Après avoir marché entre les tentes de fortune du camp de déplacés de Mpoko, il se glisse sous l’une d’elles, et s’installe sur une chaise artisanale. Sébastien Wénezoui explique qu’il a été désigné nouveau « coordonnateur général» des anti-balaka lors d’une réunion qui a eu lieu jeudi dernier à Bimbo en banlieue de Bangui. Il affirme remplacer le précédent coordonnateur, Patrice Edouard Ngaissona.
« Monsieur Ngaissona n’est plus le coordonnateur général des anti-balaka, affirme Sébastien Wénezoui. On l’a pris au début comme un responsable politique mais il y a un problème : nous ne voulons pas que notre mouvement prenne une tournure politique. Notre mouvement avait un but, qui était de faire partir Djotodia du pouvoir, et cet objectif a été atteint. Nous voulons garder notre crédibilité, nous ne sommes pas des politiciens. La première chose que nous envisageons de faire, c’est de chercher à réconcilier le milieu musulman et le milieu chrétien. »
Le chef anti-balaka annonce qu’il souhaite travailler à une déclaration conjointe entre Seleka, anti-balaka et représentants de la communauté musulmane pour appeler à une cessation des hostilités. « Chaque chef, précise-t-il, doit contrôler ses éléments sur le terrain. Je les appelle à se comporter de manière responsable. Un élément des anti-balaka qui agresse un musulman, nous serons obligés de le remettre à la gendarmerie. »
L’étoile de Patrice Edouard Ngaissona est-elle en train de décliner ? Installé sur la terrasse de sa maison, dans son fief de Boy-Rabe, l’intéressé affiche une attitude de mépris vis-à-vis des conclusions de cette réunion qui, dit-il, a été « une mascarade ». « Sébastien (Wénezoui, ndlr) n’est rien dans les anti-balaka, clame-t-il. Le mouvement a décidé de faire exclure Sébastien. On essaie de le ramener à la raison mais il s’entête. Je suis toujours le « Mascarade », selon Ngaissona
Le chef anti-balaka tend le communiqué qui prononce l’exclusion de son rival. Le texte, daté de ce dimanche, est signé par 36 membres de la coordination du mouvement. Il insiste sur les risques de conflit interne que cette situation fait peser.
De ces deux chefs, lequel est le plus représentatif ? Difficile à dire pour l’instant. Cette rivalité rend en tout cas un peu plus complexe encore la recherche d’interlocuteurs pour un processus de paix.
Source : Rfi.fr