Selon certains historiens, il y’a des milliers d’années, les chasseurs préhistoriques eurent l’idée géniale de sélectionner les meilleures parmi les graines de céréales sauvages et de les semer. En même temps, ils se mirent à élever du bétail au lieu de le chasser. L’Agriculture serait ainsi née en Égypte, aux abords du Nil ou, dans ce qui est communément appelé « le croissant fertile », le triangle entre l’Égypte, la Mésopotamie et l’Iran.
La révolution agricole permit à l’humanité de s’accroitre et de s’installer dans la voie du progrès.
Mais, elle n’a pas suivi la même trajectoire dans tous les pays du monde.
En ce qui concerne l’Afrique en général et, le Sénégal en particulier, plus de 50 ans après notre accession à l’indépendance, la plupart pays n’ont pas encore trouvé la voie du développement agricole.
A titre d’illustration, le Sénégal demeure un importateur net de céréales et de produits d’élevage.
Les importations de riz sont passées de 650 789 tonnes en 2010 à 918 897 tonnes en 2012, soit en valeur monétaire, de 130, 8 milliards à 207,6 milliards de francs CFA.
Quant à l'élevage, il occupe 350 000 familles, soit environ 3 millions d'individus.
Tout de même, les importations de lait sont estimées à 60 milliards de francs CFA en 2013.
Pour expliquer ce paradoxe, nombre de personnalités politiques et de membre d’organisations paysannes affirment souvent, lors de débats organisés par la presse ,que le Sénégal n’a jamais eu de politique agricole.
Ce qui vaudrait dire que pendant plus d’un demi-siècle, l’élite dirigeante a conduit le destin d’environ 70% de la population active du pays sans orientation ou objectif précis.
De telles allégations doivent être classées dans la catégorie des critiques faciles et fallacieuses.
Des politiques agricoles ont été effectivement mises en œuvre au Sénégal ; mais elles n’ont pas produit les résultats escomptés.
A travers cette modeste contribution, nous n’avons d’autre ambition que de donner notre vision pour une Autre Politique Agricole, qui pourrait sous-tendre durablement la construction d’un Sénégal Nouveau et, de prospérité partagée entre des citoyens d’égale dignité.
Au mois de juillet 2003, nous avons représenté le Sénégal à la réunion du Conseil des Ministres de l’Agriculture d’Afrique à Maputo, au Mozambique.
Comme à l’accoutumée, le conseil devait précéder la Conférence des chefs d’États qui, cette année, adopta le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA).
Au cours du conseil, Monsieur Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire, nous rapporta cette anecdote que nous racontons de mémoire : au cours d’un conseil des ministres, le ministre Ivoirien de la défense demanda au Président Houphouët Boigny, de bien vouloir donner des instructions au ministre des finances, pour une rallonge du budget de son département, afin d’acheter des armes, pour la sécurité du pays.
Le président Houphouët Boigny demanda au ministre des finances s’il avait cet argent.
La réponse du ministre des finances fut affirmative ; et alors !
Le président Houphouët Boigny lui dit : « Monsieur le ministre des finances, cet argent, donnez plutôt au ministre de l’agriculture, car la première sécurité, c’est de donner à manger aux populations. »
Cette anecdote nous inspira l’idée d’un ratio au secteur de l’agriculture dans les budgets des pays Africains. Nous nous sommes souvenu du secteur de la santé, qui déjà, à cette époque, faisait l’objet d’une norme budgétaire fixée aux États par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Aussi, lors de notre intervention, avons-nous proposé que 10% à 15% des budgets des pays africains soient affectés à l’agriculture.
Le président du conseil des ministres trouva l’idée pertinente et, proposa au conseil de retenir un ratio de 10% qui, par la suite, sera adopté par la Conférence des Chefs d’État.
Monsieur Jacques Diouf, ancien Directeur Général de la FAO, était présent à cette réunion. Nous pouvons donc affirmer, sans fausse modestie, que nous sommes l’inspirateur de cette décision.
Mais, dans notre entendement, il s’agissait de 10%, en termes d’investissement.
Étant entendu que, depuis l’accession à la souveraineté internationale des pays africains, dans la majorité des États, l’agriculture n’a pas encore bénéficié d’investissements substantiels pour son développement.
Fort de cela, à notre avis, c’est un impératif, qu’un Plan pour la Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage du Sénégal (PRAES), « YEESAL MBAY AK CIAAMMU SENEGAL» soit élaboré et mis en œuvre pour sortir notre agriculture de la situation où elle se trouve depuis des décennies.
Le plan qui réaliserait des investissements massifs pour l’agriculture, l’élevage et l’hydraulique rurale, devrait être quinquennal.
L’objectif principal du plan, par référence à la révolution verte indienne, sera de contracter le temps de production et, constituer des réserves alimentaires suffisantes, pour nourrir toute la population sénégalaise, même en période de calamite naturelle.
Le professeur Swaminathan, père de la révolution verte de l’Inde, nous révélait, lors de la première édition du « DAKAR agricole », au mois de février 2005, que son pays produit maintenant en quatre ans, ce qu’il produisait en mille ans.
