Nous sommes dans le quartier Catin, à Bangui. Une trentaine d'ouvriers s'affairent autour d'un petit trou dans le sol qui deviendra dans quelques jours une pompe à eau. Difficile voire impossible pour un engin de chantier lourd d'arriver jusqu'ici. « L'opération que nous sommes en train d'effectuer, dit cet ouvier centrafricain, c'est l'opération de nettoyage car il y a la boue au fond du forage. Donc il faut récupérer cette boue pour que l'eau redevienne claire. »
Les techniques de forage manuel enseignées par les ingénieurs laotiens sont basées sur la récupération et la débrouille. Tous les outils et matériaux utilisés ont été dénichés sur les marchés. Du coup, un forage de ce type coûte 1 000 dollars, vingt fois moins cher qu'un forage réalisé avec des engins mécaniques.
« Trouvé dans une casse automobile »
Noy est un des ingénieurs laotiens : « Nous utilisons ce que nous pouvons trouver ici. Par exemple, cette pièce c'est un morceau de la future pompe à eau. C'est fait à partir de bambou, qui pousse ici et d'un joint de caoutchouc découpé dans des pneus de voiture qu'on a trouvé dans une casse automobile. L'idée, c'est vraiment de pouvoir s'en sortir avec ce qui est facilement accessible et peu coûteux. »
Le projet, mis sur pied par l'Unicef, a vocation d'améliorer l'accès à l'eau potable mais permet aussi de réinsérer des personnes vulnérables, comme des ex-combattants. Abed a 29 ans, c'est un ancien combattant anti-balaka : « Oui, j'ai été longtemps combattant dans les anti-balaka. Mais, maintenant que la guerre est finie et avec tout ce que j'ai appris comme technique de forage j'ai décidé d'abandonner les armes, de tout abandonner, car je peux être utile à la population. »
Une fois achevé, le forage sera surmonté d'une pompe à eau ; il permettra à près de 200 habitants du quartier d'avoir accès à l'eau potable.