"Hier soir, l'un a délivré le dernier discours de sa campagne présidentielle, et l'autre, le premier de sa présidence." Sur le blog du mensuel The New Republic, David Kusnet, "plume" de Bill Clinton de 1992 à 1994, analyse les sobres interventions des deux désormais ex-candidats à la Maison Blanche. Saluant la "sincérité" du discours de John McCain, assumant sa "responsabilité personnelle" dans la défaite, M. Kusnet souligne que dans le même esprit, Barack Obama "a attribué sa victoire à d'autres – ses partisans, les électeurs américains et l'ensemble du système gouvernemental américain".
Ces courtoisies montrent, selon David Kusnet, que "les deux hommes pourraient devenir alliés face à une crise et des préoccupations communes". En reprenant son poste de sénateur de l'Arizona au Congrès, John McCain pourrait de nouveau apporter la preuve de son indépendance à l'égard du Parti républicain. Le webzine Salon en est moins convaincu. "Si McCain se dit ouvert à la politique de la branche d'olivier, sa défaite l'ancre en réalité davantage à droite", ses victoires électorales étant confinées aux Etats du Sud, au Midwest rural et aux Etats sous-peuplés des Rocheuses.
GARE AUX CHEVEUX BLANCS
Le discours d'unité d'Obama permettra-t-il d'insuffler une nouvelle dynamique dans une Maison Blanche moribonde ? L'influente Arianna Huffington le croit. "Même si leur candidat n'a pas gagné, tous les Américains ont une raison de célébrer" l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche, écrit-elle sur le Huffington Post. "Et pas seulement parce qu'ils ont élu à la présidence le fils d'un Kényan et d'une femme du Kansas. Mais parce que ce scrutin prouve que nous sommes de nouveau une nation guidée par l'espoir et la promesse, et plus par la peur." En ce sens, le vote d'hier contraste vivement avec la réélection de George W. Bush en 2004 – le summum du pouvoir de la peur, selon Arianna Huffington. "Bien sûr, il faudra plus que de grands rêves pour sortir l'Amérique des nombreuses crises auxquelles elle doit faire face. (...) Mais cette époque de changements stimulants offre au nouveau président l'occasion de transformer en profondeur les Etats-Unis", poursuit-elle avec optimisme.
D'autres commentateurs livrent des conseils plus personnels à Barack Obama, à l'instar de l'écrivaine Alice Walker (La Couleur pourpre) sur The Root. "L'un de vos devoirs principaux est d'entretenir le bonheur de votre famille", écrit la militante féministe dans une lettre ouverte au futur président, soulignant que "le succès est avant tout une affaire intérieure". "Nous voyons trop d'hommes à la Maison Blanche (...) voir leurs cheveux blanchir autant que le bâtiment qu'ils occupent."
Plus sérieusement, le New York Times met en garde contre l'excès d'enthousiasme. L'état de grâce dont va bénéficier le 44e président américain risque d'être bref. "Ce sénateur de 47 ans, qui a le pouvoir de mobiliser les foules mais peu d'expérience exécutive, aura sur ses épaules la responsabilité de mener deux guerres, protéger la nation d'une éventuelle attaque terroriste et recoudre les morceaux d'une économie tombée en lambeaux."
UNE PREMIÈRE VICTOIRE
A cet inventaire, le Washington Post ajoute un défi supplémentaire : celui de rassembler son parti autour d'une base électorale inédite, incluant notamment les jeunes et les classes supérieures blanches. Les nouvelles alliances au sein du Parti démocrate ont permis à Barack Obama de remporter quelques bastions républicains, comme l'Ohio, l'Indiana et le Colorado. Mais celles-ci pourraient s'effriter, chaque courant du parti cherchant à s'attirer les faveurs du président : "Certains vont arguer que les conditions économiques requièrent un activisme et une intervention de l'Etat plus importants, comme en 1933.
D'autres se référeront au premier mandat de Lyndon Johnson en 1965, qui fit entrer le pays dans une période de gouvernance libérale. D'autres encore se souviendront des débuts de Bill Clinton en 1993, lorsque les démocrates s'étaient engagés sur une ligne libérale", avant de perdre, deux ans plus tard, leur majorité au Congrès. "Obama a prouvé durant la campagne ses capacités à survoler ces contradictions. Il devra employer les mêmes méthodes, en tant que président, pour élargir la coalition qui l'a élu", poursuit le Post.
