Sœur Angélique donne des cours d'alphabétisation à des femmes déplacées. RFI/Habibou Bangré
Sœur Angélique : C’est ma rencontre avec une religieuse allemande qui m’a poussé à devenir sœur. Elle venait dans notre village pour aider les personnes malades. Il y en avait tellement qu’elle n’avait pas le temps de se reposer. A l’âge de 9 ans, je me suis dit que je voulais devenir comme elle, afin de l’aider, pour qu’elle ait le temps de se reposer.
J’ai grandi avec cette idée et j’ai rejoint la maison de formation des sœurs. Là-bas, j’ai retrouvé des passages évangéliques sur Jésus où il est écrit : « Il était passé partout en faisant le bien. Il n’avait pas le temps de se reposer » et « Jésus a dit : tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait ». Ce sont ces deux exemples, celui de Jésus et de la religieuse allemande, qui m’ont poussé à devenir sœur.
Pourquoi vous consacrez-vous aux réfugiés ?
J’ai moi-même été déplacée en 2009. Cette expérience m’a conduit à me consacrer aux femmes qui ont elles aussi vécu ce traumatisme. Pendant les enlèvements par l’Armée de résistance du seigneur, elles ont subi des violences sexuelles. Et on les obligeait à tuer les enfants qui avaient tenté de s’échapper. Elles devaient leur donner des coups de bâton sur la tête.
Et pourquoi les femmes en particulier ?
Pour moi, la femme a une grande importance dans la société. On dit qu’éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation. Je vois des femmes traumatisées, qui ont assisté à la mort de leur mari et qui se retrouvent avec 8, 9, 10 ou 12 enfants. Si je les abandonne dans cette souffrance, ce traumatisme, elles vont transmettre ça à leurs enfants et non pas éduquer leurs enfants en bons citoyens.
Comment les aidez-vous au quotidien ?
D’abord, je leur apporte ma présence quotidienne, dans leurs maisonnettes et leurs centres de formation. Elles trouvent quelqu’un qui s’occupe d’elles, de leurs problèmes, qui veut savoir ce dont elles ont besoin. J’héberge aussi de temps en temps des femmes qui ont des relations difficiles avec leur famille, qui sont chassées de chez elles, avant d’essayer d’opérer une médiation entre les deux.
Ensuite, dans les centres de formation, je leur donne des cours d’alphabétisation pour apprendre à lire et écrire, afin qu’elles puissent être en mesure de parler avec les autochtones qui parlent la langue nationale, le lingala. Comme elles viennent des endroits reculés du centre, elles sont habituées à parler leur langue maternelle. Mais si elles continuent à la parler, elles ne vont pas être intégrées… Nous avons aussi le cours de coupe et couture, qui leur donne une profession, et celui d’art culinaire, boulangerie et pâtisserie. Nous les aidons aussi à trouver des emplois en tant que femmes de ménage.
Il faut qu’elles travaillent quelque part, qu’elles ne restent pas mendiantes, à tendre la main, mais qu’elles puissent scolariser leurs enfants et payer les soins médicaux. C’est le remède pour les aider à surmonter le traumatisme qu’elles ont vécu. Le fait qu’elles soient ensemble avec d’autres femmes, qui viennent d’autres localités qui ont été attaquées, ça leur fait plaisir. Elles jouent, elles partagent, elles rient, elles essayent un peu d’oublier. Elles vivent comme des personnes qui sont en paix.
Combien de femmes avez-vous déjà aidées ?
Depuis 2003, j’ai formé 2 000 femmes. Actuellement, j’en encadre 150.
Qu’avez-vous ressenti en recevant ce prix ?
C’est une grande surprise, je ne m’y attendais pas. Je n’avais jamais entendu parler de ce prix. Mon quotidien, c’est de travailler avec les femmes puis de rentrer chez moi. Je suis très heureuse et reconnaissante vis-à-vis du HCR. J’ai déjà reçu des journalistes et ça m’a aidé à rendre visible mon travail dans le monde entier. C’est le Seigneur qui m’a donné le courage, la persévérance pour aller jusqu’au bout. Tous les hommages que je reçois, venant du monde entier, que cela puisse lui revenir, car je suis l’instrument de travail entre ses mains. Et que les femmes puissent en être bénéficiaires, car c’est grâce à elles que je suis désormais connue dans le monde entier.
Qu’allez-vous faire de la somme qui accompagne le prix?
Je vais le dédier à la formation des femmes. Je voudrais ouvrir une boulangerie semi-industrielle pour qu’on puisse produire beaucoup. Et je voudrais aussi consacrer cet argent à perfectionner certaines activités qu’on a commencées, comme le champ communautaire. J’avais sondé les femmes en leur demandant ce qu’elles aimeraient faire de plus si on avait des fonds supplémentaires. Elles m’ont proposé de créer un champ communautaire pour que chaque femme puisse avoir à manger chaque jour et vendre des légumes sur les marchés.
