RFI : Derrière ces émeutes, il y a ce qu'on appelle la Ligue de défense anglaise. Qu'est-ce que ce mouvement ?
Pauline Schnapper : Il faut être prudent. Oui, on parle beaucoup de cet EDL (Ligue de défense anglaise) qui, en fait, a plus ou moins disparu en tant qu'organisation, mais dont l’ancien dirigeant continue à être visiblement influent sur les réseaux sociaux. Donc il ne faut pas imaginer que c'est vraiment un mouvement organisé qui est derrière tout ça. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que ce mouvement qui a maintenant une quinzaine d'années, est un mouvement anti-migrants, surtout anti-islam. Il s'attaque surtout aux musulmans et ce n'est pas du tout un parti politique, c'est un mouvement qui a hérité du hooliganisme, qui se produit dans les rues et sur les réseaux sociaux. Donc, on n'est pas face à un mouvement politique organisé du tout. C'est quelque chose aussi qui est difficile à contrôler et à réduire.
Justement, vous évoquez cette absence d'organisation. Pourtant, et c'est tout à fait paradoxal, quand on regarde les images, on a l'impression que ces personnes-là qui agissent sont très bien organisées. Ça passe par les réseaux sociaux par exemple ?
Oui, tout à fait. C'est-à-dire que ce n'est pas tant une organisation au sens classique avec un chef et des financements et pignon sur rue. C'est effectivement quelque chose de nébuleux, mais extrêmement efficace, qui se regroupe via les réseaux sociaux sur des boucles plus ou moins fermées et sous l'influence d'un certain nombre de personnes bien connues qui diffusent des messages de désinformation, et qui sont d'ailleurs, semble-t-il, bien financées par des organisations pas forcément britanniques d'ailleurs. Il y a l'influence de mouvements américains, en particulier de l'extrême droite américaine, qui visiblement financent Tommy Robinson, le leader de ce mouvement.
Mais quel est l'objectif ? Elles sont relayées par qui, toutes ces rumeurs ? C'est instrumentalisé ?
Ce sont donc ces gens dont je parlais qui font circuler ces rumeurs pour aboutir à ce qui se produit depuis une semaine, c'est-à-dire des manifestations de rue extrêmement violentes, extrêmement agressives, à la fois contre les forces de l'ordre et surtout contre les demandeurs d'asile d'une part, et les musulmans en général. Il y a dans beaucoup de villes anglaises, puisqu'on ne parle que de l'Angleterre et de l'Irlande du Nord ici, puisqu'il y a eu aussi des émeutes à Belfast dans les quartiers unionistes ; mais là, il s'agit plutôt de jeunes ou moins jeunes d'ailleurs, blancs, anglais, disons, des classes populaires qui sont violemment anti-immigrés, anti-musulmans.
Il y a des jeunes et des moins jeunes, des gens comme tout le monde... Il y a aussi, on a pu voir sur certaines images, des parents avec leurs enfants à côté de manifestants évidemment beaucoup plus virulents. Qu'est-ce que ça dit du Royaume-Uni ?
Ça dit ce que nous savons depuis des années déjà et dont nous avons déjà vu les effets indirects, par exemple dans le vote sur le Brexit, c'est-à-dire qu'il y a un fort mouvement d'opinion opposé à l'immigration. Ce mouvement se perçoit comme en danger face à l'immigration et en particulier à la religion musulmane, qui est vraiment particulièrement ciblée, semble-t-il, dans ces émeutes et qui l'était par l'EDL, cette Ligue de défense anglaise. Donc c’est un fort mouvement islamophobe disons, mais qui mélange un peu tout comme souvent dans ces opinions-là, c'est-à-dire que tout se mélange entre des populations britanniques, musulmanes présentes dans le pays depuis des décennies, et puis les demandeurs d'asile arrivant dans des bateaux qui ont traversé la Manche ces derniers mois. Tout ça se mélange. Et tout ça, bien entendu, est sans rapport avec ce qui s'est passé à Southport, il y a une semaine.
