C'est l'un des derniers reportages de Halima Idris. La journaliste de 29 ans se tient face caméra, au milieu de la rue dans un quartier d'Oumdurman. Elle porte une tunique violette, sans casque, ni gilet pare-balle, difficile à se procurer alors que la capitale du Soudan est plongée dans le chaos. Quelques mois plus tard, le 10 octobre 2023, Halima Idris est violemment percutée par un véhicule conduit par des soldats appartenant aux Forces de soutien rapide du général Hemetti. Après l'avoir renversée, les paramilitaires la laissent pour morte sur le bas-côté. Elle succombera de ses multiples fractures.
Une journaliste au cœur des combats
Journaliste pour la télévision indépendante Sudan Bukra, Halima Idris avait commencé le métier en 2022 en couvrant les immenses manifestations contre le coup d'État militaire mené main dans la main par les généraux Abdel Fattah al-Burhan et Mohammed Hamdane Dagalo, alias Hemetti. « Nous demandons à al-Burhan et Hemetti de cesser les combats. La guerre doit s'arrêter. Chaque jour nous voyons des civils mourir sous nos yeux ». C'est pour ce genre de témoignages recueillis pendant la guerre que Halima Idris a été tuée. Au Soudan, les deux armées qui se combattent font tout pour contrôler l'information et diffuser leur propagande de guerre. Pour son travail, Halima Idris avait reçu de nombreuses menaces explique Abbas Al-Kheir, l'un de ses collaborateurs à Sudan Bukra :
« Halima Idris représentait un danger pour les deux camps car elle travaillait au coeur des zones touchées par les combats. Elle se rendait dans les hôpitaux pour interviewer les blessés. Tantôt, les gens avaient été attaqués par les Forces de soutien rapide. Tantôt ils avaient été bombardé par l'aviation de l'armée régulière. Halima documentait tout cela. Elle fournissait des preuves irréfutables des exactions commises contre les civils par les deux côtés. Elle était devenue pour eux une cible ».
« En tant que journaliste, il n'est plus possible de travailler de manière neutre »
Malgré les bombardements et les tirs incessants, Halima Idris était l'une des seules journalistes à avoir décidé de rester à Khartoum. Cliniques de fortune, cantines populaires, réseaux d'entraide citoyens, dans ses reportages la jeune journaliste s'efforçait de couvrir la guerre au ras des vies civiles pris entre deux feux. « Aujourd'hui, au Soudan, en tant que journaliste, il n'est plus possible de travailler de manière neutre, indépendante et professionnelle. Immédiatement, tu risques d'être pris pour cible. Quelle que soit la zone où tu te trouves, si tu refuses de soutenir l'un ou l'autre des camps, si tu veux dire la vérité, tu risques d'être arrêté, tué, et ta famille avec », indique Abbas Al-Kheir.
Plus d'une cinquantaine d'arrestations ont été recensées. Sept reporters ont été tués. Ces menaces perpétuelles contre les journalistes contribuent à plonger encore un peu plus la crise soudanaise dans le noir. Au Soudan, l'information meurt à petit feu, en toute impunité, et dans l'indifférence générale.
Une journaliste au cœur des combats
Journaliste pour la télévision indépendante Sudan Bukra, Halima Idris avait commencé le métier en 2022 en couvrant les immenses manifestations contre le coup d'État militaire mené main dans la main par les généraux Abdel Fattah al-Burhan et Mohammed Hamdane Dagalo, alias Hemetti. « Nous demandons à al-Burhan et Hemetti de cesser les combats. La guerre doit s'arrêter. Chaque jour nous voyons des civils mourir sous nos yeux ». C'est pour ce genre de témoignages recueillis pendant la guerre que Halima Idris a été tuée. Au Soudan, les deux armées qui se combattent font tout pour contrôler l'information et diffuser leur propagande de guerre. Pour son travail, Halima Idris avait reçu de nombreuses menaces explique Abbas Al-Kheir, l'un de ses collaborateurs à Sudan Bukra :
« Halima Idris représentait un danger pour les deux camps car elle travaillait au coeur des zones touchées par les combats. Elle se rendait dans les hôpitaux pour interviewer les blessés. Tantôt, les gens avaient été attaqués par les Forces de soutien rapide. Tantôt ils avaient été bombardé par l'aviation de l'armée régulière. Halima documentait tout cela. Elle fournissait des preuves irréfutables des exactions commises contre les civils par les deux côtés. Elle était devenue pour eux une cible ».
« En tant que journaliste, il n'est plus possible de travailler de manière neutre »
Malgré les bombardements et les tirs incessants, Halima Idris était l'une des seules journalistes à avoir décidé de rester à Khartoum. Cliniques de fortune, cantines populaires, réseaux d'entraide citoyens, dans ses reportages la jeune journaliste s'efforçait de couvrir la guerre au ras des vies civiles pris entre deux feux. « Aujourd'hui, au Soudan, en tant que journaliste, il n'est plus possible de travailler de manière neutre, indépendante et professionnelle. Immédiatement, tu risques d'être pris pour cible. Quelle que soit la zone où tu te trouves, si tu refuses de soutenir l'un ou l'autre des camps, si tu veux dire la vérité, tu risques d'être arrêté, tué, et ta famille avec », indique Abbas Al-Kheir.
Plus d'une cinquantaine d'arrestations ont été recensées. Sept reporters ont été tués. Ces menaces perpétuelles contre les journalistes contribuent à plonger encore un peu plus la crise soudanaise dans le noir. Au Soudan, l'information meurt à petit feu, en toute impunité, et dans l'indifférence générale.