Au Sénégal, 270 milliards de francs CFA devraient être investis chaque année, exclusivement pour la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles et de l’élevage et la maitrise de l’eau.
Cela équivaudrait à plus de 1360 milliards de francs CFA d’investissement tous les cinq ans, dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de l’hydraulique rurale, sur fonds propres.
Après une décennie, c’est dire deux plans quinquennaux, les investissements pourraient être dégressifs au profit d’autres secteurs.
Ce montant pourrait augmenter, étant entendu que nous avons fait une estimation sur la base de 10% du budget actuel du Sénégal, pour l’agriculture au sens large, en y incluant l’élevage et l’hydraulique rurale.
En tenant compte de l’appui des partenaires au développement et, des transferts provenant des ministères de l’élevage et de l’hydraulique, le budget d’investissement pourrait dépasser 2000 milliards de francs CFA.
En comparaison, l’ensemble des engagements des différentes parties au Plan d’investissement (PI), couvrant la période 2011-2015 ,dans le cadre du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), a été évalué à 1346 milliards de francs CFA (fonctionnement et investissement inclus .)
L’État du Sénégal s’est engagé seulement pour 32 %, et les autres parties prenantes pour 18 %.
L’écart de financement (de 50 %) est à chercher auprès d’autres partenaires.
Cette ère doit être révolue. Nous ne devons plus dépendre essentiellement de contributions extérieures pour une question de souveraineté nationale, telle que la sécurité alimentaire.
Les investissements seront réalisés sur la base de régions agro écologiques, déterminées par les experts.
Il sera aussi procédé à une révision de tous les projets agricoles financés par nos partenaires au développement, dont la plupart n’ont pas donné les résultats attendus pour les pouvoirs publics et les populations concernées.
Il faudrait se souvenir que, les pays dits émergents ont utilisé principalement trois leviers pour s’installer dans la voie du développement :
-des investissements massifs dans les secteurs de l’agriculture et des infrastructures, avec l’objectif prioritaire de nourrir suffisamment les populations d’abord.
-le développement des exportations, selon les avantages comparatifs du pays, pour avoir les revenus nécessaires, pour financer les investissements. (Au Sénégal, on pourrait miser sur les potentialités de l’horticulture.)
- le développement de la consommation intérieure, par l’augmentation des revenus des populations.
Le Plan de Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage pourrait s’articuler autour des axes suivants :
1/ La maitrise de l’eau, premier impératif.
Contrairement à une idée répandue, le Sénégal regorge suffisamment d’eau de surface et dans son sous-sol.
Beaucoup de sénégalais seront certainement surpris d’apprendre que le plus réservoir d’eaux souterraines de notre pays se trouve dans le département de Linguère, pourtant réputé zone aride.
Les investissements dans ce domaine auront pour objectif, de mettre en œuvre un vaste programme d’irrigation sur l’ensemble du territoire national, de forages, de stockage des eaux de pluie et d’approvisionnement en eau potable des populations.
Le budget de l’armée pourrait être augmenté, pour lui permettre de participer à la mise en œuvre du programme de forages, dans le cadre de son concept « Armée- Nation. »
Notre armée dispose d’un matériel de forage perfectionné qui est sous utilisé.
Après la mise en œuvre du programme du premier quinquennat, il ne devrait plus exister au Sénégal de zones où les populations n’ont pas accès à l’eau potable.
Si ce pari n’est pas gagné jusqu'à présent, c’est parce que, pour l’essentiel, le Sénégal a recours aux partenaires au développement pour les investissements relatifs à l’approvisionnement en eau potable des populations.
La tendance devrait être inversée par des investissements tirés du budget national
2/La reconstitution du capital semencier.
C’est un domaine sur lequel on a beaucoup épilogué et, on a toujours l’impression de faire du surplace .En dépit des tentatives des différents gouvernements, on assiste de plus en plus à une dégénérescence de la qualité des semences d’arachide, pilier de l’agriculture sénégalaise.
Notre petite expérience dans le secteur de l’agriculture a fini de nous convaincre nous pensons que cette mission ne peut être directement accomplie par le ministère de l’agriculture.
Elle devrait être confiée à un service autonome, avec un cahier des charges et des moyens conséquents.
L’ANCAR (Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural) renforcée, pourrait certainement être une solution. Elle dispose déjà d’une expérience réussie dans la reconstitution du capital semencier communautaire du maïs, de l’arachide et des céréales sèches.
3/L’approvisionnement en intrants pour les cultures et la fertilisation des sols.
Le premier acte pour une solution à ce problème, devrait être la nationalisation des ICS (Industries Chimiques du Sénégal) et des phosphates de Matam. Il est difficilement acceptable que le Sénégal, disposant de matières premières pour la fabrication de certains engrais, n’arrive point à approvisionner à temps, et en quantité les paysans pendant la saison des pluies.
Ces sociétés nationalisées devront faire l’objet d’un contrôle strict et périodique, pour qu’elles ne subissent les travers de certaines autres qui les ont précédées.
Pour notre pays, la souveraineté agricole devrait commencer par une souveraineté en intrants, pour augmenter substantiellement la production.
