La dernière attaque s'est produite à Bakouma, ce jeudi 21 janvier. En fin d'après-midi, une quinzaine d'hommes armés ont pris d'assaut l'église catholique, qui se trouve à l'entrée de la ville. Pendant deux heures, ils ont séquestré deux religieuses du Salvador, un séminariste et deux gardiens. L'une des religieuses a été blessée à la machette à l'épaule.
Les rebelles de la LRA ont tout pillé, ils ont emporté non seulement des radios et des transistors, mais également de la nourriture et des vêtements. Ils sont repartis rapidement sans détruire d'habitation ou emmener d'habitants, ce qui avait été le cas la semaine dernière dans deux villages proches de la frontière congolaise. Des hommes armés avaient emporté des otages, 17 personnes en tout et la plupart d'entre elles sont toujours aux mains de la LRA aujourd'hui, incendiant aussi des dizaines de maisons.
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Les habitants redoutent d'autres attaques. Des chasseurs et des pêcheurs de Bakouma indiquent qu'une centaine de rebelles est en train de se rassembler et d'avancer vers la ville. Une ville déserte depuis deux jours : presque toute la population est toujours cachée en brousse.
Attaques désespérées ?
La présence des rebelles de la LRA dans le pays n'est pas nouvelle, mais jusqu'à présent les combattants de Joseph Kony menaient des actions plus discrètes.
« Nous savons que Joseph Kony a ordonné à ses hommes de ne pas commettre d'attaque de grande ampleur, de se contenter d'actions minimums : récupérer des provisions, piller, mais de ne tuer personne. Et ce pour essayer de rester hors du radar de la communauté internationale et des forces de sécurité, explique Lisa Dougan, présidente de l'ONG Invisible children. Nous avons la preuve qu'il a donné ces instructions depuis plusieurs années. »
Pour elle, cette situation pourrait illustrer le fait que la LRA soit actuellement dans une « situation désespérée et qu'ils soient obligés de se rendre plus vulnérables en commettant ces attaques. Parce qu'à plusieurs niveaux, il n'est pas dans leur intérêt de mener des attaques plus importantes, qui attirent l'attention sur eux. »
Echanges avec l'ex-Séléka ?
La présidente de l'ONG Invisible children précise que la LRA est installée « depuis un moment » dans cette région. « Grâce au récit de ceux qui ont pu échapper au groupe, nous savons que certains groupes de la LRA se sont installés dans la région et ont établi des liens avec les anciens rebelles de la Seleka, de manière opportuniste. Ils ont échangé de l'or et des diamants contre des provisions. Il ne s'agissait pas de relations institutionnalisées avec la LRA mais nous avons la preuve de liens ponctuels. Ils échangeaient des diamants ou de l'or volés dans les communautés minières contre des provisions de l'ex-Seleka. »
Source: Rfi.fr