Pauline Schnapper : Il faut être prudent. Oui, on parle beaucoup de cet EDL (Ligue de défense anglaise) qui, en fait, a plus ou moins disparu en tant qu'organisation, mais dont l’ancien dirigeant continue à être visiblement influent sur les réseaux sociaux. Donc il ne faut pas imaginer que c'est vraiment un mouvement organisé qui est derrière tout ça. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que ce mouvement qui a maintenant une quinzaine d'années, est un mouvement anti-migrants, surtout anti-islam. Il s'attaque surtout aux musulmans et ce n'est pas du tout un parti politique, c'est un mouvement qui a hérité du hooliganisme, qui se produit dans les rues et sur les réseaux sociaux. Donc, on n'est pas face à un mouvement politique organisé du tout. C'est quelque chose aussi qui est difficile à contrôler et à réduire.
Justement, vous évoquez cette absence d'organisation. Pourtant, et c'est tout à fait paradoxal, quand on regarde les images, on a l'impression que ces personnes-là qui agissent sont très bien organisées. Ça passe par les réseaux sociaux par exemple ?
Oui, tout à fait. C'est-à-dire que ce n'est pas tant une organisation au sens classique avec un chef et des financements et pignon sur rue. C'est effectivement quelque chose de nébuleux, mais extrêmement efficace, qui se regroupe via les réseaux sociaux sur des boucles plus ou moins fermées et sous l'influence d'un certain nombre de personnes bien connues qui diffusent des messages de désinformation, et qui sont d'ailleurs, semble-t-il, bien financées par des organisations pas forcément britanniques d'ailleurs. Il y a l'influence de mouvements américains, en particulier de l'extrême droite américaine, qui visiblement financent Tommy Robinson, le leader de ce mouvement.
Mais quel est l'objectif ? Elles sont relayées par qui, toutes ces rumeurs ? C'est instrumentalisé ?
Ce sont donc ces gens dont je parlais qui font circuler ces rumeurs pour aboutir à ce qui se produit depuis une semaine, c'est-à-dire des manifestations de rue extrêmement violentes, extrêmement agressives, à la fois contre les forces de l'ordre et surtout contre les demandeurs d'asile d'une part, et les musulmans en général. Il y a dans beaucoup de villes anglaises, puisqu'on ne parle que de l'Angleterre et de l'Irlande du Nord ici, puisqu'il y a eu aussi des émeutes à Belfast dans les quartiers unionistes ; mais là, il s'agit plutôt de jeunes ou moins jeunes d'ailleurs, blancs, anglais, disons, des classes populaires qui sont violemment anti-immigrés, anti-musulmans.
Il y a des jeunes et des moins jeunes, des gens comme tout le monde... Il y a aussi, on a pu voir sur certaines images, des parents avec leurs enfants à côté de manifestants évidemment beaucoup plus virulents. Qu'est-ce que ça dit du Royaume-Uni ?
Ça dit ce que nous savons depuis des années déjà et dont nous avons déjà vu les effets indirects, par exemple dans le vote sur le Brexit, c'est-à-dire qu'il y a un fort mouvement d'opinion opposé à l'immigration. Ce mouvement se perçoit comme en danger face à l'immigration et en particulier à la religion musulmane, qui est vraiment particulièrement ciblée, semble-t-il, dans ces émeutes et qui l'était par l'EDL, cette Ligue de défense anglaise. Donc c’est un fort mouvement islamophobe disons, mais qui mélange un peu tout comme souvent dans ces opinions-là, c'est-à-dire que tout se mélange entre des populations britanniques, musulmanes présentes dans le pays depuis des décennies, et puis les demandeurs d'asile arrivant dans des bateaux qui ont traversé la Manche ces derniers mois. Tout ça se mélange. Et tout ça, bien entendu, est sans rapport avec ce qui s'est passé à Southport, il y a une semaine.