Parallèlement, un programme de compostage national devrait être mis en œuvre, pour développer l’agriculture biologique.
Une attention particulière sera apportée aux études environnementales, pour limiter les effets négatifs des engrais sur l’écosystème. Des programmes de défense et de restauration des sols et, des écosystèmes fragiles seront aussi mis en œuvre.
4/La dotation en matériel agricole.
Elle concerne deux volets ; le matériel moderne et le matériel attelé. Depuis la fin du « programme agricole », de l’époque du Président Senghor, dans les années 80, les gouvernements qui se sont succédé ont, soit peu investi pour l’acquisition de matériel agricole, soit consacré plus de moyens à l’achat de tracteurs et autres matériels modernes, au détriment du matériel attelé.
En attendant la formation en nombre suffisant des agriculteurs du futur, le matériel attelé doit être la priorité.
La méthode d’exploitation familiale à laquelle s’adonne la majorité des paysans sénégalais, ne requiert pas l’utilisation de tracteurs à grande échelle. Dans sa première phase, le plan devra équiper massivement les paysans en matériel attelé .La fabrication du matériel sera confiée à l’industrie locale et au secteur de l’artisanat. La productivité et les revenus du plus grand nombre de producteurs devraient ainsi augmenter.
5/L’encadrement des paysans.
Si l’Inde, pays que nous avons pris comme modèle, a réussi la révolution verte, c’est grâce, en partie, à la mise en œuvre d’une bonne politique d’encadrement de ses paysans.
C’est incompréhensible, que le Sénégal ait abandonné le système d’encadrement des paysans, dont la majorité est illettrée et analphabète.
Aucun pays au monde n’a réussi à développer son agriculture et son élevage sans encadrement durable des acteurs.
Pour ce faire, l’État devrait fusionner l’ANCAR et l’INADA (Agence Nationale d’Insertion et de Développement Agricole ex REVA.) Cette nouvelle structure devra établir une parfaite collaboration avec l’ISRA et les organisations de producteurs. Il s’agira, comme en Inde, d’encadrer le paysan, depuis l’acquisition des semences, jusqu’à la vente de son produit.
La gestion des semences aussi devrait être confiée à la nouvelle structure, qui mettra en place des instruments de stockage et de conservation.
L’ENCR (École Nationale des Cadres Ruraux) de Bambey devrait être rénovée, pour la formation d’encadreurs en nombre suffisant.
En tout état de cause, il faudrait éviter les fautes, errements et dérapages de l’ancienne Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA.)
La SAED (Société d’Aménagement des Terres du Delta) et la SODAGRI (Société de Développement Agricole et Industrielle) de l’Anambe devraient être dissoutes. En dépit de la compétence de leurs ingénieurs, force est de constater, qu’elles sont structurellement inadaptées. Depuis leur création jusqu’aujourd’hui, elles ont englouti beaucoup d’argent sans résultats probants.
Le ministère de l’agriculture pourrait confier la mission d’aménagement des terres à des sociétés privées, sur la base d’un appel d’offre ou d’un accord de partenariat.
En tous cas, il a été constaté que, les coûts d ‘aménagement à l’hectare de la CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise) sont beaucoup moins élevés que ceux de la SAED. Des gains importants pourraient ainsi être réalisés.
L’autre paradoxe, c’est que, pour les mêmes types d’aménagement, les coûts sont moindres au Mali et au Burkina Faso. Et pour autant, ce sont les mêmes entreprises qui réalisent les aménagements au Sénégal.
Dans ce domaine aussi, l’utilisation des ressources de notre armée nationale permettrait d’amoindrir les coûts et de gagner en efficacité.
Le service du Génie Rural, en collaboration avec les services décentralisés du ministère de l’agriculture, renforcés, DRDR (Directions Régionales du Développement Rural) et SDDR (Services Départementaux du Développement Rural), pourrait assurer le suivi des travaux d’aménagement.
L’apport de la SODEFITEX (Société de Développement et de Fibres Textiles) sera d’un intérêt certain, compte tenu de son expérience dans le domaine de la formation et de l’encadrement des paysans.
6/La formation des agriculteurs du futur.
Il s’agira de créer un collège agricole dans chaque région agro écologique. Le recrutement se fera sur la base de tests pour les élèves titulaires du BFEM et, pour les jeunes ruraux qui souhaiteraient mener des activités agricoles. Le concours ne sera pas de mise, car, il faudra former un grand nombre d’agriculteurs de type nouveau, pour remplacer progressivement les paysans actuels aux méthodes culturales encore archaïques et, en voie de disparition.
Ces collèges n’auront pas la même vocation que l’ENCR de Bambey qui forme des encadreurs.
L’utilisation massive de main d’œuvre n’a jamais été une solution aux problèmes de l’agriculture.
Depuis sa naissance dans le croissant fertile, l’agriculture s’est toujours inscrite dans une trame de développement de sa productivité par l’apport de nouvelles techniques. Or, dans un secteur donné, plus les moyens matériels et les techniques se perfectionnent, moins le secteur aura besoin de bras.
