Il y a quelques semaines encore, fort des résultats obtenus par Barkhane face à l'État islamique au grand Sahara (EIGS), désigné ennemi numéro un, tout convergeait vers une réduction de l'empreinte militaire française. Le renfort de 600 soldats, décidé l'an dernier, a permis d'affaiblir l'EIGS, notamment dans la zone des « trois frontières ». Le partenariat militaire opérationnel, qui combine sur le terrain soldats français et maliens fonctionne. La mise en place l'an dernier d'un état-major conjoint à Niamey porte également ses fruits, avec Barkhane comme courroie d'entraînement, épaulant les armées sahéliennes, elles-mêmes appuyées par la force conjointe du général Namata : les manœuvres s'enchaînent, les victoires aussi.
Plus à l'Ouest, dans le Gourma, la situation est en revanche bien plus critique. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) apparaît désormais comme la nouvelle menace. Ses katibas sont très agressives, très structurées s'inquiète le général Conruyt, commandant de la force Barkhane. Dans ces conditions, réduire les troupes n'apparaît plus très opportun.
« Le "surge", les effectifs supplémentaires qui avaient été décidés dans le cadre du sommet de Pau, a permis à Barkhane de gagner de la liberté d’action, de pouvoir créer davantage d’incertitude, d’imprévisibilité sur nos adversaires, souligne le général Conruyt. On l’a bien vu dans l’opération Bourrasque en particulier [opération conjointe menée dans le Liptako à l’automne dernier, NDLR], quand vous êtes capable de créer cette incertitude et cette imprévisibilité sur l’adversaire, vous obtenez des résultats. Plus vous êtes nombreux, plus vous pouvez enchaîner les opérations, plus vous pouvez maintenir la pression sur l’adversaire. C'est là qu’il fait des fautes, c’est là que les forces morales de ses combattants l’abandonnent. Ce "surge" nous a permis d’aller jusqu’au bout des zones refuges de l’EIGS et c’est probablement grâce à ça que la mise en place de la force européenne Takuba, peut s’opérer dans les meilleures conditions dans le Liptako. »
Surtout, la France redoute l'extension de cette nébuleuse terroriste en direction des pays du golfe de Guinée. Les ordinateurs saisis en juin dernier lors de la neutralisation d'Abdelmalek Droukdal, l'émir d'Aqmi, font apparaître, souligne le ministère des Armées, un projet régional très abouti. À telle enseigne que Paris, désigne aujourd'hui clairement pour cible les chefs des katibas affilées à Al-Qaïda : à l'instar de Iyad Ag Ghali et son Rassemblement pour la victoire de l'islam et des musulmans (RVIM) ainsi que son condisciple Amadou Koufa, chef de la Katiba Macina, qui agit dans le centre du Mali.
Paris exhorte à un sursaut politique
Au-delà des victoires militaires, la diplomatie française estime que l'action militaire doit désormais produire des effets politiques. Si le sommet de Pau, il y a un an, a été celui du sursaut militaire, celui de Ndjamena, ce lundi, sera celui du sursaut diplomatique, politique et du développement.
Ce message sera porté par Emmanuel Macron. Et en ce sens, il y a quelques jours au Sénat, son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian soulignait son attachement aux accords politiques d'Alger de 2015 sur la paix au Mali : « L’accord d’Alger a permis le cadre dans lequel on peut avancer politiquement maintenant. Le problème c’est qu’il n’y a jamais eu la volonté de le faire aboutir, c’est ça la difficulté ! Maintenant, il faut passer aux actes. Mais cette interpellation, elle vaut pour ceux qui siègent au comité de suivi des accords d’Alger et en particulier les acteurs de la zone et singulièrement les acteurs du Mali. »
Le nord du Mali et son impasse politique avec les Touaregs de l'Azaouad et sur lequel se concentrent les accords d'Alger ne sont pourtant qu'une partie de l'équation rappelle Niagalé Bagayoko, politologue : « L’épicentre de cette crise se situe au centre du Mali, qui n’est pas pris en considération par l’accord d’Alger et cette crise s’est étendue aux pays voisins, en l’occurrence au Burkina Faso, au Niger et l’on voit des poussées en direction du Sénégal, voire de la Côte d’Ivoire, du Bénin, des pays côtiers », rappelle-t-elle.
