J’ai lu, écouté et visionné avec beaucoup d’intérêt le débat suscité par le discours de PROS à Bignona. J’ai pu apprécier la mauvaise foi insupportable, la sournoiserie déstabilisante de certains commentateurs dont fait cas le Professeur Mary Tew Niane dans son post de ce jeudi 07 juillet 2022.
Ce débat honteux qu’on cherche à nous imposer n’est que le fruit de la hargne propagandiste de certains organes de presse qui ont clairement renoncé, depuis belle lurette, à leur mission d’informer juste et vrai, à coup de titrailles assassines contre la sacralité des faits, avec comme obsession de nuire à l’opposition. En effet, la relecture de la vidéo du discours republiée par le journaliste Pape Alé Niang suffit à éclairer notre lanterne sur le traitement tendancieux de l’information : le PROS s’est bien, lui-même, efforcé de cadrer la portée de ses propos.
Cette presse qui nous prête un esprit de cancre et nous vend depuis plusieurs mois des manifestants rebelles venus du Sud pour terroriser Dakar, des opérations de forces spéciales dignes de James Bond, des sabotages du TER, du BRT, etc. Tous ces écrits relèvent de récits sinistres stigmatisant une partie de la population sénégalaise et constituent des apories indigestes.
Le respect que je voue au Professeur Niane me pousse à produire cette petite note car pour la première fois je ne partage pas son analyse. Je ne crois pas que le message du PROS doive être compris comme des arguments (électoralistes, c’est mon propre commentaire ici) mais plutôt comme des ressentis d’une frange importante de la population. C’est dire que le mal est plus profond.
Il nous faut développer une écoute proactive afin de mieux décrypter et saisir la situation.
D’abord, l’analyse du contexte faite de la présentation de condoléances à des familles endeuillées à Bignona, une localité incontestablement acquise à l’opposition, montre que toute propagande y était superflue. De plus, la tonalité du discours, l’analyse de l’expression gestuelle et faciale du locuteur, mieux un regard avisé sur l’assistance me fonde à croire que le verbe vient directement du cœur.
Bien entendre, respecter et solutionner dans une posture empathique le cri de cœur voire la colère légitime d’une population de plus en plus stigmatisée, est la seule attitude qui sied.
Les dernières déclarations, non démenties, des manifestants arrêtés sur les pratiques de stigmatisation ou de tortures à visée géographique suffisent pour étayer mon propos.
Nous devons éviter de tomber dans la facilité des intellectuels de saison comme il en fait flores actuellement (je le dis sans ambages, ce qui n’est pas le cas de Pr Mary Tew) ou des manipulateurs qui ne s’indignent que quand le quiproquo concerne un opposant à diaboliser. L’indignation sélective qui adresse un problème sans avoir le courage de pointer la source du mal doit cesser.
Je suis aussi heureux de constater que l’instrumentalisation du sectarisme ne va jamais prospérer dans ce pays comme en atteste les nombreuses contributions et commentaires de tous les bords ethniques dans tous sens (pour, contre ou autres) qui ont suivi le discours de PROS. La majorité des sénégalais ne se positionne pas sur un discours public par référence à leur ethnie.
En réalité, aucune ambition (même d’ultime mandat présidentiel) ne mérite de menacer ou de détruire la cohésion nationale. Dans ce pays, il n’y a pas longtemps, l’orthodoxie réservait exclusivement les questions de la rébellion casamançaise à l’armée. Tout travail journalistique était parcimonieusement soigné par la presse et toute instrumentalisation béante, comme c’est le cas présentement, pouvaient conduire à des sanctions, voire mêmes judiciaires.
C’est dire que le retour à la raison et à la retenue est une sagesse dont devrait se prémunir toutes nos institutions politiques, judicaires, sociales et économiques mais au-delà les acteurs qui les incarnent. Le traitement vertueux de ces questions de sécurité nationale doit être l’épine dorsale de notre gouvernance institutionnelle et médiatique pour faire franchir le Sénégal de l’horizon 2024 sans heurts.
Par Dr. Moussa Dia
Université Iba Der Thiam de Thiès