Pillage du stock de vivres, destruction de matériel dans le bâtiment administratif... A en croire les quelques témoignages qui parviennent de ce camp particulièrement isolé, le coup de colère des ex-combattants a duré plusieurs heures samedi. Dans la soirée, l'armée avait repris le contrôle et imposé le retour au calme. En cause, les mauvaises conditions de vie, mais surtout l'impatience de ces ex-combattants originaires du Sud et du Nord-Kivu qui après un an et demi sur place attendent toujours de savoir s'ils vont être intégrés dans l'armée ou retourner à la vie civile. Ils demandent à être transférés ailleurs.
Dans un rapport publié il y a plus de six mois, l'organisation HRW avait déjà dénoncé les mauvaises conditions de cantonnement de ces ex-combattants. Selon l'ONG, plus d'une centaine d'entre eux étaient morts faute de nourriture et de soins appropriés.
Mais pour le porte-parole du gouvernement Lambert Mendé, cette manifestation n'avait pas lieu d'être. « La décision de déplacer ces ex-combattants dans les deux autres camps du pays mieux approvisionnés a été prise il y a plus d'un mois », explique-t-il. Pour le porte-parole, ce transfert va se faire dans les jours qui viennent, « deux semaines maximum », affirme Lambert Mendé.
Reste que l'impatience lorgne également dans les autres camps de désarmement, car les retards pris sont énormes. Depuis près de deux ans, 4 800 ex-combattants sont regroupés sans aucune activité particulière. Il y a quelques semaines à peine, à la mi-mai, le processus d'identification (émettre pour chacun une carte d'identité) de ces ex-rebelles et des cours d'éducation civique ont enfin commencé.
Les financements eux aussi ont pris du retard. A ce jour, la mission de l'ONU au Congo a donné 8 millions de dollars pour un programme de quatre ans évalué à 80 millions de dollars. Kinshasa a promis de débloquer 10 millions de dollars. Seul 1,5 million a été décaissé pour le moment.