C’est une ONG sud-africaine, l’association Southern Africa Litigation Center, qui a saisi la justice pour qu'Omar el-Béchir soit arrêté puis extradé vers la Cour pénale internationale. Ce dimanche après-midi, un tribunal de Pretoria a donc interdit au président soudanais de quitter l'Afrique du Sud tant que la justice n'aura pas rendu sa décision finale. L'audience a été suspendue jusqu'à demain matin à la demande de l'avocat du gouvernement sud-africain, qui souhaite préparer son argumentaire en vue de cette prochaine session.
Malgré ce report, le juge a donné des garanties fortes à l'ONG plaignante. Le ministère sud-africain de l'Intérieur a reçu l'ordre de contrôler de près tous les points de sortie du territoire dès ce soir. Les officiers aux postes-frontière doivent être rapidement informés afin d'empêcher toute tentative de fuite du président soudanais.
Une première victoire
Cette décision est une première victoire pour l'ONG SACL. Les représentants de l'ONG espèrent que la justice sud-africaine va envoyer un signal fort pour montrer que l'Afrique du Sud respecte le droit international et que le gouvernement se plie à ses obligations constitutionnelles. « Nous avons engagé cette procédure dès que nous avons appris la présence d'Omar el-Béchir en Afrique du Sud et dès que nous avons su qu'il n'avait pas fait l'objet d'une arrestation. Nous avons saisi le juge pour contraindre les autorités sud-africaines à arrêter et transférer el-Béchir à la CPI. Nous pensons que le droit sud-africain et le droit international obligent l'Afrique du Sud à coopérer avec la CPI, y compris au niveau des mandats d'arrêt émis par la CPI », expliquait plus tôt Caroline James, membre de la SACL.
« Si Omar el-Béchir avait été autorisé à regagner son pays avant le jugement, la décision de justice aurait eu une faible portée, elle aurait présenté un intérêt pour les universitaires mais rien d'autre tandis que maintentant on sait que la décision du juge peut aboutir à des actions et à des résultats concrets », s'est félicité Caroline James.
Pied de nez d'Omar el-Béchir
Comme si de rien n'était, Omar el-Béchir a fait sa première apparition publique devant les médias pour la traditionnelle photo de famille des chefs d’Etat de l’Union africaine. Il a été l'un des derniers à entrer dans la salle, visiblement heureux de ce pied de nez. Se trouvait à sa gauche le président congolais Denis Sassou-Nguesso et à sa droite un représentant du Sahara occidental. Tout près de lui, également, le président Jacob Zuma, hôte de ce sommet, et le chef d'Etat zimbabwéen et président en exercice de l'Union africaine, Robert Mugabe, qui n'a jamais caché son hostilité envers la CPI.
Omar el-Béchir ne s'est pas exprimé. En revanche, son ministre des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour, a minimisé l'affaire, indiquant que cette action en justice ne leur faisait pas peur et que le président soudanais resterait jusqu'à la fin du sommet, sans préciser quand il repartirait.
Plus étonnant, on a vu à une extrémité de ce premier rang le secrétaire adjoint des Nations unies, Jan Eliasson. Invité de l'Union africaine, venu pour représenter Ban Ki-moon lors de ce sommet, c'est lui qui en 2007 et 2008 était l’envoyé spécial pour le Darfour. Or, c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait saisi, à travers sa résolution 15-93, la CPI sur le Darfour. Jan Eliasson est un invité de l’Union africaine, il n'est pas responsable du protocole, explique une source onusienne, évoquant un partenariat vital entre les deux organisations.
-
Haïti convoque l'ambassadeur de France après les propos «inacceptables» d'Emmanuel Macron
-
Mali: le général de division Abdoulaye Maïga nommé Premier ministre de transition
-
Syrie: 68 morts dans les frappes israéliennes contre des groupes pro-iraniens à Palmyre (nouveau bilan)
-
États-Unis: Elon Musk détaille son «projet» de réforme de l'État dans le «Wall Street Journal»
-
Egypte: une loi sur les réfugiés adoptée par le Parlement