Craignez-vous que l'équipe de France ne parvienne pas à se qualifier pour le Mondial 2010 ?
La qualification ne sera pas facile. Si après les matches contre la Roumanie et la Serbie, puis contre les Féroé et l'Autriche, nous ne terminons que deuxième, il faudra en passer par un match de barrage qui, par principe, est toujours aléatoire, surtout si les Bleus doivent affronter la Russie ou le Portugal. Mais j'ai confiance. Je n'imagine pas la France absente de la Coupe du monde. Je ne me vois pas regarder le Mondial à la télévision. Surtout que l'on est candidat à l'Euro 2016.
Une absence des Bleus au Mondial porterait préjudice à la candidature de la France à l'organisation de l'Euro 2016. Les joueurs ont donc doublement la pression ?
Il est certain que la pression sur les joueurs est très forte, mais ils ont l'habitude d'évoluer avec. Notre capacité à obtenir l'organisation de l'Euro 2016 dépend d'un ensemble d'éléments: de stades rénovés, de la qualité des prestations, des moyens financiers que nous pourrons mettre en œuvre et de l'élan populaire dans lequel les résultats ont une part.
Maintenant, je le répète, je ne veux pas imaginer que la France manque un rendez-vous aussi symbolique que la première Coupe du monde organisée en Afrique. D'autant que de nombreux joueurs français ont développé des projets sportifs en Afrique très intéressants.
Vous attendez-vous à de nouveaux sifflets au Stade de France, samedi soir ?
Non, il ne faut pas craindre les supporteurs. Ils savent que l'équipe de France a besoin d'eux. C'est trop facile d'être là quand l'équipe gagne et de l'abandonner lorsqu'elle est en difficulté. Je sais qu'il y a des polémiques autour des choix du sélectionneur. C'est vrai qu'on peut avoir un pincement au cœur face à l'absence de Patrick Vieira, le capitaine habituel. C'est un joueur formidable, qui est arrivé en France du Sénégal, à peu près au même âge que moi. Il est très impliqué sur la question des jeunes footballeurs africains… Mais je n'ai aucune leçon à donner à Raymond Domenech. C'est lui le sélectionneur, il connaît le football, il fait des choix, il les assume, je les respecte. On jugera au résultat final. Pour l'heure, il faut être derrière l'équipe de France.
Comment expliquez-vous le déficit de popularité de l'équipe de France et de son sélectionneur ?
Il y a une attente très forte, une pression populaire. L'équipe de France est un symbole qui dépasse le cadre du football et du sport. L'affection du public dépend aussi des résultats, de la personnalité des joueurs et du beau jeu. Le souvenir de 1998 est si vivace en France qu'une nostalgie s'exprime dès que l'équipe de France s'éloigne de ce niveau d'intensité et d'exploits. C'est plutôt rassurant d'avoir un pays qui a de l'ambition pour son football.
Mais depuis plusieurs années, le football français, tant en équipe nationale qu'en club, ne répond plus aux attentes de ses supporteurs… C'est vrai que les clubs français n'arrivent plus à rivaliser au niveau européen. Cette perte de compétitivité a plusieurs raisons: des stades qui n'appartiennent pas aux clubs ou qui ne génèrent pas suffisamment de ressources, un investissement privé trop limité, un sponsoring insuffisant et une trop grande dépendance économique vis-à-vis des droits télévisuels. Si, demain, le marché des droits se retourne, les clubs français risquent de vivre des moments difficiles. Notre football a aussi été profondément déstabilisé par la déréglementation du marché des transferts qui permet aujourd'hui à des clubs européens, qui n'ont aucune contrainte budgétaire, de piller les jeunes joueurs formés par les clubs français.
La FIFA a annoncé, jeudi 3 septembre, qu'elle interdisait le clubanglais de Chelsea de recrutement jusqu'en 2011 pour avoir engagé illicitement un joueur de 16 ans du RC Lens en 2007. Cette décision ouvre-elle la voie à davantage de régulation ?
