Rwanda: L'avion du président Habyarimana abattu par des extrémistes hutus, selon Kigali

Le rapport d'enquête rwandais sur l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, le 6 avril 1994, considéré comme le déclencheur du génocide, a été rendu public lundi 11 janvier 2010. Après presque deux ans de travail et l'audition de 557 témoins, les 7 enquêteurs rwandais ont conclu à l'implication d'extrémistes hutus et dédouanent le Front patriotique rwandais. Une conclusion en totale contradiction avec les conclusions de l'enquête française du juge Bruguière qui avait lui mis en cause la rébellion du FPR de Paul Kagamé, aujourd'hui chef de l'Etat.



De l'avis du comité rwandais, le Falcon 50 du président Habyarimana a été abattu à partir du domaine militaire de Kanombe, une zone proche de l'aéroport. Pour contredire l'hypothèse du juge Bruguière, le rapport s'appuie sur une expertise balistique britannique et sur des témoins directs.

Les enquêteurs rwandais assurent que les rebelles du FPR n'auraient pas pu s'infiltrer à cet endroit.et démontrent que l'attentat ne peut être que l'œuvre d'éléments radicaux des forces armées rwandaises. Les FAR possédaient des missiles, dit aussi le rapport, contrairement aux conclusions du juge français. Le texte cite le nom de plusieurs extrémistes dont celui de Theoneste Bagosora, - condamné à perpétuité par le TPIR pour son rôle-clé dans le génocide - mais ne s'avance pas sur l'identité des auteurs du tir du missile.

Le mobile de l'attentat est clair, selon le comité : les extrémistes hutus ont voulu couper court à l'ouverture politique engagée par le président Habyarimana qui venait de signer un accord avec le FPR de Paul Kagamé, un ennemi avec lequel ils n'imaginaient pas partager la scène politique et militaire.

L'Etat français n'est pas mis en cause directement par le comité rwandais. Le rapport Mutsinzi critique cependant le travail du juge français Jean-Louis Bruguière et dénonce la faiblesse des preuves de la mission d'information parlementaire française. Le comité pointe aussi le comportement troublant de certains militaires français en poste au Rwanda à l'époque.

Rfi

Mardi 12 Janvier 2010 10:53


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