Bangui avait aujourd'hui des allures de ville morte. Après une nuit marquée par des tirs incessants dans certains quartiers comme l'enclave musulmane du PK5, ce matin des groupes de miliciens anti-balaka ont investi les carrefours et dressé des barricades.
La police de la Minusca, la mission des Nations unies, a démantelé certains de ces barrages, mais jusqu'en fin de journée les anti-balaka restaient présents sur les grands axes de Bangui, où ne circulait quasiment personne.
Les Banguissois sont en effet restés chez eux de crainte de nouveaux débordements. Aux violences de mercredi entre anti-balaka et musulmans du PK5 se sont ajoutées les revendications des anti-balaka qui avaient donné, dimanche, 48 heures à la présidente de transition, Catherine Samba Panza, pour démissionner.
Ce jeudi après-midi, le conseiller politique de la coordination des anti-balaka, Alfred Le Grand Ngaya, affirme que les anti-balaka continueront à occuper les rues pacifiquement jusqu'à la démission de la présidente de transition.
Les anti-balaka reprochent au pouvoir la gestion opaque des fonds angolais. Dans le même temps, certains cadres de l'état major de la Séléka commencent, eux aussi, à réclamer à voix haute le départ de la présidente de transition.
Joint par RFI, le Premier ministre centrafricain, Mahamat Kamoun, s'indigne de cette demande de démission qui, selon, lui émane de ceux qui ont mis à genoux le pays.
« Il est inadmissible que les forces négatives anti-balaka et autres - qui ont mis à genoux ce pays qui est brisé – puissent continuer de prendre en otage tout un peuple et saper les efforts entrepris par les autorités de transition et la communauté internationale pour ramener la paix et la sécurité », a-t-il déclaré.
Mahamat Kamoun demande à la Minusca et aux forces internationale de neutraliser tous ceux qui veulent mettre en péril la transition :
« Nous avons demandé au ministre de la Justice de prendre toutes les dispositions nécessaires pour traquer et poursuivre tous les auteurs de troubles dans notre pays », a déclaré, à RFI, le Premier ministre Mahamat Kamoun.
Au-delà de la crise sécuritaire qui frappe Bangui depuis deux jours, c'est donc bien une crise politique de grande ampleur qui est en train de s'installer.