Vous est-il arrivé d’avoir des problèmes ? Oui. Avez vous une fois pensé que les Marabouts en détiennent les solutions ? Pourquoi pas !
Sur mille Sénégalais, il n’est pas exagéré de parier que le nombre qui consulte les marabouts dépasse de loin celui constitué par ceux qui se réclament du rationalisme en ce qu’ils placent au centre du monde, non pas le mystère, mais le raisonnement comme source d’explication des choses.
La voyance, ou l’en-deçà du monde, rend compte, comme phénomène social, de nos constructions mentales, sur la base desquelles fonctionnent nos projections individuelles et collectives. Venu de Vélingara, l’allure fine, la taille petite, la chevelure touffue, une barbe conservée et entretenue à l’image des Soufis, le regard pénétrant, Bâ est un homme discret qui ne laisse tonner aucun mot. Ne s’entourant d’aucun mystère à l’image de Traoré qui convoque l’assistance des ancêtres, l’homme boit le thé, avec ses voisins devenus presque des parents, sous l’immeuble où se trouve la chambre qu’on lui a cédée.
Il certifie ne travailler que sur le Coran qui lui sert de livre de référence, et qu’il n’utilise ni les cauris, ni quelque chose d’autre de tout ce qui entre dans la classification de ce qui est prohibé. Qu’il fait du Istikhar (Acte de voyance précédé d’une purification et de deux Rakas effectuées avant de dormir, et au cours desquelles, on demande l’assistance de Dieu pour être guidé dans un projet qu’on a en vue), et entend en rester là, conformément à la science que lui ont transmise ses pères et oncles du Fouladou dont il perpétue la noble mémoire dans l’effort de servir les hommes. En effet, il semble que, nuitamment, des personnes de valeur (grands boss, grandes commerçantes), s’introduisent discrètement dans ce qui lui sert de chambre de retraite pour obtenir de sa part des bénédictions.
Selon lui, « aucun pouvoir n’est à lui reconnaître, le tout venant de Dieu qui donne à autrui la faveur d’agir de sorte que son prochain puisse tirer profit de ses bienfaits». Mais, s’il est facile que certaines personnes soient sincères pour reconnaître leurs limites, des escrocs qui s’appuient sur le Coran, cherchent des proies au nombre des ignorants.
Les récits pullulent qui font état de la présence d’errants s’attribuant le nom Cissé et se prétendant de grands Marabouts, capables de dénicher chez leurs proies des talents dont elles ne se croient pas douées. Spécialistes de l’envoûtement, ils excellent dans le trafic des faux billets.
L’avenir scruté
« L’homme est projet », disait Jean Paul Sartre, Philosophe Français. L’incertain, quand il inquiète, force à opérer des choix. Choisir d’être marabout, c’est guider ceux qui en ont Marre à Bout.
Une dose d’assurance qui tranquillise est apaisante chaque fois que l’angoisse face au vide existentiel persiste. Certainement, c’est pour se tirer d’affaire dans une existence aux combinaisons complexes et difficiles à dénouer, que la promesse d’une victoire qui soulage, ancre profondément dans la quête d’une « thérapie » qui comble de bonheur virtuel.
Le marabout sécurise ceux qui ont marre à bout d’une étude inaboutie, d’une coépouse méchante à abattre, d’un amant plein aux as à capturer. Bref, tout y entre. Dans les sociétés occidentales, ces Marabouts pourraient certainement faire office de Psy si seulement ils agissaient exclusivement dans le sens du bien de leurs clients.
Mais, parfois, entrainés dans les bêtises des clients très offrants, il arrive que les voyants promettent en retour, le mal pour les satisfaire. Traoré, citoyen du Mali, établi à Dakar depuis bien des années, avec un Wolof aussi approximatif que son Français, dans une pièce lugubre sis à Bène Tally, entretient le culte du mystère.
Sur le mur à peine visible tant le rideau épais et sombre le couvre, on aperçoit des gris-gris. Arsenal de séduction ? Stratégie de manipulation ? En tout cas, ses attitudes bizarres indiquent qu’il semble se détacher de ce monde pour un autre dans lequel, il puise les secrets à partir desquels il édifie ses clients.
Assis sur un matelas presque usé, entouré de jarres, de racines et une quenouille à la main, l’odeur de l’alcool se répandant dans la chambre, il recommande un sacrifice : « Sitôt le matin, tu écrases sur une intersection sept œufs sans te retourner. Tu donnes à un vieil homme aveugle les 3 noix de cola et les cinq bougies, tu les cèdes à un talibé. Tu verras le bonheur te sourire sous peu».
