Sénégal-ONU atteintes aux droits: la RADHHO et l'ONDH vilipendent l'Etat

Le Sénégal au banc des accusés à Genève. L’Organisation nationale des droits de l’Homme du Sénégal (ONDH) et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO), appuyées par la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) ont mis sur la table toutes atteintes à la liberté d’expression, aux droits de l’homme, aux cas de tortures et au problèmes liés à l’indépendance de la justice qui ont lieu au Sénégal depuis quelques temps. Elles ont adressé un mémorandum au conseil des droits de l’homme des Nations unies auquel elles ont participé les 4 et 6 février.



Les droits de l’homme souffrent au Sénégal. Depuis plus de deux ans, des atteintes répétées sont constatées par des organisations de défense des droits de l’homme. Les présidents de l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme (ONDH), la Rencontre Africaine de Défense des Droits de l’homme (RADDHO) l’ont fait savoir à la quatrième session de l’examen périodique universel du conseil des droits de l’homme des Nations unies. Respectivement, Assane Dioma Ndiaye et Alioune Tine ont présenté un mémorandum qui comporte cinq points. Les atteintes au principe de l’indépendance des juges, la pratique de la torture, les atteintes aux droits civils et politiques, les atteintes aux droits des personnes concernant leur orientation et le jugement juste et équitable de l'ancien président Tchadien, Hissène Habré, au Sénégal sont les différents points développés dans le document.

«De nombreuses atteintes à l'indépendance de la justice ont été constatées, notamment dans des affaires pendantes devant les cabinets des juges d’instructions. Le cas le plus flagrant concerne la levée de mandats de dépôt par le doyen des juges près le Tribunal Régional Hors Classe de Dakar sur injonction du Président de la République depuis l’étranger. Par ailleurs le statut du Conseil Supérieur de la Magistrature ne permet pas à celui-ci d'atteindre l’objectif qui lui est assigné, à savoir la garantie de l’indépendance des Magistrats», ont indiqué l’ONDH et la RADDHO.

Elles dénoncent aussi le fait que les magistrats n'aient pas le droit de se syndiquer, une interdiction qui, selon elles, prive ce corps professionnel de la possibilité de faire valoir ses droits et de garantir son indépendance.

Les agressions de journalistes et de rédactions

Alioune Tine et Assane Dioma Ndiaye ont, aussi, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, évoqué les cas de tortures sur les personnes de Dominique Lopy à Kolda, Badara Diop à Kaolack et récemment Modou Bakhoum à Karang qui ont, selon eux, été torturés à mort dans des commissariats de police et le dernier à la gendarmerie.

L’affaire Boubacar Kampel Dieng et Karamakho Thioune ont été soulevée à Genève. «Deux journalistes Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune travaillant respectivement à la radio RFM et à West africa Democracy Radio (Wadr) ont été pris à partie le 21 juin 2008 par les forces de police sénégalaises après un match de football. Enfermés et menottés dans une salle non éclairée, ils ont été torturés pendant une dizaine de minutes. Les coups de matraques, insultes et cris ont été enregistrés de façon fortuite par le magnétoscope d’un des deux journalistes».

De même, ces deux organisations de défense des droits de l’homme phare au Sénégal ont déploré «les atteintes à la liberté d’expression de la part des autorités sénégalaises sont de plus en plus importantes». Selon elles, «ces atteintes se manifestent de façon récurrente par des convocations intempestives à la Division des Investigations Criminelles, par des menaces à l’encontre des journalistes et hommes politiques de l’opposition, des saisies de journaux, des pressions sur certaines maisons d’édition ou imprimeries pour empêcher la parution de livres ou de journaux. Il faut noter que la presse privée semble tout particulièrement ciblée par ces actes de harcèlement, d'intimidation et de pression dans le but de « mettre au pas » toute opinion divergente des thèses officielles».

La répression des émeutes de Kédougou

La violation de la liberté de manifestation est aussi passée dans les récriminations de l’ONDH et de la RADDHO. Elles ont donné comme preuve la répression violente de la marche des consommateurs et celle de Kédougou le 23 décembre dernier qui a été sanglante parce qu’ayant occasionné la mort de deux personnes au moins et beaucoup de cas de «tortures et de privation de libertés».

Alioune Tine et Assane Dioma Ndiaye ont, par ailleurs, protesté contre les «atteintes aux droits des personnes concernant leur orientation sexuelle» en soulignant la condamnation de 9 personnes à des peines de 8 ans pour “conduite indécente et actes contre nature et association de malfaiteurs”.

Ils ne pouvaient pas occulter le procès de Hisséne Habré. Les présidents de ces deux organisations ont demandé au conseil d’intercéder pour un juge juste et équitable de l’ancien président tchadien.

Ces deux organisations ont fait des recommandations au conseil pour que de tels actes et pratiques cessent au Sénégal et pour que cette instance demande au gouvernement de prendre un ensemble de mesures afin qu’on assiste plus à des atteintes de ce genre ou des tortures pour obtenir des preuves mais surtout garantir l’indépendance des magistrats et une liberté de presse, d’expression et de manifestation.


Lundi 9 Février 2009 10:56


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