A la barre, l’Officier de la police judiciaire en charge de l’enquête parle de « calicots subversifs » découverts sur les lieux de l’arrestation et d’un informateur anonyme qui aurait dénoncé les six jeunes qualifiés de « malfaiteurs » parce qu’ils auraient fait « du bruit ».
Les avocats de la défense l’interpellent. Une saisie dans une maison sans électricité à 4h du matin, des jeunes ligotés jusqu’à laisser des marques... « Ils n’étaient pas encore arrêtés », rétorque l’officier. Huées dans la salle pleine à craquer et sans nul doute favorable aux prévenus. A l’extérieur du tribunal, de jeunes activistes sont alignés avec des pancartes « Free Lucha », et à l’intérieur, ils sont des dizaines : diplomates, membres de la Lucha, étudiants ou simples citoyens.
Preuves falsifiées
On n’en est qu’à la troisième journée d’audience et le tribunal semble impatient d’en finir. Les parties, elles, cherchent à introduire de nouveaux éléments de preuves. Pour le ministère public, des documents, lettre du maire de la ville adressée au gouverneur ou l’un de ses communiqués interdisant les activités de la Lucha. Les avocats, eux, insistent pour auditionner de nouveaux témoins censés prouver que certains éléments de preuve ont été falsifiés par l’accusation, des messages ou même un pneu qui n’auraient pas été saisis sur les lieux de l’arrestation. Le tribunal rejette tout en bloc et affirme disposer de suffisamment d’éléments pour passer au réquisitoire et aux plaidoiries.
Mais les avocats insistent. Et comme pour trancher, le président du tribunal finit par demander aux jeunes militants de trier parmi les nombreuses pancartes et affiches présentées, celles qu’ils reconnaissent avoir écrites. Il y en a près d’une quarantaine, écrite sur du papier de nappe ou des morceaux de carton : « Nous avons gagné la coupe, nous allons gagner la lutte pour la démocratie, l'alternance, les délais constitutionnels ».
« C'est quoi la Lucha ? »
Des messages lus les uns après les autres, tous très similaires signés « la Lucha », « le Front citoyen » ou simplement « les étudiants », avec parfois un hashtag qui semble laisser les juges perplexes : #Yebela. Ça veut dire quoi Yebela ? Est-ce que vous avez reçu mandat de la coordination des étudiants pour signer « les étudiants » ? « C’est quoi la Lucha ? » « Vous luttez contre qui ? » Interrogent les juges.
L’un des avocats intervient et rappelle que ces six jeunes ne sont pas jugés pour être des membres d’un mouvement citoyen. « On voulait simplement répondre à l’appel de l’autorité provinciale qui avait demandé aux patriotes de venir accueillir la coupe du Chan à Goma », répond aux juges l’un des jeunes activistes.
Pour l’un des avocats de la défense, cette audience est déjà une victoire.
Source: Rfi.fr