C’est donc dire qu’au fur et à mesure que la productivité augmente, le secteur de l’agriculture sera amené à libérer de la main d’œuvre pour d’autres secteurs.
Aujourd’hui, en France, les agriculteurs constituent moins de 4% de la population active. Ils nourrissent, tout de même, plus de 66 millions d’habitants. En Inde, pays peuplé d’environ un milliard trois cents millions d’habitants, les producteurs agricoles ne représentent que 55% de la population .Au Sénégal, 70% de la population active, constituée par des paysans, n’arrive pas à nourrir 13 millions d’habitants.
La mission de ces agriculteurs du futur sera, impérativement, dans un délai bien prescrit, de permettre à notre pays d’atteindre l’autosuffisance et de tendre vers la souveraineté alimentaire.
L’État devra les accompagner en mettant à leur disposition des terres, de l’eau, des semences, des intrants et du matériel agricole. Il devra aussi les accompagner pour l’accès au marché.
7/ La création d’activités de micro agro business.
L’État devrait promouvoir un vaste programme d’activités de transformation de produits agricoles locaux. Un matériel adapté aux conditions locales de transformation pourrait être mis à la disposition des paysans et, particulièrement aux groupements féminins, a l’instar de ce qui se fait en Inde.
Le paysan aurait ainsi un double revenu de sa production ; celui tiré de la vente en l’état et celui relatif à la commercialisation du produit qui a subi une valeur ajoutée.
Pour la réussite du programme, l’ITA (Institut de Technologie Alimentaire) et l’ONFP (Office National de Formation Professionnelle) devraient être fusionnés.
La nouvelle structure aura des démembrements à l’échelle régionale et départementale, pour la formation des paysans et, particulièrement les femmes, aux techniques de transformation et de conservation des produits de l’agriculture.
Des activités non- agricoles devraient être suscitées en milieu rural.
8/ La promotion de l’horticulture.
La promotion de l’horticulture devrait être une activité phare du Plan d’Investissement. Le Sénégal disposant d’avantages comparatifs certains dans ce domaine, une politique d’exportation des produits de l’horticulture devrait être mise en œuvre. L’objectif serait de procurer plus de revenus au secteur privé ainsi qu’à l’État, pour renforcer les investissements. Cela devrait aussi permettre à notre pays de réduire sensiblement le déficit de sa balance commerciale.
9/ la modernisation de l’élevage.
L’élevage devrait faire l’objet d’un traitement particulier dans le Plan d’investissement. La base de la solution aux problèmes de l’élevage réside dans la stabulation. Quand nous aurons réussi la stabulation, nous pourrons prétendre avoir trouvé la solution à l’essentiel des difficultés du sous-secteur. Pour cela, une Agence autonome, chargée de la stabulation et de la Modernisation de l’Élevage (ASME) devrait être créée.
L’Agence sera chargée de la construction d’une multitude d’abris couverts, principalement dans les zones à fort potentiel d’élevage. Ces abris seront dotés de systèmes d’approvisionnement en eau et de parcs de vaccination. L’aliment de bétail sera subventionné par l’État et, des espaces pour des cultures fourragères y seront aménagés. L’Agence conclura un accord de partenariat avec des cabinets vétérinaires privés, pour le suivi médical du cheptel.
Le programme d’insémination artificiel sera renforcé pour une production en qualité et, en quantité de lait et de viande. L’Agence procèdera aussi à une réorganisation des circuits commerciaux du marché du lait et de la viande. Elle assurera la formation et l’encadrement des éleveurs. Elle devra en même temps, œuvrer, pour un accord de partenariat avec les mutuelles de crédits et le système bancaire, pour faciliter l’accès au crédit des éleveurs.
10/ un ministère de l’agriculture fort.
Pour piloter cet ambitieux Plan d’Investissement, un ministère de l’agriculture fort devrait être créé.
On pourrait même instaurer un Vice Premier Ministre en charge de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique Rurale. A défaut, le ministre de l’agriculture devrait être le seul ministre d’État du gouvernement. Le ministère serait de souveraineté et premier dans l’ordre protocolaire. Le ministre en charge de l’agriculture devrait avoir une ascendance sur les autres ministres, particulièrement sur le ministre des finances, de la bonne volonté de qui, dépend la diligence dans la mise en œuvre du Plan.
Sur la base de cette vision, le ministère de l’agriculture, sur les instructions du Chef de l’État, devra élaborer une politique de Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage du Sénégal, « Yeesal Mbay Ak Ciaamu Sénégal », et de manière inclusive. Les acteurs du monde rural joueront un rôle de premier plan pour l’élaboration de cette politique. Des espaces d’expression et de contribution seront créés pour les paysans et les éleveurs.
Les partis politiques au pouvoir et ceux de l’opposition seront fortement impliqués.
De par son caractère inclusif et consensuel, cette politique pourrait être consacrée « CONSTITUTION AGRICOLE DU SENEGAL.»
Nous n’avons pas la prétention d’avoir fait le tour du secteur de l’agriculture et du sous-secteur de l’élevage. Mais, nous pensons que ces orientations ci-dessus, peuvent constituer une rampe de lancement pour un Sénégal Nouveau, qui pourrait être construit à partir d’un PIN (Plan d’Investissement National), dont les termes de référence seraient élaborés de façon consensuelle par l’État et les acteurs économiques et politiques de notre pays.