Je salue cette décision, mais le club de Chelsea a déjà annoncé qu'il ferait appel. Dans le cas du jeune Gaël Kakuta, ce qui est en jeu, c'est à la fois la protection et la valorisation du travail des clubs formateurs, et la protection des mineurs. Il faut imposer l'idée qu'il existe une spécificité sportive, renforcer l'interdiction de transfert des mineurs et l'étendre aux transferts à l'intérieur de l'Union européenne. Ce serait l'honneur des institutions de réagir. Les joueurs ne sont pas des marchandises.
Avec Michel Platini [le président de l'UEFA], nous sommes d'accord pour rechercher les moyens d'établir une sorte de fair-play financier entre les clubs européens et éviter qu'ils ne dépensent plus qu'ils n'ont en caisse. Parce qu'à ce jeu-là, les clubs français, qui sont eux soumis à un contrôle de gestion rigoureux, sont pénalisés. Je souhaite réunir l'ensemble de mes collègues européens pour en discuter. Il est urgent d'appliquer au football ce qu'on a fait au niveau international pour réguler davantage la finance. Sinon, la bulle explosera aussi dans le football.
Votre transfert du secrétariat d'Etat aux droits de l'homme aux sports a été interprété comme une rétrogradation. Avez-vous vécu ces deux premiers mois comme une longue punition ?
Ceux qui ont dit ça sont des ignorants. Je suis très heureuse au ministère des sports. Ici, j'ai la chance de réaliser des rêves d'enfants, en rencontrant des champions exceptionnels. Le ministère des sports est celui des grandes émotions nationales, celui qui apporte de la joie aux gens. C'est aussi le ministère de l'éducation populaire : n'oubliez pas que 16 millions de Français sont licenciés dans les clubs et que le sport, c'est le premier mouvement associatif français ! Alors oui, parce que le sport concentre des passions populaires, certaines élites s'en méfient. Mais je me considère comme très chanceuse d'accompagner les sportifs et d'occuper un ministère aussi symbolique. C'est mon deuxième poste de ministre. Ce serait indécent que je me plaigne.
Source: Le Monde
La qualification ne sera pas facile. Si après les matches contre la Roumanie et la Serbie, puis contre les Féroé et l'Autriche, nous ne terminons que deuxième, il faudra en passer par un match de barrage qui, par principe, est toujours aléatoire, surtout si les Bleus doivent affronter la Russie ou le Portugal. Mais j'ai confiance. Je n'imagine pas la France absente de la Coupe du monde. Je ne me vois pas regarder le Mondial à la télévision. Surtout que l'on est candidat à l'Euro 2016.
Une absence des Bleus au Mondial porterait préjudice à la candidature de la France à l'organisation de l'Euro 2016. Les joueurs ont donc doublement la pression ?
Il est certain que la pression sur les joueurs est très forte, mais ils ont l'habitude d'évoluer avec. Notre capacité à obtenir l'organisation de l'Euro 2016 dépend d'un ensemble d'éléments: de stades rénovés, de la qualité des prestations, des moyens financiers que nous pourrons mettre en œuvre et de l'élan populaire dans lequel les résultats ont une part.
Maintenant, je le répète, je ne veux pas imaginer que la France manque un rendez-vous aussi symbolique que la première Coupe du monde organisée en Afrique. D'autant que de nombreux joueurs français ont développé des projets sportifs en Afrique très intéressants.
Vous attendez-vous à de nouveaux sifflets au Stade de France, samedi soir ?
Non, il ne faut pas craindre les supporteurs. Ils savent que l'équipe de France a besoin d'eux. C'est trop facile d'être là quand l'équipe gagne et de l'abandonner lorsqu'elle est en difficulté. Je sais qu'il y a des polémiques autour des choix du sélectionneur. C'est vrai qu'on peut avoir un pincement au cœur face à l'absence de Patrick Vieira, le capitaine habituel. C'est un joueur formidable, qui est arrivé en France du Sénégal, à peu près au même âge que moi. Il est très impliqué sur la question des jeunes footballeurs africains… Mais je n'ai aucune leçon à donner à Raymond Domenech. C'est lui le sélectionneur, il connaît le football, il fait des choix, il les assume, je les respecte. On jugera au résultat final. Pour l'heure, il faut être derrière l'équipe de France.