La consultance, en ces temps de crise, a grimpé de 500 à 1000 frs. Dans les parages, certaines personnes qui veulent écarter les soupçons concernant la fréquentation du lieu, font semblant de justifier leur présence par les affinités qu’ils ont avec un voisin de quartier.
« Le maraboutage condamné »
Amadou Amar, Professeur d’Arabe et Spécialiste en Nahou (Grammaire) commence par faire la distinction suivante : « Auparavant, il est bon de faire la distinction existant entre ce qu’on appelle As-Sihr et Istikhar. Est considéré comme acte à catégoriser dans ce registre l’ensorcellement, l’envoûtement, la magie, le sortilège, la fascination.
Tandis que Istikhar est un acte de dévotion par lequel on se confie à son Seigneur avec toute sa foi, en lui demandant de vous mettre sur le droit chemin, et ce en rapport avec un projet qu’on a en vue de réaliser.
Ainsi, il est avéré que As-Shikr, en tant que désignant la Magie, est reconnue du point de vue de son existence par le Coran qui la confirme dans la Sourate Bakhara (La Vache), lequel Coran interdit par ailleurs formellement sa pratique. D’ailleurs, dans la même sourate, notamment au verset 102, il est écrit : »
Et ils suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n’a jamais été mécréant mais bien les diables : Ils enseignent aux gens la magie ainsi que ce qui est descendu aux deux anges Harout et Marout à Babylone ; mais ceux -ci n’enseignaient rien à personne qu’ils n’aient dit : « Nous ne sommes rien qu’une tentation :
Ne sois pas mécréant ; ils apprennent auprès d’eux ce qui sème la désunion entre l’homme et son épouse (…) Et ils savent , très certainement , que celui qui acquiert ce pouvoir n’aura aucune part dans l’au-delà ». S’appuyant sur le Droit Islamique qui constitue le texte fondateur et organisateur de la Ummah, Professeur Amar ajoute : « Nous aurions été dans un Etat Islamique, tous ces gens qui se disent marabouts ou faiseurs de miracles, se verraient simplement exécuter». Est-ce à dire que dans un pays dont la majorité de la population est musulmane, la foi flanche au point de donner plus de champ aux Marabouts-Escrocs, suppléant d’un Dieu «DORMANT» ?
Sur mille Sénégalais, il n’est pas exagéré de parier que le nombre qui consulte les marabouts dépasse de loin celui constitué par ceux qui se réclament du rationalisme en ce qu’ils placent au centre du monde, non pas le mystère, mais le raisonnement comme source d’explication des choses.
La voyance, ou l’en-deçà du monde, rend compte, comme phénomène social, de nos constructions mentales, sur la base desquelles fonctionnent nos projections individuelles et collectives. Venu de Vélingara, l’allure fine, la taille petite, la chevelure touffue, une barbe conservée et entretenue à l’image des Soufis, le regard pénétrant, Bâ est un homme discret qui ne laisse tonner aucun mot. Ne s’entourant d’aucun mystère à l’image de Traoré qui convoque l’assistance des ancêtres, l’homme boit le thé, avec ses voisins devenus presque des parents, sous l’immeuble où se trouve la chambre qu’on lui a cédée.
Il certifie ne travailler que sur le Coran qui lui sert de livre de référence, et qu’il n’utilise ni les cauris, ni quelque chose d’autre de tout ce qui entre dans la classification de ce qui est prohibé. Qu’il fait du Istikhar (Acte de voyance précédé d’une purification et de deux Rakas effectuées avant de dormir, et au cours desquelles, on demande l’assistance de Dieu pour être guidé dans un projet qu’on a en vue), et entend en rester là, conformément à la science que lui ont transmise ses pères et oncles du Fouladou dont il perpétue la noble mémoire dans l’effort de servir les hommes. En effet, il semble que, nuitamment, des personnes de valeur (grands boss, grandes commerçantes), s’introduisent discrètement dans ce qui lui sert de chambre de retraite pour obtenir de sa part des bénédictions.
Selon lui, « aucun pouvoir n’est à lui reconnaître, le tout venant de Dieu qui donne à autrui la faveur d’agir de sorte que son prochain puisse tirer profit de ses bienfaits». Mais, s’il est facile que certaines personnes soient sincères pour reconnaître leurs limites, des escrocs qui s’appuient sur le Coran, cherchent des proies au nombre des ignorants.
