Sénégal – grâce pour les émeutiers de Kédougou : après le bâton, la carotte

Les jeunes de Kédougou emprisonnés dans le cadre des violentes émeutes du 23 décembre dernier vont bientôt humer l’air de la liberté. Le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade s’est engagé à leur accorder une grâce présidentielle. Après plusieurs sollicitations et tractations dans ce sens, le président Abdoulaye Wade a enfin décidé d’accéder à ces nombreuses demandes au troisième jour de la campagne électorale pour les élections locales du 22 mars prochain.



Le chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade
Lors d’une rencontre avec l’association des élèves et étudiants ressortissants de Kédougou, le chef de l’Etat avait promis de faire libérer toutes les personnes arrêtées dans le cadre des émeutes de Kédougou du 23 décembre 2008. Selon la RFM qui donne l’information (ce mardi 3 mars) «Abdoulaye Wade va saisir le procureur de la République pour blanchir toutes ces personnes. Si c’est effectif un décret présidentiel sera pris afin qu’ils aient un casier judiciaire vierge».

Lors de la visite des ministres de l’Intérieur et des Forces Armées à Kédougou, l’imam Thierno Mamadou Alpha Bâ, l’unique personne à qui la délégation gouvernementale avait accordé la parole, avait demandé aux autorités la libération des jeunes. Et Cheikh Tidiane Sy leur avait répondu : «nous sommes venus pour vous présenter nos condoléances. Pour ce qui est de la libération des jeunes, il faut que force reste à la loi». A côté de ces Kédovins, des organisations des droits de l’Homme, qui ont vivement dénoncé les émeutes, ont à leur tour formulé des demandes de libération des jeunes. En vain.

Cette grâce du président de la République et secrétaire général national du Parti Démocratique Sénégal dans un contexte électoral suscite des interrogations.

Pour rappel, le mardi 23 décembre dernier la région de Kédougou était à feu et à sang. Les jeunes notamment des étudiants qui réclamaient de meilleures conditions d’existence à Dakar et plus de lumière dans la gestion des ressources issues des exploitations des mines ont violement manifesté. Une manifestation qui avait dégénéré et provoqué l’intervention de l’armée. Deux morts ont été officiellement enregistrés dont Mamadou Sina Sidibé par balle. Les éléments du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) avaient fait une descente à Kédougou pour procéder à des arrestations fracassantes.

Depuis lors, la lumière n’est pas encore faite sur la mort de Mamadou Sina Sidibé tué par balle. La brutalité des arrestations et perquisitions les jours qui ont suivi les émeutes avait poussé des organisations des droits de l’Homme telles que l’ONDH (Organisation nationale des droits de l’Homme), Amnesty International section Sénégal à demander au Comité contre la torture des Nations Unies d’enquêter sur les faits de torture récurrents et avérés à Kédougou.

Awa DIEDHIOU

Mardi 3 Mars 2009 12:56


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