J’ai gardé de beaux souvenirs de mon enfance, mon père fut cadre dans une société danoise qui s’appelait « Petersen ». Cette entreprise danoise, implantée à Dakar depuis les indépendances, était spécialisée dans la transformation d’arachides en produits finis (huile, beurre et dérivés).
Les mercredi soir, je n’allais pas à l’école et ma mère me portait souvent trouver mon père après la descente, histoire de faire un tour ensemble au centre ville de Dakar.
C’était le début des années 80, au moment où l’abondance était une réalité et non un fantasme de politicien. Le centre de Dakar était propre, des fois il m’arrive d’aller à Paris et certaines rues me replongent dans la splendeur de certaines rues à Dakar d’il y a 25 ans. Les arbres, l’organisation, les feux rouge, la lumière, la perfection des routes, la salubrité.
A Dakar tout était à mesure d’homme, le transport urbain était bien géré par la société de transports de l’époque (Sotrac), les arrêts bus étaient un peu partout et la fréquence des bus était des meilleures. Il y’avait du vert partout, arbres, espaces de jeux pour enfants, l’effectif des écoles était contenu. Les gens mangeaient encore dans les restos sans y penser deux fois. A l’époque il n’y avait pas de gargote, les restos étaient à la portée de tout le monde.
Actuellement quand je retourne à Dakar pour mes vacances annuelles, je trouve une ville désolée, une pauvreté accrue au demeurant. Femmes, handicapés, enfants, tous mendient pour survivre. Le mois d’août dernier, j’étais à l’avenue William Ponty. Déjà à 8 heures du matin, la pollution y était à un niveau record, les mendiants contemplaient à travers les vitres de la pâtisserie, les « galettes », les rares fonctionnaires sénégalais qui peuvent encore se payer un petit déjeuner à 1500 F CFA (environ 2,5€) ou bien les quelques fonctionnaires internationaux souvent européens qui travaillent au centre ville.
Il m’est arrivé le week-end d’aller à la gare routière pour aller au centre du Sénégal, plus particulièrement à la ville Sainte de Touba. Vers 9 :00 du matin, j’étais à l’entrée de Pikine dans la banlieue de Dakar, plus précisément à la gare routière improvisée de « Pakou Lambay ».
Partout il y avait des vendeurs ambulants, on vend tout à la gare routière de Pakou Lambay : bananes, parapluie, rétroviseur pour voiture, cartes prépayées de téléphone portable, thé, CD de musiques, pain au chocolat… Parmi les vendeurs, il y’avait majoritairement des jeunes filles entre 10 et 15 ans. Elles avaient la peau crasseuse à cause de la pollution et de la poussière. Elles se faufilaient entre les voitures, présentaient leurs produits en criant. La vie des ces mineures se base sur l’économie journalière de subsistance, elles ne vont pas à l’école et n’ont pas d’avenir.
Sur la route vers Touba qui naguère fut une route excellente, désormais le spectacle y est désolant, il n’y a plus de goudron, la route est devenu un mixte de terre rouge argileuse et de goudron.
Les routes du Sénégal sont dangereuses, sans compter l’insouciance des conducteurs des moyens de transport urbains et extra-urbains.
Les sénégalais sont majoritairement pauvres, mangent peu et mal. Les quelque privilégiés sont les membres du gouvernement, ou ex membres du gouvernement qui vivent dans les quartiers chics de Dakar (Almadies, Fann Résidence…)
J’aime le Sénégal, j’aime mon pays et je fais un appel à tous mes concitoyens de redorer le blason avant qu’il ne soit trop tard. Le gouvernement actuel sénégalais n’a aucun projet d’urbanisation sérieuse, la polio et la lèpre continuent à y progresser, bref c'est un pays qui se meurt.
par Bamba N., Employé Bureau Commercial
Bamba Niang