Cette volonté de fermeté transparaissait déjà dans l'adresse à la Nation que Catherine Samba-Panza a prononcé ce matin. Un discours au cours duquel la présidente de la transition a cherché à justifier, en dépit des contestations, le choix de son Premier ministre, Mahamat Kamoun. Un homme dont elle a fait l'éloge en cinq points : un « symbole de symbiose communautaire », un « modèle d'humilité », un homme susceptible de permettre à la Centrafrique d'entretenir des relations normales avec certains de ses voisins, etc.
Dès ce vendredi matin, Catherine Samba-Panza dénonçait les « agitations » qui ont suivi le choix de son Premier ministre et mettait en garde les Centrafricains contre « toutes les manipulations qui s'organisent chaque jour pour déstabiliser les autorités de la transition ».
Vers un dialogue politique national
Le gouvernement annoncé cet après-midi a confirmé cette volonté de passer outre aux critiques qui lui ont été adressées suite au choix de son Premier ministre. Celui-ci a formé un gouvernement plus large que celui de son prédécesseur, qui comptait une vingtaine de ministres, alors qu'il y a 31 ministres dans le nouveau gouvernement. Ce gouvernement est composé d'hommes et de femmes qui avaient montré leur disponibilité.
Ni la présidente ni le Premier ministre n'ont cherché à faire entrer dans l'équipe gouvernementale ceux qui avaient affiché leur défiance à leurs égards, notamment la Seleka qui n'a pas de représentant mandaté dans le gouvernement Kamoun, ni d'ailleurs les partis qui étaient allés à Brazzaville. « Tout cela n'est pas de nature à apaiser les choses », explique un acteur politique centrafricain, selon qui il aurait fallu reprendre langue avec les différents groupes pour harmoniser les positions avant de publier cette liste. Aucun représentant dûment mandaté de l'ex-coalition Seleka ne fait, par exemple, partie du nouveau gouvernement.
« Nous ne reconnaissons pas ce gouvernement-là. Décidément, madame Catherine Samba-Panza a oublié pourquoi elle est là : pour un projet bien précis, rassembler tous les Centrafricains autour de la transition. Malheureusement, elle s’entête à ne pas écouter les gens. Elle a décidé de gouverner une partie de la rue centrafricaine avec une partie des Centrafricains au détriment des autres », a réagi le porte-parole de l'ex-rébellion, Habyla Awala.
De son côté, Bea Bertin, le secrétaire général du Kwa Na Kwa, une coalition formée autour du parti de l'ancien président Bozizé, estime que « depuis l'arrivée de la Seleka, il y a comme un processus d'ostracisation, de marginalisation de notre formation politique. Le Kwa Na Nkwa a une implantation nationale, et nous avons payé un lourd tribut. Alors que l'on nous dit que la transition a un caractère inclusif et consensuel, la démonstration vient d'être faite que nous avons personne ni au gouvernement, ni au cabinet du président de la République, ni au cabinet de la primature, nulle part. Dans tous les cas, c'est de l'arbitraie que nous subissons aujourd'hui. »
Dans le discours de ce matin, Catherine Samba-Panza en tout cas a laissé entendre que selon elle, le dialogue pourrait reprendre dans d'autres cadres : « Tous ceux, a-t-elle dit, qui ont des revendications à faire valoir ou qui pensent à un recadrage de la transition en cours pourront le faire dans le cadre du dialogue politique national qui se tiendra dans les mois à venir ».
Source : Rfi.fr
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