
Depuis les indépendances, les régimes se succèdent et sont marqués par des échecs répétés en matière de politique agricole. Les programmes agricoles, souvent creux et dépourvus d’orientations claires et d’innovation, laissent les acteurs dans l’inertie, sans parvenir à mobiliser une partie importante de la jeunesse, malgré les ressources disponibles.
Il y a dix ans, en 2015, le régime précédent avait promis que le Sénégal atteindrait l’autosuffisance en riz. Cette promesse s’appuyait sur le potentiel de la vallée du fleuve Sénégal, mais aussi sur celui des zones de production rizicole de plateaux de la zone pluviale. Malgré les ressources mobilisées à travers des programmes sectoriels comme le PRACAS et le PNAR, cet objectif n’a jamais été atteint. L’ancien ministre, chercheur et expert en agriculture, qui portait ce message sur les ondes hertziennes, ne me démentira pas. Pourtant, malgré l’échec cuisant des programmes de souveraineté alimentaire à travers les différents régimes, ces derniers ne sont jamais évalués et aucune responsabilité n’est située.
Il est grand temps que cette agriculture, qui occupe 70 % de la population, cesse d’être prise en otage par des politiciens qui cherchent davantage à se construire une image qu’à aborder la question avec sérieux. Les programmes sectoriels, souvent farfelus, se succèdent sans réelle cohérence, avec un mode opératoire qui semble viser à enrichir sans effort des hommes de main des régimes précédents. Ce qui fait que tout le matériel importé est de mauvaise qualité et est livré tout le temps aux pauvres paysans. Ces derniers, abandonnés à leur sort, sans services après ventes, ni pièces de rechanges, finissent par les abandonner pour devenir des épaves, perdus à chaque kilomètre dans les zones de production.
Face à ce constat, nous venons de porter démocratiquement au pouvoir une nouvelle équipe, ou plutôt un nouveau régime, chargé de la gestion du pays et de la prise en charge du destin des populations.
Je vous interpelle aujourd’hui sur deux problématiques majeures auxquelles nous devons faire face. La première concerne le mal-être des Sénégalais, plongés dans une situation économique défavorable, héritée des échecs répétés des régimes précédents. La seconde est celle de l’emploi des jeunes, dont le taux de chômage élevé constitue un défi urgent à relever.
Pour résoudre ces deux problèmes, il ne suffit pas de lancer des programmes annoncés avec fracas et sans réelle substance. Je crois fermement qu’il est fondamental que les nouvelles autorités initient des assises nationales sur l’agriculture et le chômage des jeunes. Ces assises devront impliquer toutes les parties prenantes afin d’élaborer une feuille de route claire et des stratégies concrètes pour apporter des solutions durables.
Elu démocratiquement le 24 Mars 2024, le Président de la République M. Bassirou Diomaye Diakhar FAYE vient de boucler une année à la tête de ce pays. Malgré toutes les pertinentes stratégies mises en place dans plusieurs secteurs, à l’image de beaucoup de pays du monde, la problématique de l’emploi des jeunes reste toujours un véritable casse-tête. Pour pallier cette pressante préoccupation des actions concrètes doivent être posées. Pour se faire, le mouvement PROGRES propose le programme « SENEGAL AGRICOLE ». Dès cette campagne de l’hivernage 2025, de concert avec tous les acteurs et citoyens (Enseignants, militaires, étudiants, ministres, députés, commerçants, entrepreneurs) l’Etat devra mettre en place des mécanismes pour assurer un retour vers l’agriculture.
Le développement de notre agriculture passe inéluctablement par le développement des chaines de valeur agricoles dans les différentes zones agro-écologiques du pays. En d’autres termes chaque zone a ses spécificités et doit faire l’objet de création de richesse et d’emploi en fonction des potentialités intrinsèques. Il s’agira entre autres de poser des actes concrets pour procéder à l’élargissement des superficies emblavées, renforcer et finaliser le projet de création des zones de développement agricoles spécialisées (DAC, ANIDA, Agropoles etc.), le développement de l’agro-industrie en collaboration avec le secteur privé local (agro-industrie et unités artisanales), une implication réfléchie et raisonnée de la jeunesse et enfin de concert avec les structures d’appui techniques renforcer la structuration des chaines de valeur agricoles en prenant en compte l’existent. Je rappelle qu’a date le monde rural regorge aussi des modèles économiques réussis qui ont valu beaucoup de success stories aux faitières (Union de Débit Tiguette, Union Pont Gendarme, Union NDIAYE, Union Thiléne, FEPROMAS, Entente de Diouloulou etc.). En sus, des interprofessions très bien organisées existent et sont capables de porter les politiques de développement agricoles en interagissant avec la tutelle et toutes les parties prenantes. Il suffit juste de mettre en place des cadres et un dispositif de suivi évaluation qui sera managé par les structures agricoles décentralisées.
NB : Il est impératif de dégager des stratégies pour attirer la jeunesse à exercer l’activité agricole. En d’autres termes, nous devons rendre notre agriculture sexy pour inciter cette jeunesse technologique de la pratiquer. C’est un préalable qu’il faudra impérativement intégrer.
