De Lomé à Pretoria, en passant par Linas-Marcoussis et Accra, tous les arrangements politiques pour remettre le pays sur les rails ont fait flop. L’accord inter-ivoirien, baptisé accord politique de Ouagadougou (Apo), signé le 4 mars 2007 par Laurent Gbagbo et Soro Guillaume, avance comme un malade sur des béquilles... Et pourtant, ce pacte, Laurent Gbagbo l’avait présenté comme la « panacée », pouvant guérir le pays. En effet, le 29 mai 2009, à l’occasion de la célébration de la 41 ème journée des Casques Bleus, au siège de l’Onuci, Laurent Gbagbo, expliquant la nature de la crise ivoirienne et son esprit de sortie de cette crise, indiquait que tout le monde s’était trompé. D’où, la signature de l’alliance de Ouagadougou, avec Soro. « Nous nous sommes tous trompés sur la crise en Côte d’Ivoire. Le Chef de l’Etat, l’Onu, la France, nous nous sommes tous trompés. En voulant faire un maintien de la paix classique ; en voulant faire une sortie de crise aux forceps avec les résolutions de l’Onu ; nous nous sommes trompés. Et nous nous sommes rendus compte que depuis 2002 jusqu’en 2007, rien n’a bougé. On a fait du sur place. Ce n’était pas un cas à régler par une résolution des Nations Unies. Et puis, nous nous sommes mis à réfléchir pour aboutir à l’accord politique de Ouagadougou », a-t-il dit. A sa mise en œuvre, ce compromis apparait, plutôt, aujourd’hui, comme un marché de dupes, non seulement pour les deux signataires qui n’arrivent plus à accorder leurs vues, mais aussi pour les Ivoiriens qui ne savent plus vers quelle destination Gbagbo et Soro les emmènent. Le scepticisme est aujourd’hui dominant dans le regard des Ivoiriens quant à la mise en œuvre sans heurt de ce ‘’deal’’ entre les deux personnes. Ce d’autant que deux ans après la signature de l’APO, la Côte d’Ivoire continue de sombrer dans un profond marasme politico-social. Tout va mal au point qu’aujourd’hui le moral de certains Ivoiriens est en dessous de tout. L’horizon est brumeux. Le pays régresse chaque jour qui passe...Tous les voyants, pour ainsi dire, ne sont plus au rouge. Mais, ils se sont éteints. Tout simplement... La Côte d’Ivoire va bien plus mal qu’on ne l’imagine. Aujourd’hui, qu’on soit militant ou pas d’un parti politique, tout le monde s’en rend compte quotidiennement. C’est vraiment dur... C’est un fait réel, et il perdure depuis le déclenchement de la crise armée en 2002. Et c’est peu de dire que les Ivoiriens sont « fatigués ». Réflexion citoyenne... Pourra-t-on tenir encore longtemps ce calvaire, se demandent de nombreux Ivoiriens ? Dans une interview accordée à Rfi ( Radio France internationale), le dimanche 21 mars 2010, à l’occasion de la célébration du 40 ème anniversaire de l’Oif (Organisation Internationale de la Francophonie), M. Abdou Diouf, ancien président Sénégalais et président de cette organisation, n’a pas caché sa crainte pour la Côte d’Ivoire où il dit n’avoir aucune « lisibilité dans la situation de ce pays ». « Je suis inquiet pour la Côte d’Ivoire, car le lent pourrissement de la situation socio-politique peut avoir des conséquences graves pour le pays ». La Côte d’Ivoire, ainsi que nous l’écrivions dans notre publication du 22 mars 2010 « est un pays malade de ses hommes politiques » qui l’ont quasiment pris en otage à travers leurs ambitions personnelles doublées d’un incivisme pathologique. Il s’agit, principalement, de MM. Laurent Gbagbo (chef de l’Etat), Alassane Dramane Ouattara (président du Rdr), Henri Konan Bédié (ancien président de la république et président du Pdci-rda) et Guillaume Soro (secrétaire général des Forces nouvelles). Les 3 premiers n’écoutent que le battement, à la chamade, de leur cœur, pour le fauteuil présidentiel. C’est un fait indéniable. Le retour à la paix et à la stabilité passe par eux. Face à cette situation pour le moins calamiteuse que connait la Côte d’Ivoire, ces trois personnalités dont la rage pour le pouvoir d’Etat est en train de saper les fondements de la République aujourd’hui devraient comprendre que la vie du pays et celle de la nation passent avant leurs intérêts politiques. Pour sauver ce pays du K-O ou du chaos, Gbagbo, Ado et Bédié devraient faire des réflexions citoyennes en laissant, de côté, l’idée des « agios » et autres dividendes politiques auxquels ils rêvent, aussi bien pour eux-mêmes que leurs proches, une fois président de la République. La clé, pour sauver la Côte d’Ivoire, est donc entre leurs mains, pour peu qu’ils acceptent de faire des sacrifices en faveur de la paix. Ce sacrifice passe par un profond examen de conscience de leur part. La question qu’ils doivent se poser tous les matins est celle-ci. Quelle empreinte vais-je laisser dans les annales de l’histoire de mon pays ? Les cadavres, le sang de mes concitoyens ou des actes de destruction des biens publics ? Ils devraient comprendre que la paix se trouve dans l’application consciente et le respect scrupuleux des accords et des engagements qu’ils ont volontairement signés que le pays connaitra la paix. Ces acteurs de la crise ivoirienne ont parcouru des milliers de kilomètres pour aller chercher des « facilitateurs » afin de régler cette crise. Ces gens, comme Blaise Compaoré, Thabo Mbeki et autres, il faut le reconnaitre, sont pleins de bonnes intentions et de bonne volonté. Mais que peuvent-ils devant un océan de mauvaise foi et de manque de patriotisme vrai ? Laurent Gbagbo, lui-même, a concience que la résolution de la crise ivoirienne passe par les Ivoiriens eux-mêmes. Et cet extrait de son discours le 29 Mai 2009 au siège de l’Onuci est éloquent quant à la nécessité, pour les acteurs ivoiriens de compter sur eux-mêmes pour sauver le pays. « Je dis toujours à tous mes collaborateurs et à tous les Ivoiriens, faisons nos plans de sortie de crise d’abord avec ce que nous avons. Le monde ne nous laissera pas tout seul. Il va forcément nous aider. Mais la paix en Côte d’Ivoire, c’est d’abord notre affaire. La paix en Côte d’Ivoire, c’est d’abord nous les bénéficiaires. Faisons donc nos plans avec ce que nous avons (...). C’est nous les Ivoiriens qui avons créé la situation de crise. Il ne faut pas se fermer les yeux. Ce sont les Ivoiriens qui ont crée les problèmes que nous avons. Nous avons donc le devoir de sortir de la crise. La Côte d’Ivoire a une réputation traditionnelle de qualité qu’il faut sauver... Absolument.
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