détruire ses troupes en cas d’agression.
Ces menaces interviennent alors même que l’Ouganda héberge des dizaines de milliers de réfugiés soudanais une initiative humanitaire saluée par les Nations unies.
Même le Kenya n’a pas été épargné, accusé d’accueillir des réunions de l’opposition soudanaise à Nairobi, acte qualifié d’hostile par le régime d'Al Burhan.
Isolement régional aggravé
Des analystes avertissent que ces politiques isolent davantage le Soudan sur la scène régionale. Au lieu de chercher à mettre fin à la suspension de son adhésion à l’Union africaine depuis le 27 octobre 2021, le régime s’enferme dans une logique de confrontation.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a également gelé l’adhésion du Soudan depuis plusieurs mois, confirmant l’isolement croissant du régime militaire de Khartoum.
Francis Ahov
Chercheur au Global Security for Africa Research and Good Governance
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