L’ACCES AUX FACTEURS DE PRODUCTION : UN PREALABLE POUR LE DEVELOPPEMENT DE NOTRE AGRICULTURE :- Gestion de l’eau agricole et de l’énergie :
Relativement, à la maitrise de l’eau et de l’énergie :
- à travers les eaux de surface et souterraine : il faut actionner les leviers pour la mise en place de technologie moderne pour la maîtrise de l’eau à travers tout le pays. En fonction des différentes spéculations, mettre en place des systèmes et réseau d’irrigation au profit des acteurs de l’agrobusiness et des petits producteurs à travers des modèles de partenariat public privé (PPP). En d’autres termes, ce chantier sera mis en œuvre de concert avec les structures publiques et les partenaires techniques qui sont à la base.
- Parallèlement, les initiatives relatives à la gestion, la maitrise et la revalorisation des eaux pluviales doivent être accentuées à travers des bassins de collecte. Les techniciens capables de porter ce projet existent et des success stories existent aussi dans ce domaine. En collaboration avec le secteur privé local, encourager et renforcer, à travers des subventions (privées ou publiques), la construction et la réhabilitation des forages pour un accès en tout temps à l’eau dans les zones surtout horticoles.
- Pour augmenter le revenu du producteur, rentabiliser notre agriculture et l’inscrire dans la durabilité, l’énergie solaire constitue une réelle alternative pour accompagner la mécanisation relative à la production agricole. Fort heureusement, nous avons aussi un secteur privé local capable d’installer des dispositifs solaires dans les différentes zones agroécologiques. Nous pouvons citer : BONERGIE, IBRIZ, PARAR CONSULTING, HEXING etc. Il suffit juste de visiter la zone des niayes et la vallée du fleuve Sénégal pour apprécier la qualité de leurs services au profit des producteurs
- Accès au foncier :
- Organisation et accroissement des financements :
Pour pallier les risques inhérents à l’activité agricole, la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal (CNAAS) doit être appuyée de concert avec sa tutelle. Le secteur privé en collaboration avec les structures d’appui techniques doit aussi être appuyé afin de participer activement au processus de mis en place des schémas de financement sécurisant dans les différentes zones agricoles du pays.
- Création de chaines de valeurs :
Pour éviter les pertes post-récoltes, à travers l’innovation technologique, la transformation et le conditionnement des produits agricoles doit être une réalité. Une démarche qualité devra aussi mise en place pour les besoins de compétitivité et d’exportation de nos produits agricoles.
- Accroissement et modernisation des équipements et infrastructures agricoles :
- Instituions agricoles et Ressources humaines et reconstitution du capital semencier
Pour appuyer l’ISRA dans le cadre du programme de reconstitution du capital semencier il faudra : commanditer une étude du système semencier, de la sélection à la consommation, élaborer une politique semencière en adéquation avec les chaines de valeurs semencières, mettre en place un fonds souverain pour le financement des équipes de sélection, les unités de production de semences, du service de contrôle et de certification des semences (Disem, Drdr, Sddr, laboratoires semences, personnel et moyens, améliorer la base productive pour installer des grandes fermes dédiées a la semences (amélioration des terres, irrigation, mécanisation et conservation, clôture, etc.), mise en place de crédit pour le secteur privé et les acteurs semenciers pour la production, la commercialisation et la conservation des semences de base et certifiées et enfin assurer la traçabilité et la digitalisation des flux et circuits semences jusqu’aux destinataires finaux.
Il s’agira aussi d’augmenter le budget de fonctionnement et de moderniser la logistique de ces instituions afin de répondre en toute célérité aux besoins des producteurs à la base. Tous les agents doivent être formés et capacités périodiquement. La recherche doit activement être appuyée pour pourvoir régler les préoccupations relatives à la rareté de l’engrais, à la faiblesse de l’innovation technologique, à la vulgarisation et de transfert technologique.
Ce chantier doit aussi être mis en œuvre à travers des passerelles via les institutions de formation professionnelles agricole comme l’ENSA de Thiès, l’ISFAR de Bambey, les UFR agricoles de l’UCAD, de l’UGB, de l’UASZ, les ISEP etc.
- La Transformation et le conditionnement des produits agricoles
Des stratégies allant dans le sens d’améliorer le plateau technique des agroindustriels (vallée du fleuve, Touba, SONACOS, Zone Sud, Zone Centre) doivent être mises en œuvre de concert avec le secteur privé, les institutions de financement etc. C’est possible grâce à des modèles et schémas de co-investissement. L’accent devra être mis surtout sur les produits périssables tels que la pomme de terre, l’oignon, la mangue, la tomate, la banane et les produits à haute valeur ajoutée en général etc. Les initiatives privées pour le développement de la transformation et l’acquisition d’infrastructures de stockage et de conditionnement doivent aussi être encouragées pour le développement des chaines de valeurs agricoles et agroalimentaires. Enfin, les coopératives productives solidaires qui seront créés seront très utiles pour faciliter la mise en place de système de marché à travers des schémas contractuels afin de faciliter l’écoulement de la production agricole et agroalimentaire.
Au total, ces fortes propositions relatives à la promotion de la transformation et la conservation des produits agricoles ont pour finalité la création de valeur ajoutée au niveau rural, seule voie pour enrichir et améliorer le niveau de vie du producteur agricole. Au demeurant, elles concourent à l’amélioration de la qualité et la compétitivité des produits agricoles et agroalimentaires et la création d’emplois supplémentaires spécifiques au profit des jeunes et des femmes.
M. Djibril BA
Ingénieur Agronome
Ingénieur Financier
MBA en finance et management
Doctorant en sciences économique et de gestion
Président du Mouvement Progrès, Allié de la Mouvance Présidentielle
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