L'objectif du sommet de Ndjamena est donc de remettre la politique au cœur du règlement de la crise : accélérer le retour des États, freiner durablement l'expansion jihadiste et ainsi permettre à terme un allégement du dispositif français au Sahel.
Plus à l'Ouest, dans le Gourma, la situation est en revanche bien plus critique. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) apparaît désormais comme la nouvelle menace. Ses katibas sont très agressives, très structurées s'inquiète le général Conruyt, commandant de la force Barkhane. Dans ces conditions, réduire les troupes n'apparaît plus très opportun.
« Le "surge", les effectifs supplémentaires qui avaient été décidés dans le cadre du sommet de Pau, a permis à Barkhane de gagner de la liberté d’action, de pouvoir créer davantage d’incertitude, d’imprévisibilité sur nos adversaires, souligne le général Conruyt. On l’a bien vu dans l’opération Bourrasque en particulier [opération conjointe menée dans le Liptako à l’automne dernier, NDLR], quand vous êtes capable de créer cette incertitude et cette imprévisibilité sur l’adversaire, vous obtenez des résultats. Plus vous êtes nombreux, plus vous pouvez enchaîner les opérations, plus vous pouvez maintenir la pression sur l’adversaire. C'est là qu’il fait des fautes, c’est là que les forces morales de ses combattants l’abandonnent. Ce "surge" nous a permis d’aller jusqu’au bout des zones refuges de l’EIGS et c’est probablement grâce à ça que la mise en place de la force européenne Takuba, peut s’opérer dans les meilleures conditions dans le Liptako. »
Surtout, la France redoute l'extension de cette nébuleuse terroriste en direction des pays du golfe de Guinée. Les ordinateurs saisis en juin dernier lors de la neutralisation d'Abdelmalek Droukdal, l'émir d'Aqmi, font apparaître, souligne le ministère des Armées, un projet régional très abouti. À telle enseigne que Paris, désigne aujourd'hui clairement pour cible les chefs des katibas affilées à Al-Qaïda : à l'instar de Iyad Ag Ghali et son Rassemblement pour la victoire de l'islam et des musulmans (RVIM) ainsi que son condisciple Amadou Koufa, chef de la Katiba Macina, qui agit dans le centre du Mali.
Paris exhorte à un sursaut politique
Au-delà des victoires militaires, la diplomatie française estime que l'action militaire doit désormais produire des effets politiques. Si le sommet de Pau, il y a un an, a été celui du sursaut militaire, celui de Ndjamena, ce lundi, sera celui du sursaut diplomatique, politique et du développement.
Ce message sera porté par Emmanuel Macron. Et en ce sens, il y a quelques jours au Sénat, son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian soulignait son attachement aux accords politiques d'Alger de 2015 sur la paix au Mali : « L’accord d’Alger a permis le cadre dans lequel on peut avancer politiquement maintenant. Le problème c’est qu’il n’y a jamais eu la volonté de le faire aboutir, c’est ça la difficulté ! Maintenant, il faut passer aux actes. Mais cette interpellation, elle vaut pour ceux qui siègent au comité de suivi des accords d’Alger et en particulier les acteurs de la zone et singulièrement les acteurs du Mali. »
Le nord du Mali et son impasse politique avec les Touaregs de l'Azaouad et sur lequel se concentrent les accords d'Alger ne sont pourtant qu'une partie de l'équation rappelle Niagalé Bagayoko, politologue : « L’épicentre de cette crise se situe au centre du Mali, qui n’est pas pris en considération par l’accord d’Alger et cette crise s’est étendue aux pays voisins, en l’occurrence au Burkina Faso, au Niger et l’on voit des poussées en direction du Sénégal, voire de la Côte d’Ivoire, du Bénin, des pays côtiers », rappelle-t-elle.
L'objectif du sommet de Ndjamena est donc de remettre la politique au cœur du règlement de la crise : accélérer le retour des États, freiner durablement l'expansion jihadiste et ainsi permettre à terme un allégement du dispositif français au Sahel.