Le juge n'a pas répondu aux appels à la clémence, lancés en début de semaine par les ambassades des Etats-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne et des Pays-Bas. Dans un communiqué, ces chancelleries avaient demandé aux autorités judiciaires de gérer le cas de Meriam Yahia Ibrahim Ishag avec « compassion ». Et elles avaient appelé le gouvernement du Soudan à respecter le droit à changer de foi ou de croyance.
Le juge n'a pas pris en compte non plus l'état de la jeune femme qui est enceinte de huit mois, et qui est déjà mère d'un petit garçon d'un an et demi, détenu avec elle.
« Nous vous avions donné trois jours pour abjurer votre foi mais vous avez insisté pour ne pas revenir à l'Islam, je vous condamne par pendaison ». C'est par ces mots que le juge a rendu son verdict ce jeudi matin. Meriam Yahia Ibrahim Ishag a également été condamnée à 100 coups de fouet pour « adultère ». Une autre accusation qui, selon Amnesty International, reposerait sur son mariage avec un chrétien du Soudan du Sud.
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A cours de l'audience, la jeune femme avait reconnu qu'elle était chrétienne, avant d'ajouter « je n'ai jamais fait acte d'apostasie ». Elle est restée impassible au moment du verdict.
Une centaine de personnes étaient présentes à ses côtés pour écouter la décision du juge. Il y avait notamment des diplomates d'ambassades étrangères.
Après l'énoncé du verdict, une cinquantaine de manifestants ont protesté avec des slogans comme « non à l'exécution de Meriam », « les droits religieux sont un droit constitutionnel ». Des manifestants très déterminés qui ont promis de poursuivre leur mouvement jusqu'à ce que la jeune femme soit libérée.
Face à ce jugement très dur, Amesty international s'est dit horrifiée et lance plusieurs appels au gouvernement soudanais.
« Le Soudan se referme beaucoup, surtout depuis 2012. Il applique de plus en plus strictement la charia et, par conséquent, est assez peu réceptif aux pressions internationales. Mais pour autant, il ne faut pas rennoncer. Il faut, au contraire, continuer à se battre contre cette décision parce qu’il y a eu des cas précédemment, notamment pour des criminalisations de l’adultère de femmes qui étaient condamnées à mort par lapidation et dont les condamnations ont été revues. Et cela, sous l’effet de la mobilisation internationale. Il faut donc continuer à se mobiliser et à dénoncer cette condamnation », a appelé, sur RFI, Marie-Claude Gendron, coordinatrice Soudan de la section France d'Amnesty.
De son côté, la défense a déjà dit son intention de faire appel. L'avocat de la jeune femme s'est dit prêt également, s'il le fallait, à s'adresser aussi à la Cour constitutionnelle. Pour lui, l'interdiction de l'apostasie viole la Constitution.
Source : Rfi.fr