La révolution agricole permit à l’humanité de s’accroitre et de s’installer dans la voie du progrès.
Mais, elle n’a pas suivi la même trajectoire dans tous les pays du monde.
En ce qui concerne l’Afrique en général et, le Sénégal en particulier, plus de 50 ans après notre accession à l’indépendance, la plupart pays n’ont pas encore trouvé la voie du développement agricole.
A titre d’illustration, le Sénégal demeure un importateur net de céréales et de produits d’élevage.
Les importations de riz sont passées de 650 789 tonnes en 2010 à 918 897 tonnes en 2012, soit en valeur monétaire, de 130, 8 milliards à 207,6 milliards de francs CFA.
Quant à l'élevage, il occupe 350 000 familles, soit environ 3 millions d'individus.
Tout de même, les importations de lait sont estimées à 60 milliards de francs CFA en 2013.
Pour expliquer ce paradoxe, nombre de personnalités politiques et de membre d’organisations paysannes affirment souvent, lors de débats organisés par la presse ,que le Sénégal n’a jamais eu de politique agricole.
Ce qui vaudrait dire que pendant plus d’un demi-siècle, l’élite dirigeante a conduit le destin d’environ 70% de la population active du pays sans orientation ou objectif précis.
De telles allégations doivent être classées dans la catégorie des critiques faciles et fallacieuses.
Des politiques agricoles ont été effectivement mises en œuvre au Sénégal ; mais elles n’ont pas produit les résultats escomptés.
A travers cette modeste contribution, nous n’avons d’autre ambition que de donner notre vision pour une Autre Politique Agricole, qui pourrait sous-tendre durablement la construction d’un Sénégal Nouveau et, de prospérité partagée entre des citoyens d’égale dignité.
Au mois de juillet 2003, nous avons représenté le Sénégal à la réunion du Conseil des Ministres de l’Agriculture d’Afrique à Maputo, au Mozambique.
Comme à l’accoutumée, le conseil devait précéder la Conférence des chefs d’États qui, cette année, adopta le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA).
Au cours du conseil, Monsieur Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire, nous rapporta cette anecdote que nous racontons de mémoire : au cours d’un conseil des ministres, le ministre Ivoirien de la défense demanda au Président Houphouët Boigny, de bien vouloir donner des instructions au ministre des finances, pour une rallonge du budget de son département, afin d’acheter des armes, pour la sécurité du pays.
Le président Houphouët Boigny demanda au ministre des finances s’il avait cet argent.
La réponse du ministre des finances fut affirmative ; et alors !
Le président Houphouët Boigny lui dit : « Monsieur le ministre des finances, cet argent, donnez plutôt au ministre de l’agriculture, car la première sécurité, c’est de donner à manger aux populations. »
Cette anecdote nous inspira l’idée d’un ratio au secteur de l’agriculture dans les budgets des pays Africains. Nous nous sommes souvenu du secteur de la santé, qui déjà, à cette époque, faisait l’objet d’une norme budgétaire fixée aux États par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Aussi, lors de notre intervention, avons-nous proposé que 10% à 15% des budgets des pays africains soient affectés à l’agriculture.
Le président du conseil des ministres trouva l’idée pertinente et, proposa au conseil de retenir un ratio de 10% qui, par la suite, sera adopté par la Conférence des Chefs d’État.
Monsieur Jacques Diouf, ancien Directeur Général de la FAO, était présent à cette réunion. Nous pouvons donc affirmer, sans fausse modestie, que nous sommes l’inspirateur de cette décision.
Mais, dans notre entendement, il s’agissait de 10%, en termes d’investissement.
Étant entendu que, depuis l’accession à la souveraineté internationale des pays africains, dans la majorité des États, l’agriculture n’a pas encore bénéficié d’investissements substantiels pour son développement.
Fort de cela, à notre avis, c’est un impératif, qu’un Plan pour la Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage du Sénégal (PRAES), « YEESAL MBAY AK CIAAMMU SENEGAL» soit élaboré et mis en œuvre pour sortir notre agriculture de la situation où elle se trouve depuis des décennies.
Le plan qui réaliserait des investissements massifs pour l’agriculture, l’élevage et l’hydraulique rurale, devrait être quinquennal.
L’objectif principal du plan, par référence à la révolution verte indienne, sera de contracter le temps de production et, constituer des réserves alimentaires suffisantes, pour nourrir toute la population sénégalaise, même en période de calamite naturelle.
Le professeur Swaminathan, père de la révolution verte de l’Inde, nous révélait, lors de la première édition du « DAKAR agricole », au mois de février 2005, que son pays produit maintenant en quatre ans, ce qu’il produisait en mille ans.
Au Sénégal, 270 milliards de francs CFA devraient être investis chaque année, exclusivement pour la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles et de l’élevage et la maitrise de l’eau.
Cela équivaudrait à plus de 1360 milliards de francs CFA d’investissement tous les cinq ans, dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de l’hydraulique rurale, sur fonds propres.
