Sénégal – élections – Saint Louis : les ministres de Wade "pliés" par l’opposition

Les manquements de divers ordres relatifs à la non-installation complète du matériel électoral dans les bureaux de vote ont failli plomber le déroulement normal du scrutin à Saint-Louis hier, dimanche 22 mars. Alors que ce matériel devait être mis en place bien avant même 08 heures du matin, conformément au code électoral, il n’en a rien été. Les électeurs Saint-Louisiens, venus exprimer leurs suffrages, ont dû patienter pendant près de deux heures avant de pouvoir s’atteler librement à leur devoir de citoyen. Pas mal d’urnes étaient dépourvues de cadenas, les enveloppes de bulletins et les tampons manquaient, des présidents de bureaux et assesseurs ne répondaient pas présent dans les bureaux. Conséquence : le vote a démarré tardivement dans beaucoup de centres, en créant la confusion et le dépit chez les électeurs. Au centre unique du quartier de Gokhou Mbadj, sur la Langue de barbarie, un des plus grands centres de vote de Saint-Louis avec quelque 8185 électeurs et 11 bureaux, les opérations de vote n’ont pu ainsi réellement démarré que vers 11 heures. Tout le processus ayant été bloqué par le président du centre et les mandataires des listes en compétition qui ont choisi d’attendre la mise à disposition du matériel manquant afin de sécuriser le vote. Ces mêmes impairs ont touché presque tous les centres de vote répartis dans Saint-Louis commune, retardant de près de deux heures les opérations électorales. Ainsi en a-t-il été aux centres de Léona-Eaux Claires et de Médina Courses. A Abdoulaye Mbengue Khaly dans la Langue de Barbarie, un grand centre qui recense quelque 6955 électeurs répartis dans 09 bureaux et dont la particularité est d’être le lieu de vote de trois têtes de liste (Ameth Fall Braya, Alioune Badara Cissé et Mame Fatou Kaïré), les opérations électorales n’ont commencé à s’effectuer normalement dans certains bureaux que vers 09h30.

Ces divers manquements n’ont cependant point empêché d’autres centres de Saint-Louis commune de s’atteler correctement à leurs opérations de vote, les entraves ayant été résorbées rapidement. Au centre de Bango qui connaissait une affluence notable tôt le matin, à Rawane Ngom où a voté le ministre Bacar Dia, à Santhiaba (Ndar-Toute) où Cheikh Bamba Dièye, tête de liste Bennoe ligueey Senegaal, a effectué son devoir d’électeur, les procédures de vote ont démarré normalement et sans grande entrave pour les électeurs de Ndar. Des votants qui se sont présentés dans la plupart les bureaux, à allure de sénateur. Une faible affluence a été notée ainsi au cours de la matinée, sauf dans les grands centres envahis tôt par les votants. Les opérations de vote se sont toutefois déroulées très lentement, au grand dam des électeurs. Au centre de Rawane Ngom, ex-école Diamaguène des Filles pour exemple, seule une quarantaine d’électeurs avaient exprimé leurs suffrages près de trois heures après le démarrage des opérations.

Percée de la coalition Beenno Ligueey Senegaal

Les votants « Ndar-Ndar » allaient nonchalamment partir à l’assaut des urnes, en milieu d’après midi. La conséquence fut qu’avec les lenteurs constatées dans le processus de vote, beaucoup d’électeurs n’étaient pas parvenus à voter alors que sonnait l’heure officielle de fermeture des bureaux. Notant que l’arrêté préfectoral de prolongation du scrutin tardait à venir, les présidents de bureaux ont opté de fait de poursuivre les opérations. Mais la suspicion de fraude jouant entre mandataires et représentants des listes en compétition, les bisbilles et accrochages ont surgi dans certains centres qui manquaient même de bulletins, à l’instar du grand centre d’Abdoulaye Mbengue Khaly. Bon an mal an, les opérations se sont quand même poursuivies jusque dans la nuit.

Les premiers résultats sortis des urnes donnaient un ballottage légèrement favorable à la coalition Benno Ligeey Senegaal qui regroupe la LD, le PIT, le Jëf Jël, l’APR et le FSD-BJ dont le chef de file, Cheikh Bamba Dièye, a été choisi pour conquérir la mairie de Saint-louis. Au bureau n° 1 de Ndatté Yalla (Quartier Sud), un bastion traditionnel des libéraux, l’opposition raflait la mise avec 168 voix pour les municipales contre 116 voix pour la coalition Sopi 2009. Même topo dans certains bureaux de vote de Lèona, fief du ministre Ousmane Ngom. Aux bureaux 01, 05, 06, les compagnons de Cheikh Bamba Dièye maintenaient leur légère avance devant les troupes du maire sortant Ousmane Masseck Ndiaye. Les premiers résultats des centres de Darou, d’Emile Sarr, de Soukeyna Konaré et de Pikine, une zone déterminante dans le vote à l’instar du populeux et engagé quartier de Guet-Ndar, installaient aussi en tête du scrutin la coalition regroupant les partis les plus significatifs de l’opposition sénégalaise. La question à mille francs que se posaient avant de dormir les habitants de la vieille ville était alors de savoir si Saint-Louis où près de six ministres libéraux de la République ont voté, à l’instar de Cheikh Tidiane Sy, Ousmane Masseck Ndiaye, Ousmane Ngom, Madiché Niang, Awa Ndiaye et Bacar Dia, n’allait pas tomber dans l’escarcelle de l’Opposition…