Ambiance déroutante mardi dans le lobby du palace hébergeant les négociations sur le Soudan du Sud. Autour d’un grand sapin illuminé, au son d’un orchestre enchaînant les mélodies sirupeuses, des enfants célébraient gaiement le Noël orthodoxe, tandis qu’une nuée d’hommes en costume et à la peau sombre faisait les cent pas.
L’équipe de médiation, partie à la mi-journée, les négociateurs du gouvernement de Juba et ceux représentant la rébellion de Riek Machar n’avaient d’autre choix que d’attendre le résultat de la rencontre prévue avec Salva Kiir. Et si chacun prônait officiellement l’optimisme quant à la poursuite des discussions, tous savaient que le blocage était sérieux.
Les deux camps répètent en effet qu’ils ne céderont pas. Celui actuellement au pouvoir maintient sa volonté de juger la dizaine de dignitaires suspectés d’avoir fomenté un coup d’Etat mi-décembre, celui dans l’opposition assure qu’il n’ira pas plus loin tant que ces prisonniers ne seront pas libérés et même autorisés à participer aux négociations.
Les uns et les autres espèrent-il profiter de ce contretemps pour prendre un avantage décisif sur le terrain ? Alors qu’ils ont déjà fait un millier de morts et 200 000 déplacés, les affrontements se poursuivent ainsi, et c’est aujourd’hui le gouvernement qui est pointé du doigt par la communauté internationale. C’est, en effet, son intransigeance sur cette question des prisonniers qui bloque tout espoir d’un cessez-le-feu et d’une solution négociée.
Les discussions doivent reprendre mercredi.Par ailleurs, la diplomatie américaine a salué mardi les efforts du président soudanais Omar el-Béchir pour résoudre le conflit au Soudan du Sud voisin, des commentaires exceptionnels de Washington à l'égard d'un dirigeant recherché par la justice internationale. Le président Béchir a fait lundi un aller-retour à Juba, la capitale sud-soudanaise, pour plaider la cause de la paix et discuter du déploiement d'une force mixte, soudanaise et sud-soudanaise, censée protéger les champs pétroliers au Soudan du Sud.
Museveni accusé de soutenir Salva Kiir
L'un des motifs de récrimination de la délégation rebelle à Addis-Abeba, c'est l'implication militaire de l'Ouganda aux côtés du président Salva Kiir.
En effet, depuis le 20 décembre, des forces spéciales ougandaises sont présentes au Soudan du Sud. Officiellement, elles sont venues pour protéger et évacuer les ressortissants ougandais et sécuriser l'aéroport. Mais les forces ralliées à Riek Machar affirment que les Ougandais sont bel et bien présents sur le théâtre des opérations.
Moses Ruai Lat, porte-parole de Riek Machar déclare : « Nous ne nous battons pas seulement contre les forces loyales à Salva Kiir, mais nous nous battons aussi contre les forces venues d'Ouganda. Je vous le confirme. Et c'est pourquoi nous demandons au monde entier de bien observer ce qui se passe ici. Ce que fait Museveni n'est pas bon. Nos problèmes internes doivent demeurer nos problèmes internes et ne doivent pas devenir ceux des pays de la région. Museveni s'est impliqué dans ce conflit, et désormais, on ne peut plus le considérer comme neutre ».
Les insurgés accusent, en outre, l'Ouganda d'avoir envoyé des hélicoptères de combat MI 24 et affirment que ces hélicoptères pilonnent régulièrement leurs positions dans la ville de Bor. Ce que dément Kampala.
L'appui de Museveni a son ami Salva Kiir, est-il de nature à faire pencher la balance ? Pour l'instant en tous cas, le président Salva Kiir, fort de ce soutien, n'est pas décidé à la moindre concession envers Reik Machar.
Source : Rfi.fr