Après une décennie, c’est dire deux plans quinquennaux, les investissements pourraient être dégressifs au profit d’autres secteurs.
Ce montant pourrait augmenter, étant entendu que nous avons fait une estimation sur la base de 10% du budget actuel du Sénégal, pour l’agriculture au sens large, en y incluant l’élevage et l’hydraulique rurale.
En tenant compte de l’appui des partenaires au développement et, des transferts provenant des ministères de l’élevage et de l’hydraulique, le budget d’investissement pourrait dépasser 2000 milliards de francs CFA.
En comparaison, l’ensemble des engagements des différentes parties au Plan d’investissement (PI), couvrant la période 2011-2015 ,dans le cadre du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), a été évalué à 1346 milliards de francs CFA (fonctionnement et investissement inclus .)
L’État du Sénégal s’est engagé seulement pour 32 %, et les autres parties prenantes pour 18 %.
L’écart de financement (de 50 %) est à chercher auprès d’autres partenaires.
Cette ère doit être révolue. Nous ne devons plus dépendre essentiellement de contributions extérieures pour une question de souveraineté nationale, telle que la sécurité alimentaire.
Les investissements seront réalisés sur la base de régions agro écologiques, déterminées par les experts.
Il sera aussi procédé à une révision de tous les projets agricoles financés par nos partenaires au développement, dont la plupart n’ont pas donné les résultats attendus pour les pouvoirs publics et les populations concernées.
Il faudrait se souvenir que, les pays dits émergents ont utilisé principalement trois leviers pour s’installer dans la voie du développement :
-des investissements massifs dans les secteurs de l’agriculture et des infrastructures, avec l’objectif prioritaire de nourrir suffisamment les populations d’abord.
-le développement des exportations, selon les avantages comparatifs du pays, pour avoir les revenus nécessaires, pour financer les investissements. (Au Sénégal, on pourrait miser sur les potentialités de l’horticulture.)
- le développement de la consommation intérieure, par l’augmentation des revenus des populations.
Le Plan de Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage pourrait s’articuler autour des axes suivants :
1/ La maitrise de l’eau, premier impératif.
Contrairement à une idée répandue, le Sénégal regorge suffisamment d’eau de surface et dans son sous-sol.
Beaucoup de sénégalais seront certainement surpris d’apprendre que le plus réservoir d’eaux souterraines de notre pays se trouve dans le département de Linguère, pourtant réputé zone aride.
Les investissements dans ce domaine auront pour objectif, de mettre en œuvre un vaste programme d’irrigation sur l’ensemble du territoire national, de forages, de stockage des eaux de pluie et d’approvisionnement en eau potable des populations.
Le budget de l’armée pourrait être augmenté, pour lui permettre de participer à la mise en œuvre du programme de forages, dans le cadre de son concept « Armée- Nation. »
Notre armée dispose d’un matériel de forage perfectionné qui est sous utilisé.
Après la mise en œuvre du programme du premier quinquennat, il ne devrait plus exister au Sénégal de zones où les populations n’ont pas accès à l’eau potable.
Si ce pari n’est pas gagné jusqu'à présent, c’est parce que, pour l’essentiel, le Sénégal a recours aux partenaires au développement pour les investissements relatifs à l’approvisionnement en eau potable des populations.
La tendance devrait être inversée par des investissements tirés du budget national
2/La reconstitution du capital semencier.
C’est un domaine sur lequel on a beaucoup épilogué et, on a toujours l’impression de faire du surplace .En dépit des tentatives des différents gouvernements, on assiste de plus en plus à une dégénérescence de la qualité des semences d’arachide, pilier de l’agriculture sénégalaise.
Notre petite expérience dans le secteur de l’agriculture a fini de nous convaincre nous pensons que cette mission ne peut être directement accomplie par le ministère de l’agriculture.
Elle devrait être confiée à un service autonome, avec un cahier des charges et des moyens conséquents.
L’ANCAR (Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural) renforcée, pourrait certainement être une solution. Elle dispose déjà d’une expérience réussie dans la reconstitution du capital semencier communautaire du maïs, de l’arachide et des céréales sèches.
3/L’approvisionnement en intrants pour les cultures et la fertilisation des sols.
Le premier acte pour une solution à ce problème, devrait être la nationalisation des ICS (Industries Chimiques du Sénégal) et des phosphates de Matam. Il est difficilement acceptable que le Sénégal, disposant de matières premières pour la fabrication de certains engrais, n’arrive point à approvisionner à temps, et en quantité les paysans pendant la saison des pluies.
Ces sociétés nationalisées devront faire l’objet d’un contrôle strict et périodique, pour qu’elles ne subissent les travers de certaines autres qui les ont précédées.
Pour notre pays, la souveraineté agricole devrait commencer par une souveraineté en intrants, pour augmenter substantiellement la production.
Parallèlement, un programme de compostage national devrait être mis en œuvre, pour développer l’agriculture biologique.
Une attention particulière sera apportée aux études environnementales, pour limiter les effets négatifs des engrais sur l’écosystème. Des programmes de défense et de restauration des sols et, des écosystèmes fragiles seront aussi mis en œuvre.