Les récits pullulent qui font état de la présence d’errants s’attribuant le nom Cissé et se prétendant de grands Marabouts, capables de dénicher chez leurs proies des talents dont elles ne se croient pas douées. Spécialistes de l’envoûtement, ils excellent dans le trafic des faux billets.
L’avenir scruté
« L’homme est projet », disait Jean Paul Sartre, Philosophe Français. L’incertain, quand il inquiète, force à opérer des choix. Choisir d’être marabout, c’est guider ceux qui en ont Marre à Bout.
Une dose d’assurance qui tranquillise est apaisante chaque fois que l’angoisse face au vide existentiel persiste. Certainement, c’est pour se tirer d’affaire dans une existence aux combinaisons complexes et difficiles à dénouer, que la promesse d’une victoire qui soulage, ancre profondément dans la quête d’une « thérapie » qui comble de bonheur virtuel.
Le marabout sécurise ceux qui ont marre à bout d’une étude inaboutie, d’une coépouse méchante à abattre, d’un amant plein aux as à capturer. Bref, tout y entre. Dans les sociétés occidentales, ces Marabouts pourraient certainement faire office de Psy si seulement ils agissaient exclusivement dans le sens du bien de leurs clients.
Mais, parfois, entrainés dans les bêtises des clients très offrants, il arrive que les voyants promettent en retour, le mal pour les satisfaire. Traoré, citoyen du Mali, établi à Dakar depuis bien des années, avec un Wolof aussi approximatif que son Français, dans une pièce lugubre sis à Bène Tally, entretient le culte du mystère.
Sur le mur à peine visible tant le rideau épais et sombre le couvre, on aperçoit des gris-gris. Arsenal de séduction ? Stratégie de manipulation ? En tout cas, ses attitudes bizarres indiquent qu’il semble se détacher de ce monde pour un autre dans lequel, il puise les secrets à partir desquels il édifie ses clients.
Assis sur un matelas presque usé, entouré de jarres, de racines et une quenouille à la main, l’odeur de l’alcool se répandant dans la chambre, il recommande un sacrifice : « Sitôt le matin, tu écrases sur une intersection sept œufs sans te retourner. Tu donnes à un vieil homme aveugle les 3 noix de cola et les cinq bougies, tu les cèdes à un talibé. Tu verras le bonheur te sourire sous peu».
La consultance, en ces temps de crise, a grimpé de 500 à 1000 frs. Dans les parages, certaines personnes qui veulent écarter les soupçons concernant la fréquentation du lieu, font semblant de justifier leur présence par les affinités qu’ils ont avec un voisin de quartier.
« Le maraboutage condamné »
Amadou Amar, Professeur d’Arabe et Spécialiste en Nahou (Grammaire) commence par faire la distinction suivante : « Auparavant, il est bon de faire la distinction existant entre ce qu’on appelle As-Sihr et Istikhar. Est considéré comme acte à catégoriser dans ce registre l’ensorcellement, l’envoûtement, la magie, le sortilège, la fascination.
Tandis que Istikhar est un acte de dévotion par lequel on se confie à son Seigneur avec toute sa foi, en lui demandant de vous mettre sur le droit chemin, et ce en rapport avec un projet qu’on a en vue de réaliser.
Ainsi, il est avéré que As-Shikr, en tant que désignant la Magie, est reconnue du point de vue de son existence par le Coran qui la confirme dans la Sourate Bakhara (La Vache), lequel Coran interdit par ailleurs formellement sa pratique. D’ailleurs, dans la même sourate, notamment au verset 102, il est écrit : »
Et ils suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n’a jamais été mécréant mais bien les diables : Ils enseignent aux gens la magie ainsi que ce qui est descendu aux deux anges Harout et Marout à Babylone ; mais ceux -ci n’enseignaient rien à personne qu’ils n’aient dit : « Nous ne sommes rien qu’une tentation :
Ne sois pas mécréant ; ils apprennent auprès d’eux ce qui sème la désunion entre l’homme et son épouse (…) Et ils savent , très certainement , que celui qui acquiert ce pouvoir n’aura aucune part dans l’au-delà ». S’appuyant sur le Droit Islamique qui constitue le texte fondateur et organisateur de la Ummah, Professeur Amar ajoute : « Nous aurions été dans un Etat Islamique, tous ces gens qui se disent marabouts ou faiseurs de miracles, se verraient simplement exécuter». Est-ce à dire que dans un pays dont la majorité de la population est musulmane, la foi flanche au point de donner plus de champ aux Marabouts-Escrocs, suppléant d’un Dieu «DORMANT» ?
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