Comment expliquez-vous le déficit de popularité de l'équipe de France et de son sélectionneur ?
Il y a une attente très forte, une pression populaire. L'équipe de France est un symbole qui dépasse le cadre du football et du sport. L'affection du public dépend aussi des résultats, de la personnalité des joueurs et du beau jeu. Le souvenir de 1998 est si vivace en France qu'une nostalgie s'exprime dès que l'équipe de France s'éloigne de ce niveau d'intensité et d'exploits. C'est plutôt rassurant d'avoir un pays qui a de l'ambition pour son football.
Mais depuis plusieurs années, le football français, tant en équipe nationale qu'en club, ne répond plus aux attentes de ses supporteurs… C'est vrai que les clubs français n'arrivent plus à rivaliser au niveau européen. Cette perte de compétitivité a plusieurs raisons: des stades qui n'appartiennent pas aux clubs ou qui ne génèrent pas suffisamment de ressources, un investissement privé trop limité, un sponsoring insuffisant et une trop grande dépendance économique vis-à-vis des droits télévisuels. Si, demain, le marché des droits se retourne, les clubs français risquent de vivre des moments difficiles. Notre football a aussi été profondément déstabilisé par la déréglementation du marché des transferts qui permet aujourd'hui à des clubs européens, qui n'ont aucune contrainte budgétaire, de piller les jeunes joueurs formés par les clubs français.
La FIFA a annoncé, jeudi 3 septembre, qu'elle interdisait le clubanglais de Chelsea de recrutement jusqu'en 2011 pour avoir engagé illicitement un joueur de 16 ans du RC Lens en 2007. Cette décision ouvre-elle la voie à davantage de régulation ?
Je salue cette décision, mais le club de Chelsea a déjà annoncé qu'il ferait appel. Dans le cas du jeune Gaël Kakuta, ce qui est en jeu, c'est à la fois la protection et la valorisation du travail des clubs formateurs, et la protection des mineurs. Il faut imposer l'idée qu'il existe une spécificité sportive, renforcer l'interdiction de transfert des mineurs et l'étendre aux transferts à l'intérieur de l'Union européenne. Ce serait l'honneur des institutions de réagir. Les joueurs ne sont pas des marchandises.
Avec Michel Platini [le président de l'UEFA], nous sommes d'accord pour rechercher les moyens d'établir une sorte de fair-play financier entre les clubs européens et éviter qu'ils ne dépensent plus qu'ils n'ont en caisse. Parce qu'à ce jeu-là, les clubs français, qui sont eux soumis à un contrôle de gestion rigoureux, sont pénalisés. Je souhaite réunir l'ensemble de mes collègues européens pour en discuter. Il est urgent d'appliquer au football ce qu'on a fait au niveau international pour réguler davantage la finance. Sinon, la bulle explosera aussi dans le football.
Votre transfert du secrétariat d'Etat aux droits de l'homme aux sports a été interprété comme une rétrogradation. Avez-vous vécu ces deux premiers mois comme une longue punition ?
Ceux qui ont dit ça sont des ignorants. Je suis très heureuse au ministère des sports. Ici, j'ai la chance de réaliser des rêves d'enfants, en rencontrant des champions exceptionnels. Le ministère des sports est celui des grandes émotions nationales, celui qui apporte de la joie aux gens. C'est aussi le ministère de l'éducation populaire : n'oubliez pas que 16 millions de Français sont licenciés dans les clubs et que le sport, c'est le premier mouvement associatif français ! Alors oui, parce que le sport concentre des passions populaires, certaines élites s'en méfient. Mais je me considère comme très chanceuse d'accompagner les sportifs et d'occuper un ministère aussi symbolique. C'est mon deuxième poste de ministre. Ce serait indécent que je me plaigne.
Source: Le Monde
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