4/La dotation en matériel agricole.
Elle concerne deux volets ; le matériel moderne et le matériel attelé. Depuis la fin du « programme agricole », de l’époque du Président Senghor, dans les années 80, les gouvernements qui se sont succédé ont, soit peu investi pour l’acquisition de matériel agricole, soit consacré plus de moyens à l’achat de tracteurs et autres matériels modernes, au détriment du matériel attelé.
En attendant la formation en nombre suffisant des agriculteurs du futur, le matériel attelé doit être la priorité.
La méthode d’exploitation familiale à laquelle s’adonne la majorité des paysans sénégalais, ne requiert pas l’utilisation de tracteurs à grande échelle. Dans sa première phase, le plan devra équiper massivement les paysans en matériel attelé .La fabrication du matériel sera confiée à l’industrie locale et au secteur de l’artisanat. La productivité et les revenus du plus grand nombre de producteurs devraient ainsi augmenter.
5/L’encadrement des paysans.
Si l’Inde, pays que nous avons pris comme modèle, a réussi la révolution verte, c’est grâce, en partie, à la mise en œuvre d’une bonne politique d’encadrement de ses paysans.
C’est incompréhensible, que le Sénégal ait abandonné le système d’encadrement des paysans, dont la majorité est illettrée et analphabète.
Aucun pays au monde n’a réussi à développer son agriculture et son élevage sans encadrement durable des acteurs.
Pour ce faire, l’État devrait fusionner l’ANCAR et l’INADA (Agence Nationale d’Insertion et de Développement Agricole ex REVA.) Cette nouvelle structure devra établir une parfaite collaboration avec l’ISRA et les organisations de producteurs. Il s’agira, comme en Inde, d’encadrer le paysan, depuis l’acquisition des semences, jusqu’à la vente de son produit.
La gestion des semences aussi devrait être confiée à la nouvelle structure, qui mettra en place des instruments de stockage et de conservation.
L’ENCR (École Nationale des Cadres Ruraux) de Bambey devrait être rénovée, pour la formation d’encadreurs en nombre suffisant.
En tout état de cause, il faudrait éviter les fautes, errements et dérapages de l’ancienne Société de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA.)
La SAED (Société d’Aménagement des Terres du Delta) et la SODAGRI (Société de Développement Agricole et Industrielle) de l’Anambe devraient être dissoutes. En dépit de la compétence de leurs ingénieurs, force est de constater, qu’elles sont structurellement inadaptées. Depuis leur création jusqu’aujourd’hui, elles ont englouti beaucoup d’argent sans résultats probants.
Le ministère de l’agriculture pourrait confier la mission d’aménagement des terres à des sociétés privées, sur la base d’un appel d’offre ou d’un accord de partenariat.
En tous cas, il a été constaté que, les coûts d ‘aménagement à l’hectare de la CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise) sont beaucoup moins élevés que ceux de la SAED. Des gains importants pourraient ainsi être réalisés.
L’autre paradoxe, c’est que, pour les mêmes types d’aménagement, les coûts sont moindres au Mali et au Burkina Faso. Et pour autant, ce sont les mêmes entreprises qui réalisent les aménagements au Sénégal.
Dans ce domaine aussi, l’utilisation des ressources de notre armée nationale permettrait d’amoindrir les coûts et de gagner en efficacité.
Le service du Génie Rural, en collaboration avec les services décentralisés du ministère de l’agriculture, renforcés, DRDR (Directions Régionales du Développement Rural) et SDDR (Services Départementaux du Développement Rural), pourrait assurer le suivi des travaux d’aménagement.
L’apport de la SODEFITEX (Société de Développement et de Fibres Textiles) sera d’un intérêt certain, compte tenu de son expérience dans le domaine de la formation et de l’encadrement des paysans.
6/La formation des agriculteurs du futur.
Il s’agira de créer un collège agricole dans chaque région agro écologique. Le recrutement se fera sur la base de tests pour les élèves titulaires du BFEM et, pour les jeunes ruraux qui souhaiteraient mener des activités agricoles. Le concours ne sera pas de mise, car, il faudra former un grand nombre d’agriculteurs de type nouveau, pour remplacer progressivement les paysans actuels aux méthodes culturales encore archaïques et, en voie de disparition.
Ces collèges n’auront pas la même vocation que l’ENCR de Bambey qui forme des encadreurs.
L’utilisation massive de main d’œuvre n’a jamais été une solution aux problèmes de l’agriculture.
Depuis sa naissance dans le croissant fertile, l’agriculture s’est toujours inscrite dans une trame de développement de sa productivité par l’apport de nouvelles techniques. Or, dans un secteur donné, plus les moyens matériels et les techniques se perfectionnent, moins le secteur aura besoin de bras.
C’est donc dire qu’au fur et à mesure que la productivité augmente, le secteur de l’agriculture sera amené à libérer de la main d’œuvre pour d’autres secteurs.
