Depuis plus de vingt ans, Damien Glez anime avec talent la rédaction du Journal du Jeudi, l'hebdomadaire satirique burkinabè qui reste indémodable.
Quel Africain n’a pas souri un jour à la vue d’un dessin de Damien Glez ? Ses caricatures font le tour du continent depuis plus de vingt ans. Ses dessins apparaissent chaque semaine à la Une du Journal du Jeudi, l’hebdomadaire satirique du Burkina Faso, bien sûr. Mais ils ont aussi droit de cité dans Courrier international, Le Monde, Jeune Afrique ou Mediapart.
Plus célèbre dessinateur d’Afrique francophone, Damien Glez, 45 ans, est souvent présenté comme le Plantu du continent. Pourtant, il n’est pas seulement un caricaturiste de grand talent. Il est aussi le maître d’œuvre du succès du Journal du Jeudi, qu’il a créé avec Boubakar Diallo, il y a plus de vingt ans. Chaque semaine, Damien Glez est à la manœuvre. Il dessine, écrit, édite, met en page ce titre satirique vendu à plus de 10 000 exemplaires. Un très beau tirage pour l’Afrique francophone. Il s’agit d’un des rares titres rentables du continent. Son lectorat lui est d’autant plus fidèle que Le Journal du Jeudi ne cherche pas à imiter les grands modèles occidentaux, tels que Le Canard Enchaîné.
Cette adaptation au contexte local est d’autant plus remarquable que Damien Glez vient de loin. De France, diplômé d’une école de commerce, Sup de co Bordeaux rien ne le prédisposait à devenir dessinateur de presse à Ouagadougou.
L'histoire d'une rencontre
Débarqué au Burkina Faso comme coopérant enseignant, il profite du vent de liberté qui souffle en Afrique après la chute du mur de Berlin en 1989 et le discours de la Baule pour ouvrir un hebdomadaire. Il revient avec chaleur sur l’époque de ses premiers pas dans le métier en août 1991 : « Le Journal du Jeudi est à la fois le résultat d'une rencontre entre deux sensibilités éditoriales et d'un tournant dans l'histoire du Burkina. La rencontre, c'est celle que moi, passionné amateur de dessin de presse, j'ai faite avec Boubakar Diallo, auteur fasciné par l'humour aussi bien européen qu'africain, qui avait un projet de journal depuis les années 80».
Glez ajoute qu’il s’agissait d’une période charnière dans l’histoire de l’Afrique francophone : « Le tournant historique, c'est le retour de la République au Burkina Faso, après quelques années d'Etat d'exception où il n'était pas possible de lancer une publication indépendante. C'était le début du printemps de la presse et le public, déjà imprégné d'humour, était demandeur de cette forme d'irrévérence qui pointe du doigt les puissants : la satire. Et la caricature était un art encore embryonnaire et donc excitant. Il a semblé judicieux de lancer un " hebdomadaire" satirique burkinabè».
Bien d’autres expériences satiriques ont vu le jour à la même époque sur le continent, notamment Le Cafard Libéré à Dakar, Le Kpakpa désenchanté au Togo et Le Canardeau au Niger, mais Le Journal du Jeudi est le seul à s’être inscrit dans la durée. Une grande partie de ce succès est due aux dessins et bandes dessinées signés Damien Glez qui sont d’ailleurs exposés dans le monde entier. Ils voyagent beaucoup plus facilement que leur auteur.
« Pour nous, vous êtes africain »
L’humoriste le reconnaît bien volontiers, il n’aime rien tant que rester à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Même s’il est originaire de Nancy, c’est au « pays des hommes intègres » que ce dessinateur casanier se sent chez lui. Il a acquis la nationalité burkinabè. Sa couleur de peau gêne davantage les Européens que les Africains. Il s’en amuse : « La même année, un pays européen et un pays africain m'ont spontanément accordé chacun un prix. Le pays européen a été gêné aux entournures en constatant finalement qu'il avait primé un Blanc. Face au même constat, le pays africain m'a dit "Pour nous, vous êtes africain". C'était le prix de meilleur dessinateur africain de l'année. Tout était dit».
Avec son épouse Aminata Diallo-Glez, réalisatrice et actrice burkinabè, il forme l’un des couples les plus célèbres du Burkina Faso. Aminata Diallo-Glez est connue dans toute l’Afrique de l’ouest depuis qu’elle a joué le rôle principal dans la sitcom burkinabè, Kadi Jolie. Les mondanités intéressent-elles pour autant Glez ? Pas du tout. Il reconnaît bien volontiers que ce qu’il préfère c’est rester dans sa bulle. Le directeur de la rédaction du Journal du Jeudi est accro au dessin et à l’actualité. Glez reste à la rédaction douze heures par jour et six jours sur sept. Seul le dimanche est chômé : ce jour est consacré à ses enfants.
Dans la vie de tous les jours, Glez est très sérieux, pince sans rire. Mine de rien, ce Burkinabè affecte un flegme britannique. L’humour, c’est aux colonnes du Journal du Jeudi qu’il le réserve. Sa vie de tous les jours est rythmée par le travail ininterrompu. A la question de savoir quel est son produit dopant, cet infatigable travailleur répond tout de go : « Le traitement de l'actu est une drogue qui fait qu'on ne se pose guère de questions, qu'on est réactif en permanence et qu'on ne compte pas son temps. Alors je ne sais pas si on "court", mais on est sous tension quasiment en permanence. C'est ce qui est passionnant, surtout quand on peut se permettre de maltraiter l'actualité sous l'angle satirique. »
Cet ami de Plantu, adepte du dessin quotidien, ajoute avec un sourire dans la voix : « Et je ne suis pas schizophrène, car je considère toujours le dessin comme le cœur de tout ce que je fais. Le reste n'est que de la prolongation. »
Quel Africain n’a pas souri un jour à la vue d’un dessin de Damien Glez ? Ses caricatures font le tour du continent depuis plus de vingt ans. Ses dessins apparaissent chaque semaine à la Une du Journal du Jeudi, l’hebdomadaire satirique du Burkina Faso, bien sûr. Mais ils ont aussi droit de cité dans Courrier international, Le Monde, Jeune Afrique ou Mediapart.
