Au cours de l'entretien avec le président ivoirien, il a notamment été question de l’affaire Guy-André Kieffer. La mission de Reporters sans frontières intervient en effet quelques semaines après la date commémorative des 10 ans de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. C’était le 16 avril 2004. Une disparition qui n’a pas encore été élucidée, ce qui exaspère Christophe Deloire. « Quatre-vingt-dix pour cent des crimes commis à l’encontre des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions ne sont jamais élucidés dans le monde », regrette le secrétaire général de RSF, pour qui cette impunité représente « un encouragement pour tous ceux qui se comportent en prédateurs de la liberté d’information. »
L'emblématique « dossier Kieffer »Le « dossier Kieffer » est donc emblématique de ces atteintes au droit à l’information. « C’est une question générale pour la liberté de la presse. Il est essentiel que cet assassinat soit élucidé, pour que soient désormais dissuadés tous ceux qui auraient l’idée de commettre de tels actes, pour empêcher des journalistes d’effectuer des enquêtes, d’effectuer des reportages, de faire leur travail. »
Le président Ouattara a assuré aux deux défenseurs de la liberté de la presse que la justice ivoirienne continuerait à coopérer avec la justice française lorsque celle-ci le demanderait. Une procédure judiciaire est en effet en cours en France, dans laquelle RSF est partie civile. « Nous avons demandé que de nouvelles auditions soient effectuées dans ce dossier, poursuit Christophe Deloire. Parce que, même si le temps a passé, de nouvelles auditions devraient permettre d’apporter, d’abord des bribes de vérité et puis la vérité tout entière, sur cette affaire. »
Libéralisation de l’audiovisuel
Le président Ouattara a par ailleurs été interpellé sur la question de la libéralisation de l’audiovisuel. La dernière fois que l’organisation est venue en Côte d’Ivoire, promesse lui avait en effet été faite que cette libéralisation de l’audiovisuel soit effectuée avant juin 2012. « Nous sommes obligés de constater que ça n’a pas été le cas du tout, déplore le responsable de RSF. Le président de la République, sur cette question-là, a tenu des propos qui m’ont semblé francs, en disant que c’était au nom de la volonté d’apaisement, qu’il n’avait pas encore libéralisé. »
Reporters sans frontières s’interdit de porter un jugement sur cette position, mais pour l’organisation, « cette libéralisation promise désormais pour juste après l’élection de 2015, doit être effectuée au plus vite. (…) Nous regrettons que les médias d’Etat, de pouvoir pourrait-on dire presque, en Côte d’Ivoire, ne soient pas des médias publics. C’est-à-dire que, malheureusement, trop d’interférences demeurent et que trop de visions officielles sont portées, alors même que des médias publics – c’est normalement leur rôle – doivent représenter l’ensemble de la société, de la manière la plus fidèle possible. »
Source : Rfi.fr
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