Zaynab Sangaré, journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation, a adressé une lettre ouverte à la Société civile sénégalaise pour la transparence et la bonne gouvernance. Elle exprime ses préoccupations face au manque d'accès à l'information publique au Sénégal, malgré les efforts de la société civile et des organisations comme Article 19 et le Forum Civil.
Elle déplore que les sites gouvernementaux ne fournissent pas de données essentielles, empêchant ainsi les citoyens d'accéder aux informations importantes. Mme Sangarè appelle la Société civile à unir ses efforts pour exiger une transparence réelle.
Voici in extenso l’intégralité de son message
Madame, Monsieur de la société civile,
Je vous écris en tant que journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation, profondément engagée dans la quête d’une gouvernance transparente et responsable. Aujourd'hui, au Sénégal, la démocratie et l’accès à l'information sont menacés, et il est impératif que la société civile joue un rôle de premier plan pour défendre ces droits fondamentaux.
Le droit à l’information et l’accès à celle-ci sont essentiels pour garantir la participation citoyenne et renforcer la bonne gouvernance.
Cependant, au Sénégal, ce droit demeure largement inopérant. Malgré les efforts continus de la société civile, en particulier d’organisations comme l’association Article 19 et le Forum Civil, les régimes précédents n'ont pas voté la loi sur l'accès à l'information, pourtant cruciale pour la transparence. Il est regrettable de constater que ce manque persiste, même sous l’actuel régime.
Plus récemment, le 16 août 2023, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a déclaré lors de sa première sortie politique qu’il n’avait aucun compte à rendre à l’opposition ni aux journalistes.
Ces propos, qui ont soulevé de nombreuses inquiétudes, sont aujourd'hui suivis d’actes concrets qui sapent la transparence et la redevabilité. En tant que journaliste, je constate que ces affirmations ont trouvé une matérialisation dans la non-mise en ligne des informations cruciales sur les sites des ministères, bloquant ainsi l'accès du public aux informations sur les décrets, contrats et autres documents essentiels à une gouvernance transparente.
L'UNESCO, dans le cadre de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, reconnaît l’accès à l’information comme un droit fondamental. Chaque année, le 28 septembre, est célébrée la Journée internationale de l’accès universel à l’information, un rappel de l’importance de garantir ce droit. Les Nations Unies, de leur côté, ont défini cinq principes mondiaux pour garantir l'intégrité de l'information : la confiance et la résilience de la société, des incitations saines, la responsabilisation du public, des médias indépendants et la transparence.
Malheureusement, le gouvernement actuel semble ignorer ces principes en privant les citoyens d’un accès ouvert à l’information.
En tant que journaliste spécialisée en data journalisme, je suis particulièrement préoccupée par le manque de disponibilité des données essentielles pour effectuer des recherches approfondies sur la gestion publique. Le refus de publier les contrats publics et les accords non classifiés, ainsi que la non-activation des sites des ministères, privent les Sénégalais de la transparence à laquelle ils ont droit. Le slogan gouvernemental en wolof, « Jubb Jubbeel Jubanti », prônant une révolution de la transparence, est pour l’instant sans effet concret.
Je lance donc un appel solennel à vous, acteurs de la société civile, pour que vous unissiez vos efforts avec ceux des journalistes et d’autres acteurs pour exiger du gouvernement une véritable transparence. Nous demandons que tous les sites officiels des ministères et institutions de l’État soient activés et mis à jour, que les informations publiques soient publiées régulièrement, et que la transparence dans la gestion des deniers publics soit respectée.
Nous entrons dans une phase critique de notre vie démocratique avec les élections législatives à venir, les premières sous ce nouveau gouvernement. Il est impératif que chaque citoyen ait accès à des informations fiables pour participer pleinement au processus démocratique. Je suis convaincue qu’ensemble, avec l’engagement de la société civile sénégalaise, nous pouvons faire avancer ce plaidoyer pour une démocratie plus transparente et plus responsable.