Aujourd’hui, en France, les agriculteurs constituent moins de 4% de la population active. Ils nourrissent, tout de même, plus de 66 millions d’habitants. En Inde, pays peuplé d’environ un milliard trois cents millions d’habitants, les producteurs agricoles ne représentent que 55% de la population .Au Sénégal, 70% de la population active, constituée par des paysans, n’arrive pas à nourrir 13 millions d’habitants.
La mission de ces agriculteurs du futur sera, impérativement, dans un délai bien prescrit, de permettre à notre pays d’atteindre l’autosuffisance et de tendre vers la souveraineté alimentaire.
L’État devra les accompagner en mettant à leur disposition des terres, de l’eau, des semences, des intrants et du matériel agricole. Il devra aussi les accompagner pour l’accès au marché.
7/ La création d’activités de micro agro business.
L’État devrait promouvoir un vaste programme d’activités de transformation de produits agricoles locaux. Un matériel adapté aux conditions locales de transformation pourrait être mis à la disposition des paysans et, particulièrement aux groupements féminins, a l’instar de ce qui se fait en Inde.
Le paysan aurait ainsi un double revenu de sa production ; celui tiré de la vente en l’état et celui relatif à la commercialisation du produit qui a subi une valeur ajoutée.
Pour la réussite du programme, l’ITA (Institut de Technologie Alimentaire) et l’ONFP (Office National de Formation Professionnelle) devraient être fusionnés.
La nouvelle structure aura des démembrements à l’échelle régionale et départementale, pour la formation des paysans et, particulièrement les femmes, aux techniques de transformation et de conservation des produits de l’agriculture.
Des activités non- agricoles devraient être suscitées en milieu rural.
8/ La promotion de l’horticulture.
La promotion de l’horticulture devrait être une activité phare du Plan d’Investissement. Le Sénégal disposant d’avantages comparatifs certains dans ce domaine, une politique d’exportation des produits de l’horticulture devrait être mise en œuvre. L’objectif serait de procurer plus de revenus au secteur privé ainsi qu’à l’État, pour renforcer les investissements. Cela devrait aussi permettre à notre pays de réduire sensiblement le déficit de sa balance commerciale.
9/ la modernisation de l’élevage.
L’élevage devrait faire l’objet d’un traitement particulier dans le Plan d’investissement. La base de la solution aux problèmes de l’élevage réside dans la stabulation. Quand nous aurons réussi la stabulation, nous pourrons prétendre avoir trouvé la solution à l’essentiel des difficultés du sous-secteur. Pour cela, une Agence autonome, chargée de la stabulation et de la Modernisation de l’Élevage (ASME) devrait être créée.
L’Agence sera chargée de la construction d’une multitude d’abris couverts, principalement dans les zones à fort potentiel d’élevage. Ces abris seront dotés de systèmes d’approvisionnement en eau et de parcs de vaccination. L’aliment de bétail sera subventionné par l’État et, des espaces pour des cultures fourragères y seront aménagés. L’Agence conclura un accord de partenariat avec des cabinets vétérinaires privés, pour le suivi médical du cheptel.
Le programme d’insémination artificiel sera renforcé pour une production en qualité et, en quantité de lait et de viande. L’Agence procèdera aussi à une réorganisation des circuits commerciaux du marché du lait et de la viande. Elle assurera la formation et l’encadrement des éleveurs. Elle devra en même temps, œuvrer, pour un accord de partenariat avec les mutuelles de crédits et le système bancaire, pour faciliter l’accès au crédit des éleveurs.
10/ un ministère de l’agriculture fort.
Pour piloter cet ambitieux Plan d’Investissement, un ministère de l’agriculture fort devrait être créé.
On pourrait même instaurer un Vice Premier Ministre en charge de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique Rurale. A défaut, le ministre de l’agriculture devrait être le seul ministre d’État du gouvernement. Le ministère serait de souveraineté et premier dans l’ordre protocolaire. Le ministre en charge de l’agriculture devrait avoir une ascendance sur les autres ministres, particulièrement sur le ministre des finances, de la bonne volonté de qui, dépend la diligence dans la mise en œuvre du Plan.
Sur la base de cette vision, le ministère de l’agriculture, sur les instructions du Chef de l’État, devra élaborer une politique de Rénovation de l’Agriculture et de l’Élevage du Sénégal, « Yeesal Mbay Ak Ciaamu Sénégal », et de manière inclusive. Les acteurs du monde rural joueront un rôle de premier plan pour l’élaboration de cette politique. Des espaces d’expression et de contribution seront créés pour les paysans et les éleveurs.
Les partis politiques au pouvoir et ceux de l’opposition seront fortement impliqués.
De par son caractère inclusif et consensuel, cette politique pourrait être consacrée « CONSTITUTION AGRICOLE DU SENEGAL.»
Nous n’avons pas la prétention d’avoir fait le tour du secteur de l’agriculture et du sous-secteur de l’élevage. Mais, nous pensons que ces orientations ci-dessus, peuvent constituer une rampe de lancement pour un Sénégal Nouveau, qui pourrait être construit à partir d’un PIN (Plan d’Investissement National), dont les termes de référence seraient élaborés de façon consensuelle par l’État et les acteurs économiques et politiques de notre pays.