Il est en tout cas un défi que Barack Obama a immédiatement relevé avec brio, note Gerald Epstein, du Centre d'études stratégiques et internationales sur le forum de Politico : celui de ressusciter un "incroyable élan de sympathie internationale" vis-à-vis des Etats-Unis, alors que celle-ci avait été largement ébranlée par huit années d'administration Bush. Reste maintenant à Obama à prouver qu'il est à la hauteur des attentes, nationales et internationales, suscitées par sa campagne.
Ces courtoisies montrent, selon David Kusnet, que "les deux hommes pourraient devenir alliés face à une crise et des préoccupations communes". En reprenant son poste de sénateur de l'Arizona au Congrès, John McCain pourrait de nouveau apporter la preuve de son indépendance à l'égard du Parti républicain. Le webzine Salon en est moins convaincu. "Si McCain se dit ouvert à la politique de la branche d'olivier, sa défaite l'ancre en réalité davantage à droite", ses victoires électorales étant confinées aux Etats du Sud, au Midwest rural et aux Etats sous-peuplés des Rocheuses.
GARE AUX CHEVEUX BLANCS
Le discours d'unité d'Obama permettra-t-il d'insuffler une nouvelle dynamique dans une Maison Blanche moribonde ? L'influente Arianna Huffington le croit. "Même si leur candidat n'a pas gagné, tous les Américains ont une raison de célébrer" l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche, écrit-elle sur le Huffington Post. "Et pas seulement parce qu'ils ont élu à la présidence le fils d'un Kényan et d'une femme du Kansas. Mais parce que ce scrutin prouve que nous sommes de nouveau une nation guidée par l'espoir et la promesse, et plus par la peur." En ce sens, le vote d'hier contraste vivement avec la réélection de George W. Bush en 2004 – le summum du pouvoir de la peur, selon Arianna Huffington. "Bien sûr, il faudra plus que de grands rêves pour sortir l'Amérique des nombreuses crises auxquelles elle doit faire face. (...) Mais cette époque de changements stimulants offre au nouveau président l'occasion de transformer en profondeur les Etats-Unis", poursuit-elle avec optimisme.
D'autres commentateurs livrent des conseils plus personnels à Barack Obama, à l'instar de l'écrivaine Alice Walker (La Couleur pourpre) sur The Root. "L'un de vos devoirs principaux est d'entretenir le bonheur de votre famille", écrit la militante féministe dans une lettre ouverte au futur président, soulignant que "le succès est avant tout une affaire intérieure". "Nous voyons trop d'hommes à la Maison Blanche (...) voir leurs cheveux blanchir autant que le bâtiment qu'ils occupent."
Plus sérieusement, le New York Times met en garde contre l'excès d'enthousiasme. L'état de grâce dont va bénéficier le 44e président américain risque d'être bref. "Ce sénateur de 47 ans, qui a le pouvoir de mobiliser les foules mais peu d'expérience exécutive, aura sur ses épaules la responsabilité de mener deux guerres, protéger la nation d'une éventuelle attaque terroriste et recoudre les morceaux d'une économie tombée en lambeaux."
UNE PREMIÈRE VICTOIRE
A cet inventaire, le Washington Post ajoute un défi supplémentaire : celui de rassembler son parti autour d'une base électorale inédite, incluant notamment les jeunes et les classes supérieures blanches. Les nouvelles alliances au sein du Parti démocrate ont permis à Barack Obama de remporter quelques bastions républicains, comme l'Ohio, l'Indiana et le Colorado. Mais celles-ci pourraient s'effriter, chaque courant du parti cherchant à s'attirer les faveurs du président : "Certains vont arguer que les conditions économiques requièrent un activisme et une intervention de l'Etat plus importants, comme en 1933.
D'autres se référeront au premier mandat de Lyndon Johnson en 1965, qui fit entrer le pays dans une période de gouvernance libérale. D'autres encore se souviendront des débuts de Bill Clinton en 1993, lorsque les démocrates s'étaient engagés sur une ligne libérale", avant de perdre, deux ans plus tard, leur majorité au Congrès. "Obama a prouvé durant la campagne ses capacités à survoler ces contradictions. Il devra employer les mêmes méthodes, en tant que président, pour élargir la coalition qui l'a élu", poursuit le Post.
Il est en tout cas un défi que Barack Obama a immédiatement relevé avec brio, note Gerald Epstein, du Centre d'études stratégiques et internationales sur le forum de Politico : celui de ressusciter un "incroyable élan de sympathie internationale" vis-à-vis des Etats-Unis, alors que celle-ci avait été largement ébranlée par huit années d'administration Bush. Reste maintenant à Obama à prouver qu'il est à la hauteur des attentes, nationales et internationales, suscitées par sa campagne.