Plusieurs dizaines de personnes réunies pour débattre de « l’engagement citoyen » en Afrique ont été interpellées, dimanche 15 mars, à Kinshasa par les services de sécurité congolais. Parmi elles se trouvaient Fadel Barro, le meneur du groupe sénégalais Y’en a marre, le Burkinabé Sidro Ouedraogo du mouvement Balai citoyen ainsi que des membres du mouvements Lucha de la ville de Goma (est de la RDC).
Des correspondants de la presse étrangère ainsi qu’un diplomate américain ont également été arrêtés pendant plusieurs heures avant d’être libérés. L’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa ne s’est pas encore exprimée sur cette interpellation. Sous couvert d’anonymat, un journaliste américain basé dans la capitale congolaise a indiqué que le diplomate arrêté appartenait à l’agence américaine de développement USAID.
« Révolter les jeunes contre le pouvoir »
La réunion organisée dans le centre culturel Eloko ya Makasi avait été organisée par l’ONG Filimbi (coup de sifflet en swahili). Un concert devait avoir lieu à l’issue de la rencontre. « À la fin de la rencontre, des éléments des forces de police, de l’armée et des services de renseignement ont surgi et ont procédé aux arrestations. Ils ont emmené les personnes interpellées dans trois véhicules », explique un témoin. Les personnes arrêtées ont été conduites à l’ANR (Agence nationale de renseignement). Le ministre congolais des médias et porte-parole du gouvernement a confirmé ces arrestations.
Joint au téléphone dimanche soir par « Le Monde Afrique », Lambert Mende Omalanga a déclaré qu’il était reproché aux personnes arrêtées « l’entretien d’un mouvement d’insurrection visant à révolter les jeunes contre le pouvoir ». Le porte-parole du gouvernement a également dénoncé auprès de l’Agence France Presse l’activisme de citoyens étrangers sur le sol congolais : « Un Burkinabé qui fait la révolution au Burkina, c’est un révolutionnaire. Un Burkinabé qui vient faire la révolution au Congo, c’est une agression. »
Les membres de groupes sénégalais Y’en a marre et burkinabé Balai citoyen étaient arrivés à Kinshasa vendredi 13 mars. Y’en a marre est le principal mouvement citoyen sénégalais. Il a contribué à mettre fin aux ambitions du président Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat. De son côté, Balai citoyen, a beaucoup influencé les événements ayant obligé Blaise Compaoré à quitter le pouvoir au Burkina Faso.
Dimanche soir à Dakar, Cheik Fall, activiste Web sénégalais a lancé sur Internet une campagne baptisée « Libérez Filimbi ».
Ces arrestations interviennent après celles du mois de janvier qui avaient suivi un soulèvement populaire contre une modification de la loi électorale dont dépend la tenue de l’élection présidentielle prévue en 2016. Ces manifestations avaient causé la mort de plus de 40 personnes, selon les organisations des droits de l’homme.
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