Une fois de plus, la situation en Ukraine sera examinée de près par les chefs d'Etat et de gouvernements européens. Mardi, leurs représentants se sont réunis pour discuter d'éventuelles sanctions supplémentaires contre la Russie. Elles pourraient s'appliquer aux entités ou aux personnes soutenant les séparatistes de l'est de l'Ukraine. Ce sera au Conseil européen de juger si leur mise en oeuvre est nécessaire. Autre sujet brûlant à la table des Vingt-Huit : les tensions militaires dans les territoires palestiniens.
Ensuite commencera le grand marchandage. Après avoir confirmé le LuxembourgeoisJean-Claude Juncker au poste de président de la Commission, les Vingt-Huit désigneront la personne qui succédera à la britannique Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne. Si leurs échanges sont féconds, harmonieux, ils pourraient même se mettre d'accord sur le futur président du Conseil européen, poste occupé par le belge Hermann Van Rompuy. Jean-Claude Juncker les rejoindra au dîner où chaque pays va plaider pour son candidat à un poste de commissaire. La France espère bien décrocher un gros portefeuille dans le domaine économique.
Le projet de Juncker: 300 milliards d'euros contre le chômage
Mardi, Jean-Claude Juncker a détaillé son programme pour relancer la croissance et lutter contre le chômage. Le Luxembourgeois souhaite doper l'activité avec un vaste plan d'investissement de 300 milliards d'euros sur trois ans.
Pour Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, ce projet est positif : « On voit aujourd'hui que la croissance en zone euro est handicapée par le fait qu'il n'y a pas assez d'investissement. La productivité est très faible. Il n'y a pas de progrès technique. Donc il faut vraiment investir, notamment dans les infrastructures d'avenir pour que l'Europe retrouve le chemin d'une croissante durable. » Or aujourd'hui, relève Sylvain Boyer, l'investissement public est négatif dans la plupart des pays européens, à l'exception de la France et des Pays-Bas.
Pour la zone euro, Natixis estime qu'il y a un manque à l'investissement de l'ordre de 3 % du PIB. Les 300 milliards proposés par Jean-Claude Juncker répondent à ce besoin. « Maintenant, tempère Sylvain Broyer, c'est insuffisant : la Commission européenne a déjà estimé que le besoin d'investissement en infrastructure en Europe va bien au-delà. On est plus sur quelque chose de l'ordre de 1500 à 2000 milliards d'euros sur les dix prochaines années. »
Juncker, « homme de réforme »
Les trois principaux partis du Parlement européen ont soutenu la candidature de Jean-Claude Juncker. Marielle de Sarnez, eurodéputée ALDE, justifie sa position en saluant chez le Luxembourgeois un « homme de réforme ».
« Si nous avons voté pour lui, c'est parce que c'est un homme d'expérience, qu'il a envie de faire bouger les choses. Le texte qu'il nous a envoyé est un très bon programme, assez ambitieux, avec des réformes. Au fond, il s'agit d'aller vers plus de croissance, plus d'emploi, plus d'intégration de la zone euro et une politique nouvelle en matière d'énergie et d'immigration. » La Française salue également un effort de démocratie avec un président de la Commission choisi par le Parlement européen.
« Nous sommes conscients de ses défauts : fédéralisme effréné, amour aveugle voué à la zone euro. Mais d'un autre côté, il tient un discours très ferme sur la nécessité de préserver l'alliance avec les Américains. » Pour le Polonais Ryszard Czarnecki, nationaliste rattaché au groupe des conservateurs britanniques, Jean-Claude Juncker est loin d'ête un bon choix... mais les alternatives « étaient pire encore ».
Source : Rfi.fr