Je vous remercie pour votre attention et votre engagement. Respectueusement,
Zaynab SANGARÈ
Journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation
Elle déplore que les sites gouvernementaux ne fournissent pas de données essentielles, empêchant ainsi les citoyens d'accéder aux informations importantes. Mme Sangarè appelle la Société civile à unir ses efforts pour exiger une transparence réelle.
Voici in extenso l’intégralité de son message
Madame, Monsieur de la société civile,
Je vous écris en tant que journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation, profondément engagée dans la quête d’une gouvernance transparente et responsable. Aujourd'hui, au Sénégal, la démocratie et l’accès à l'information sont menacés, et il est impératif que la société civile joue un rôle de premier plan pour défendre ces droits fondamentaux.
Le droit à l’information et l’accès à celle-ci sont essentiels pour garantir la participation citoyenne et renforcer la bonne gouvernance.
Cependant, au Sénégal, ce droit demeure largement inopérant. Malgré les efforts continus de la société civile, en particulier d’organisations comme l’association Article 19 et le Forum Civil, les régimes précédents n'ont pas voté la loi sur l'accès à l'information, pourtant cruciale pour la transparence. Il est regrettable de constater que ce manque persiste, même sous l’actuel régime.
Plus récemment, le 16 août 2023, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a déclaré lors de sa première sortie politique qu’il n’avait aucun compte à rendre à l’opposition ni aux journalistes.
Ces propos, qui ont soulevé de nombreuses inquiétudes, sont aujourd'hui suivis d’actes concrets qui sapent la transparence et la redevabilité. En tant que journaliste, je constate que ces affirmations ont trouvé une matérialisation dans la non-mise en ligne des informations cruciales sur les sites des ministères, bloquant ainsi l'accès du public aux informations sur les décrets, contrats et autres documents essentiels à une gouvernance transparente.
L'UNESCO, dans le cadre de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, reconnaît l’accès à l’information comme un droit fondamental. Chaque année, le 28 septembre, est célébrée la Journée internationale de l’accès universel à l’information, un rappel de l’importance de garantir ce droit. Les Nations Unies, de leur côté, ont défini cinq principes mondiaux pour garantir l'intégrité de l'information : la confiance et la résilience de la société, des incitations saines, la responsabilisation du public, des médias indépendants et la transparence.
Malheureusement, le gouvernement actuel semble ignorer ces principes en privant les citoyens d’un accès ouvert à l’information.
En tant que journaliste spécialisée en data journalisme, je suis particulièrement préoccupée par le manque de disponibilité des données essentielles pour effectuer des recherches approfondies sur la gestion publique. Le refus de publier les contrats publics et les accords non classifiés, ainsi que la non-activation des sites des ministères, privent les Sénégalais de la transparence à laquelle ils ont droit. Le slogan gouvernemental en wolof, « Jubb Jubbeel Jubanti », prônant une révolution de la transparence, est pour l’instant sans effet concret.
Je lance donc un appel solennel à vous, acteurs de la société civile, pour que vous unissiez vos efforts avec ceux des journalistes et d’autres acteurs pour exiger du gouvernement une véritable transparence. Nous demandons que tous les sites officiels des ministères et institutions de l’État soient activés et mis à jour, que les informations publiques soient publiées régulièrement, et que la transparence dans la gestion des deniers publics soit respectée.
Nous entrons dans une phase critique de notre vie démocratique avec les élections législatives à venir, les premières sous ce nouveau gouvernement. Il est impératif que chaque citoyen ait accès à des informations fiables pour participer pleinement au processus démocratique. Je suis convaincue qu’ensemble, avec l’engagement de la société civile sénégalaise, nous pouvons faire avancer ce plaidoyer pour une démocratie plus transparente et plus responsable.
Je vous remercie pour votre attention et votre engagement. Respectueusement,
Zaynab SANGARÈ
Journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation