Il y a quelques mois de cela, ne parvenant point à mettre la main sur un de mes téléphones portables, perdu quelque part dans le fatras de mes bagages, je décidai alors d’appeler mon propre numéro avec un second téléphone. Histoire d’entendre la sonnerie et de m’en servir comme repère pour tracer, pister et débusquer la bête technologique qui, quelque part, se terrait.
Je fus à la fois heureux et désappointé. Mon bonheur venait du fait que j’entendais le téléphone sonner. Donc j’étais sûr qu’il était juste à portée d’oreille. Et que je ne l’avais guère perdu.
Mon désappointement provenait du fait qu’en composant mon numéro de téléphone, en lieu et place de la sonnerie d’attente classique, j’entendais plutôt une attente musicale personnalisée dont je ne me rappelle plus hélas de l’auteur.
Je venais de découvrir ainsi que j’aurais souscris au fameux service « dalale tone » de la Sonatel. Immédiatement, je composais le service client pour m’en plaindre. Je fus d’autant plus étonné que mon interlocutrice me fit savoir calmement que :
- Ce service a été activé depuis plusieurs mois ;
- Qu’il aurait coûté quelques centaines de francs à l’activation ;
- Que depuis lors, tous les mois, j’étais débité de quelques francs ;
- Que pour annuler ce service il faudrait encore débourser quelques francs.
Tout cela, à mon insu. Sans aucune forme de notification. Tout cela, sans pour autant que je n’ai eu à en faire la demande. Sans pour autant que je n’ai reçu un quelconque message de confirmation de la même demande.
Je me mettais dans une colère. Une noire colère. Fâché à l’idée que, depuis des mois, les différentes personnes qui m’appelaient sur ce numéro professionnel (des amis, des clients, des partenaires), allaient sans doute s’étonner qu’un professionnel de la communication ait été si peu professionnel au point de s’amuser à personnaliser de manière puérile sa sonnerie d’attente.
Passé ce moment d’émotion et d’indignation, j’imaginais les éléments ci-dessous dignes d’un scénario d’un film de série B :
- Puisque je n’avais pas moi-même activé ce service, et qu’il a été rendu fonctionnel sans qu’une seule fois que je ne reçoive une alerte de la Sonatel allant dans ce sens, pour une éventuelle confirmation ;
- Puisque la Sonatel dispose de millions de clients ;
- Puisque toute activation du service, ainsi que l’abonnement mensuel, ainsi que les frais de désabonnement coûtent, au total, plusieurs centaines de francs ;
Combien de centaine millions de francs la Sonatel aurait-elle gagné sur le dos des pauvres goorgoorlous que nous sommes à travers ce système d’activation fou. Au cas où, bien sûr, mon cas n’aurait pas été une simple erreur isolée. Et que ce qui m’est arrivé soit arrivé à bien d’autres abonnés ?
La seule évocation de ce scénario m’outrait profondément. Mon indignation, comme par anticipation sur les formules généreuse de Hessel, céda le pas au souci de m’engager, de dénoncer et de combattre cette forme d’abus.
Quoi ? Faudrait-il que je paye, de nouveau, pour annuler un service que, point, je n’ai demandé ? Un service qui déjà m’avait coûté de l’argent ? Un service qui certainement m’a causé un préjudice moral que j’arriverai difficilement à estimer ?
Je me révoltais ; appelais le service client et lui tins ce discours :
- je veux qu’ils enlèvent ce service qu’ils m’ont installé à mon insu ;
- Je ne payerai pas un seul francs pour que ce service soit supprimé ;
- Qu’il me rembourse ce qu’ils m’ont injustement défalqué.
Ma fermeté m’aida. Quelque minute plus tard, le même service qui avait soutenu qu’ils ne peuvent supprimer cette formule sans activation payante, m’appela pour me faire savoir que le service a été désactivé. Et quelques excuses me furent présentées.
Je jugeais alors l’incident clos.
Jusqu’ à hier soir.
Hier soir, à 21H 13, mon calvaire recommença. Je reçu trois messages.
- Le message numéro 1 disait : « Bienvenue au service Dalale Tones ! Personnalisez votre musique dattente (sic) par appel au 20… ou sur www.dal...
- Le message numéro 2 : « Vous avez copié la sonnerie « Boulene Ko Fate »pour 200 Fcfa. Elle expire le 17/07/2011
- Le message numéro 3 : « Bravo, vos paramètres Dalale tone ont été traités avec succès ».
Surpris par ces messages, et craignant à nouveau que ne reprennent mes ennuis « dalatonneresques » d’il y a quelques mois, je demande à une amie de bien vouloir m’appeler. Et c’est pour constater que mon interlocutrice entend, au bout de l’autre ligne, cette fameuse chanson à orientation religieuse interprétée par, je pense, un certain Mbaye Dondé : « Bouléne ko fatté di gnaanal ».
Furieux, mécontent, à la limite ulcéré, j’appelle le service commercial. Et la Sonatel venait, par la même occasion, de me ponctionner 25 nouveaux francs, prix de l’appel vers ce service.
Une commerciale me reçu, aimablement. Malgré mes récriminations, elle me demanda de patienter. Une bonne demie douzaine de minutes plus tard, enfin, un nouvel interlocuteur. Qui, après multiples vérifications, fut incapable de me dire quand et comment on a pu activer ce service que je n’ai guère demandé. Il me promit fermement de transmettre mon dossier au service technique et qu’une solution rapide allait être apportée.
Confiant, je gardais espoir. Le lendemain, samedi 18 juin, je constate que le problème reste entier. Un autre coup de fil au service commercial et 25 francs perdus à nouveau ne me servirent à rien. Sinon que de me dégouter davantage de la Sonatel. Car mon interlocutrice me fit savoir qu’il n’y avait nulle trace de ma réclamation de la veille.
Je décidai alors de me battre. Autrement. En informant l’opinion publique d’abord. Pour que tout un chacun sache que la Sonatel n’a pas le droit de nous imposer un produit payant sans notre accord ; qu’elle n’a pas non plus celui de nous débiter des sommes d’argent. Des sommes faibles, en apparence, mais, qui, multipliés par des milliers ou des millions d’abonnées, pourraient atteindre des centaines de millions voire des milliards de francs.
Ensuite, juridiquement. J’entrais en contact avec l’Ascosen et me prépare actuellement à déposer une plainte à l’ARTP pour facturation abusive et désagréments multiples.
Stéphane Hessel a raison. Il est important de s’indigner. Il est tout aussi important de s’engager. Pour le symbole, pour le principe, je ne renoncerais pas. J’engage la bataille. En mon nom et au nom de tous ces citoyens floués et qui ont préféré dire : « ce n’est pas grave ».
Mamadou Thiam, chroniqueur
mamadouthiam@hotmail.com
Je fus à la fois heureux et désappointé. Mon bonheur venait du fait que j’entendais le téléphone sonner. Donc j’étais sûr qu’il était juste à portée d’oreille. Et que je ne l’avais guère perdu.
Mon désappointement provenait du fait qu’en composant mon numéro de téléphone, en lieu et place de la sonnerie d’attente classique, j’entendais plutôt une attente musicale personnalisée dont je ne me rappelle plus hélas de l’auteur.
Je venais de découvrir ainsi que j’aurais souscris au fameux service « dalale tone » de la Sonatel. Immédiatement, je composais le service client pour m’en plaindre. Je fus d’autant plus étonné que mon interlocutrice me fit savoir calmement que :
- Ce service a été activé depuis plusieurs mois ;
- Qu’il aurait coûté quelques centaines de francs à l’activation ;
- Que depuis lors, tous les mois, j’étais débité de quelques francs ;
- Que pour annuler ce service il faudrait encore débourser quelques francs.
Tout cela, à mon insu. Sans aucune forme de notification. Tout cela, sans pour autant que je n’ai eu à en faire la demande. Sans pour autant que je n’ai reçu un quelconque message de confirmation de la même demande.
Je me mettais dans une colère. Une noire colère. Fâché à l’idée que, depuis des mois, les différentes personnes qui m’appelaient sur ce numéro professionnel (des amis, des clients, des partenaires), allaient sans doute s’étonner qu’un professionnel de la communication ait été si peu professionnel au point de s’amuser à personnaliser de manière puérile sa sonnerie d’attente.
Passé ce moment d’émotion et d’indignation, j’imaginais les éléments ci-dessous dignes d’un scénario d’un film de série B :
- Puisque je n’avais pas moi-même activé ce service, et qu’il a été rendu fonctionnel sans qu’une seule fois que je ne reçoive une alerte de la Sonatel allant dans ce sens, pour une éventuelle confirmation ;
- Puisque la Sonatel dispose de millions de clients ;
- Puisque toute activation du service, ainsi que l’abonnement mensuel, ainsi que les frais de désabonnement coûtent, au total, plusieurs centaines de francs ;
Combien de centaine millions de francs la Sonatel aurait-elle gagné sur le dos des pauvres goorgoorlous que nous sommes à travers ce système d’activation fou. Au cas où, bien sûr, mon cas n’aurait pas été une simple erreur isolée. Et que ce qui m’est arrivé soit arrivé à bien d’autres abonnés ?
La seule évocation de ce scénario m’outrait profondément. Mon indignation, comme par anticipation sur les formules généreuse de Hessel, céda le pas au souci de m’engager, de dénoncer et de combattre cette forme d’abus.
Quoi ? Faudrait-il que je paye, de nouveau, pour annuler un service que, point, je n’ai demandé ? Un service qui déjà m’avait coûté de l’argent ? Un service qui certainement m’a causé un préjudice moral que j’arriverai difficilement à estimer ?
Je me révoltais ; appelais le service client et lui tins ce discours :
- je veux qu’ils enlèvent ce service qu’ils m’ont installé à mon insu ;
- Je ne payerai pas un seul francs pour que ce service soit supprimé ;
- Qu’il me rembourse ce qu’ils m’ont injustement défalqué.
Ma fermeté m’aida. Quelque minute plus tard, le même service qui avait soutenu qu’ils ne peuvent supprimer cette formule sans activation payante, m’appela pour me faire savoir que le service a été désactivé. Et quelques excuses me furent présentées.
Je jugeais alors l’incident clos.
Jusqu’ à hier soir.
Hier soir, à 21H 13, mon calvaire recommença. Je reçu trois messages.
- Le message numéro 1 disait : « Bienvenue au service Dalale Tones ! Personnalisez votre musique dattente (sic) par appel au 20… ou sur www.dal...
- Le message numéro 2 : « Vous avez copié la sonnerie « Boulene Ko Fate »pour 200 Fcfa. Elle expire le 17/07/2011
- Le message numéro 3 : « Bravo, vos paramètres Dalale tone ont été traités avec succès ».
Surpris par ces messages, et craignant à nouveau que ne reprennent mes ennuis « dalatonneresques » d’il y a quelques mois, je demande à une amie de bien vouloir m’appeler. Et c’est pour constater que mon interlocutrice entend, au bout de l’autre ligne, cette fameuse chanson à orientation religieuse interprétée par, je pense, un certain Mbaye Dondé : « Bouléne ko fatté di gnaanal ».
Furieux, mécontent, à la limite ulcéré, j’appelle le service commercial. Et la Sonatel venait, par la même occasion, de me ponctionner 25 nouveaux francs, prix de l’appel vers ce service.
Une commerciale me reçu, aimablement. Malgré mes récriminations, elle me demanda de patienter. Une bonne demie douzaine de minutes plus tard, enfin, un nouvel interlocuteur. Qui, après multiples vérifications, fut incapable de me dire quand et comment on a pu activer ce service que je n’ai guère demandé. Il me promit fermement de transmettre mon dossier au service technique et qu’une solution rapide allait être apportée.
Confiant, je gardais espoir. Le lendemain, samedi 18 juin, je constate que le problème reste entier. Un autre coup de fil au service commercial et 25 francs perdus à nouveau ne me servirent à rien. Sinon que de me dégouter davantage de la Sonatel. Car mon interlocutrice me fit savoir qu’il n’y avait nulle trace de ma réclamation de la veille.
Je décidai alors de me battre. Autrement. En informant l’opinion publique d’abord. Pour que tout un chacun sache que la Sonatel n’a pas le droit de nous imposer un produit payant sans notre accord ; qu’elle n’a pas non plus celui de nous débiter des sommes d’argent. Des sommes faibles, en apparence, mais, qui, multipliés par des milliers ou des millions d’abonnées, pourraient atteindre des centaines de millions voire des milliards de francs.
Ensuite, juridiquement. J’entrais en contact avec l’Ascosen et me prépare actuellement à déposer une plainte à l’ARTP pour facturation abusive et désagréments multiples.
Stéphane Hessel a raison. Il est important de s’indigner. Il est tout aussi important de s’engager. Pour le symbole, pour le principe, je ne renoncerais pas. J’engage la bataille. En mon nom et au nom de tous ces citoyens floués et qui ont préféré dire : « ce n’est pas grave ».
Mamadou Thiam, chroniqueur
mamadouthiam@hotmail.com