Source : Rfi.fr
J’ai grandi avec cette idée et j’ai rejoint la maison de formation des sœurs. Là-bas, j’ai retrouvé des passages évangéliques sur Jésus où il est écrit : « Il était passé partout en faisant le bien. Il n’avait pas le temps de se reposer » et « Jésus a dit : tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait ». Ce sont ces deux exemples, celui de Jésus et de la religieuse allemande, qui m’ont poussé à devenir sœur.
Pourquoi vous consacrez-vous aux réfugiés ?
J’ai moi-même été déplacée en 2009. Cette expérience m’a conduit à me consacrer aux femmes qui ont elles aussi vécu ce traumatisme. Pendant les enlèvements par l’Armée de résistance du seigneur, elles ont subi des violences sexuelles. Et on les obligeait à tuer les enfants qui avaient tenté de s’échapper. Elles devaient leur donner des coups de bâton sur la tête.
Et pourquoi les femmes en particulier ?
Pour moi, la femme a une grande importance dans la société. On dit qu’éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation. Je vois des femmes traumatisées, qui ont assisté à la mort de leur mari et qui se retrouvent avec 8, 9, 10 ou 12 enfants. Si je les abandonne dans cette souffrance, ce traumatisme, elles vont transmettre ça à leurs enfants et non pas éduquer leurs enfants en bons citoyens.
Comment les aidez-vous au quotidien ?
D’abord, je leur apporte ma présence quotidienne, dans leurs maisonnettes et leurs centres de formation. Elles trouvent quelqu’un qui s’occupe d’elles, de leurs problèmes, qui veut savoir ce dont elles ont besoin. J’héberge aussi de temps en temps des femmes qui ont des relations difficiles avec leur famille, qui sont chassées de chez elles, avant d’essayer d’opérer une médiation entre les deux.
Ensuite, dans les centres de formation, je leur donne des cours d’alphabétisation pour apprendre à lire et écrire, afin qu’elles puissent être en mesure de parler avec les autochtones qui parlent la langue nationale, le lingala. Comme elles viennent des endroits reculés du centre, elles sont habituées à parler leur langue maternelle. Mais si elles continuent à la parler, elles ne vont pas être intégrées… Nous avons aussi le cours de coupe et couture, qui leur donne une profession, et celui d’art culinaire, boulangerie et pâtisserie. Nous les aidons aussi à trouver des emplois en tant que femmes de ménage.
Il faut qu’elles travaillent quelque part, qu’elles ne restent pas mendiantes, à tendre la main, mais qu’elles puissent scolariser leurs enfants et payer les soins médicaux. C’est le remède pour les aider à surmonter le traumatisme qu’elles ont vécu. Le fait qu’elles soient ensemble avec d’autres femmes, qui viennent d’autres localités qui ont été attaquées, ça leur fait plaisir. Elles jouent, elles partagent, elles rient, elles essayent un peu d’oublier. Elles vivent comme des personnes qui sont en paix.
Combien de femmes avez-vous déjà aidées ?
Depuis 2003, j’ai formé 2 000 femmes. Actuellement, j’en encadre 150.
Qu’avez-vous ressenti en recevant ce prix ?
C’est une grande surprise, je ne m’y attendais pas. Je n’avais jamais entendu parler de ce prix. Mon quotidien, c’est de travailler avec les femmes puis de rentrer chez moi. Je suis très heureuse et reconnaissante vis-à-vis du HCR. J’ai déjà reçu des journalistes et ça m’a aidé à rendre visible mon travail dans le monde entier. C’est le Seigneur qui m’a donné le courage, la persévérance pour aller jusqu’au bout. Tous les hommages que je reçois, venant du monde entier, que cela puisse lui revenir, car je suis l’instrument de travail entre ses mains. Et que les femmes puissent en être bénéficiaires, car c’est grâce à elles que je suis désormais connue dans le monde entier.
Qu’allez-vous faire de la somme qui accompagne le prix?
Je vais le dédier à la formation des femmes. Je voudrais ouvrir une boulangerie semi-industrielle pour qu’on puisse produire beaucoup. Et je voudrais aussi consacrer cet argent à perfectionner certaines activités qu’on a commencées, comme le champ communautaire. J’avais sondé les femmes en leur demandant ce qu’elles aimeraient faire de plus si on avait des fonds supplémentaires. Elles m’ont proposé de créer un champ communautaire pour que chaque femme puisse avoir à manger chaque jour et vendre des légumes sur les marchés.
Source : Rfi.fr