Les déplacés sont moins nombreux qu’il y a six mois. Au mois de janvier, ils représentaient en effet environ un quart de la population, soit un million de personnes. Aujourd’hui, les déplacés sont moitié moins mais sont, tout de même, environ 500 000 à vivre parfois dans la brousse sans aucune aide humanitaire, sans abri et souvent sans nourriture. Beaucoup d’autres vivent dans des camps, dans la précarité et l’insécurité.
« La situation, en ce moment, ici, pour les déplacés est très critique car nous n’avons pas de bons abris. Nous avons des problèmes concernant la nourriture, les soins et puis la vie coûte cher. Il y a aussi les problèmes de sécurité. Des gens viennent, il y a des coups de feu partout ; les gens fuient et à l’heure actuelle, il y a encore des gens dans la brousse », raconte un déplacé d’un camp de Bambari,
« Pour partir d’ici et aller en ville, il y a les Seleka qui sont cachés de l’autre côté. Si tu sors, ils te prennent et ils te tuent. Ils ne peuvent pas te laisser. On ne peut pas bouger. On reste toujours ici. Il n’y a pas de paix, pas de cessez-le-feu… ils continuent toujours avec le feu », indique un autre.
Les réfugiés partis à l’étranger
En Centrafrique, il y a les déplacés mais il y a aussi les milliers de réfugiés centrafricains partis à l’étranger, et notamment au Cameroun et au Tchad. Les humanitaires estiment que 400 000 Centrafricains sont toujours refugiés à l’étranger. La plupart sont des musulmans qui ont fui les violences de décembre et de janvier. Cependant, depuis quelques semaines, la sécurité s’améliore à Bangui. Les accords de paix - signés fin juillet entre anti-balaka et Seleka - commencent à rassurer. Du coup, certains musulmans commencent doucement à rentrer chez eux. A Bangui, le quartier PK5 s’était vidé de ses habitants. Aujourd’hui certains musulmans commencent à revenir. RFI a rencontré l’un d’eux.
« Je m’appelle Adam Oussilla, ancien député du 3ème arrondissement, ancien garagiste qui est sorti, comme réfugié, au Cameroun. Je suis revenu pour contribuer à l’édification de la paix dans mon pays. Ma maison a été détruite ; on nous a évacués et nous sommes partis parce que nous avons été attaqués. Ici, au PK5, la vie reprend. Depuis que je suis arrivé, je me sens en sécurité chez moi. Revenez à Bangui, revenez en RCA. C’est votre pays. Et que la paix revienne car après la guerre… après la pluie vient le beau temps », espère-t-il.
Encourager le retour des réfugiés
Pour les agences humanitaires, c’est ce genre de retour comme celui de Adam Oussilla qu’il faut encourager et inciter. Même si ce n’est encore qu’un début et malgré les violences sporadiques, les déplacés et les réfugiés commencent à revenir. Cependant, beaucoup hésitent encore en raison de l’insécurité qui persiste.
« Cette sécurité reste extrêmement précaire. Il y a d’énormes efforts qui sont faits mais comme nous le savons, la sécurité, ce ne sont pas uniquement des éléments armés pour sécuriser la population et les forces internationales qui sont aussi présentes. Cela dépend également d’une certaine cohésion entre les communautés, d’un respect des autres groupes armés par rapport aux populations civiles, de toute l’administration qui doit se remettre en place, de la gendarmerie et de la police qui doivent lutter contre l’impunité. Par conséquent, la sécurité est vraiment un rassemblement des différents projets extrêmement importants qui pourront ramener cette sécurité », déclare Claire Bourgeois, coordinatrice humanitaire principal de l’ONU en RCA.
Cette sécurité-là, c’est l’un des principaux enjeux pour le nouveau Premier ministre, Mahamat Kamoun, qui va devoir faire appliquer les accord de paix de Brazzaville. Ces accord sont violés presque tous les jours hors de la capitale et sont toujours rejetés par l’Etat major Seleka. La semaine dernière, dans la ville de Batangafo, au nord de Bangui, les affrontements entre Seleka et force française Sangaris ont fait une soixantaine de morts du côté de l’ex-rébellion.
Source : Rfi.fr