Plus célèbre dessinateur d’Afrique francophone, Damien Glez, 45 ans, est souvent présenté comme le Plantu du continent. Pourtant, il n’est pas seulement un caricaturiste de grand talent. Il est aussi le maître d’œuvre du succès du Journal du Jeudi, qu’il a créé avec Boubakar Diallo, il y a plus de vingt ans. Chaque semaine, Damien Glez est à la manœuvre. Il dessine, écrit, édite, met en page ce titre satirique vendu à plus de 10 000 exemplaires. Un très beau tirage pour l’Afrique francophone. Il s’agit d’un des rares titres rentables du continent. Son lectorat lui est d’autant plus fidèle que Le Journal du Jeudi ne cherche pas à imiter les grands modèles occidentaux, tels que Le Canard Enchaîné.
Cette adaptation au contexte local est d’autant plus remarquable que Damien Glez vient de loin. De France, diplômé d’une école de commerce, Sup de co Bordeaux rien ne le prédisposait à devenir dessinateur de presse à Ouagadougou.
L'histoire d'une rencontre
Débarqué au Burkina Faso comme coopérant enseignant, il profite du vent de liberté qui souffle en Afrique après la chute du mur de Berlin en 1989 et le discours de la Baule pour ouvrir un hebdomadaire. Il revient avec chaleur sur l’époque de ses premiers pas dans le métier en août 1991 : « Le Journal du Jeudi est à la fois le résultat d'une rencontre entre deux sensibilités éditoriales et d'un tournant dans l'histoire du Burkina. La rencontre, c'est celle que moi, passionné amateur de dessin de presse, j'ai faite avec Boubakar Diallo, auteur fasciné par l'humour aussi bien européen qu'africain, qui avait un projet de journal depuis les années 80».
Glez ajoute qu’il s’agissait d’une période charnière dans l’histoire de l’Afrique francophone : « Le tournant historique, c'est le retour de la République au Burkina Faso, après quelques années d'Etat d'exception où il n'était pas possible de lancer une publication indépendante. C'était le début du printemps de la presse et le public, déjà imprégné d'humour, était demandeur de cette forme d'irrévérence qui pointe du doigt les puissants : la satire. Et la caricature était un art encore embryonnaire et donc excitant. Il a semblé judicieux de lancer un " hebdomadaire" satirique burkinabè».
Bien d’autres expériences satiriques ont vu le jour à la même époque sur le continent, notamment Le Cafard Libéré à Dakar, Le Kpakpa désenchanté au Togo et Le Canardeau au Niger, mais Le Journal du Jeudi est le seul à s’être inscrit dans la durée. Une grande partie de ce succès est due aux dessins et bandes dessinées signés Damien Glez qui sont d’ailleurs exposés dans le monde entier. Ils voyagent beaucoup plus facilement que leur auteur.
« Pour nous, vous êtes africain »
L’humoriste le reconnaît bien volontiers, il n’aime rien tant que rester à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Même s’il est originaire de Nancy, c’est au « pays des hommes intègres » que ce dessinateur casanier se sent chez lui. Il a acquis la nationalité burkinabè. Sa couleur de peau gêne davantage les Européens que les Africains. Il s’en amuse : « La même année, un pays européen et un pays africain m'ont spontanément accordé chacun un prix. Le pays européen a été gêné aux entournures en constatant finalement qu'il avait primé un Blanc. Face au même constat, le pays africain m'a dit "Pour nous, vous êtes africain". C'était le prix de meilleur dessinateur africain de l'année. Tout était dit».
Avec son épouse Aminata Diallo-Glez, réalisatrice et actrice burkinabè, il forme l’un des couples les plus célèbres du Burkina Faso. Aminata Diallo-Glez est connue dans toute l’Afrique de l’ouest depuis qu’elle a joué le rôle principal dans la sitcom burkinabè, Kadi Jolie. Les mondanités intéressent-elles pour autant Glez ? Pas du tout. Il reconnaît bien volontiers que ce qu’il préfère c’est rester dans sa bulle. Le directeur de la rédaction du Journal du Jeudi est accro au dessin et à l’actualité. Glez reste à la rédaction douze heures par jour et six jours sur sept. Seul le dimanche est chômé : ce jour est consacré à ses enfants.
Dans la vie de tous les jours, Glez est très sérieux, pince sans rire. Mine de rien, ce Burkinabè affecte un flegme britannique. L’humour, c’est aux colonnes du Journal du Jeudi qu’il le réserve. Sa vie de tous les jours est rythmée par le travail ininterrompu. A la question de savoir quel est son produit dopant, cet infatigable travailleur répond tout de go : « Le traitement de l'actu est une drogue qui fait qu'on ne se pose guère de questions, qu'on est réactif en permanence et qu'on ne compte pas son temps. Alors je ne sais pas si on "court", mais on est sous tension quasiment en permanence. C'est ce qui est passionnant, surtout quand on peut se permettre de maltraiter l'actualité sous l'angle satirique. »
Cet ami de Plantu, adepte du dessin quotidien, ajoute avec un sourire dans la voix : « Et je ne suis pas schizophrène, car je considère toujours le dessin comme le cœur de tout ce que je fais. Le reste n'est que de la prolongation. »