Le Sénégal se dirige vers une politique de relance de son industrie pharmaceutique. Dans le but d'assurer aux populations un accès à une prise en charge de qualité, le pays prévoit de produire, d'ici 2035, la moitié des médicaments nécessaires.
Le professeur Serigne Omar Sarr, du laboratoire de chimie analytique et bromatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a souligné, lors d'un entretien avec Sud Quotidien, l'importance d'une réglementation pharmaceutique.
Selon lui, l’État doit d'abord se concentrer sur la création de grandes unités de recherche qui permettront de développer les compétences au sein des différentes universités. Le professeur Sarr a également évoqué l'état actuel de l'industrie pharmaceutique au Sénégal, qu'il estime affecté par divers facteurs déterminants.
« Les facteurs qui impactent lourdement sur la rentabilité et la compétitivité de nos industries. Ce sont les facteurs de production. C’est aussi un système réglementaire adapté, agile et approprié. Il en est de même des politiques d’incitation pour ces industries-là », a-t-il dit. Il a souligné « qu’au Sénégal, il est plus facile « d’importer un médicament puis de le vendre, que de le fabriquer localement ».
Mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale
D’après lui, le « produit fini que vous importez, il est dispensé de TVA alors que si vous devez importer les produits de fabrication, les machines, les intrants, les outils de conditionnement, pour la plupart, ces produits sont taxés. Et malheureusement, ça, c’est un coût énorme sur le prix final du médicament. Le transport de ces produits coûte également cher », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Pr Sarr estime que les médicaments génériques sont efficaces dans le traitement des pathologies. Pour lui, cela découlerait à bien des égards par une mauvaise information.
« L’État a mis en place une politique d’accès aux médicaments génériques pour qu’on dispose de médicaments dont la qualité est surveillée. Ce n’est pas parce que c’est un générique que ce n’est pas de qualité. Ça fait partie aussi de la mauvaise information. Je pense qu’ensemble, dans un partenariat bien pensé, bien mené, nous pouvons tous participer à une mise en œuvre optimale de la politique pharmaceutique nationale » a-t-il affirmé.
À l’en croire, le développement de l’industrie pharmaceutique permettra certainement d’aller vers plus de résilience afin d’éviter les nombreuses ruptures de médicaments qui peuvent également contribuer au recours aux médicaments des circuits illicites.
Pr Sarr soutient que les médicaments gratuits pour le traitement de certaines pathologies sont bien de qualité.
« Au Sénégal, on parle maintenant de pré-élimination pour le paludisme. Si on en parle, cela veut dire quand même, qu’il y a une réussite dans le programme de lutte contre cette maladie. Et pour lutter contre le paludisme, effectivement, il y a l’aspect préventif avec les mesures de prévention, l’utilisation des moustiquaires imprégnées, la pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticides, la destruction des sites de larves », a-t-il détaillé.
À côté, poursuit-il, il y a les « moyens également curatifs, thérapeutiques comme l’utilisation de médicaments. On a pu suivre la qualité de ces produits de la chloroquine jusqu’aux combinaisons à base de dérivés d’artémisinine actuellement utilisées ».
« L’ensemble des stratégies mises en œuvre ont porté leurs fruits »
D’après le Pr Sarr, ces produits se sont révélés de qualité. « Il n’y a pas très longtemps, on a partagé, au sein de l’ARP, des résultats d’un programme de surveillance pour marquer la qualité des antipaludiques. On avait trouvé 100 % de conformité. Et il y a trois ans, on avait fait le même travail, on était à 92 % de conformité. Donc, avec ces trois années de surveillance, nous pouvons attester qu’il y a un changement dans la qualité de ces antipaludiques et on le voit à travers les résultats de pré-élimination du paludisme ».
Selon le spécialiste, « l’ensemble des stratégies mises en œuvre ont porté leurs fruits. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas de gratuité. Vous pouvez ne pas payer, mais sachez que quelqu’un a payé pour vous », a-t-il déclaré lors de l'entretien.
Le Pr Serigne Omar Sarr soutient l'importance de préconiser une réglementation de l'industrie pharmaceutique à travers des politiques d’accompagnement.
« Il y a tellement de politique d'accompagnement comme le fait de réguler de manière intelligente et efficiente les importations par rapport à la production locale, ou des politiques d’incitation diverses. Je pense que le plus important, c’est la qualité. Il n’y a que la qualité de ce produit-là qui permettra à l’industrie locale de conquérir le marché national, mais aussi d’aller à la conquête du marché sous-régional et pourquoi pas régional », a-t-il indiqué.
Appuyer les chercheurs dans les universités
« Avec la mise en place de l’Agence africaine du médicament, il y a des comités techniques sur l’évaluation des produits médicaux, dont je suis membre, des comités sur l’évaluation des bonnes pratiques de fabrication qui évaluent les dossiers soumis par les fabricants ainsi que les sites de production. Il faut aussi souligner la mise en place de l’Agence de réglementation pharmaceutique », a ajouté le spécialiste.
Il termine en insistant sur le besoin de soutenir et d'appuyer l'exploitation du potentiel des chercheurs dans les universités pour l'atteinte de leur objectif.
« Je dis toujours que l’université a un potentiel qu’elle ne valorise pas suffisamment. C’est toute cette masse de chercheurs aguerris qui ne demandent qu’à être appuyés, qu’à être financés pour pouvoir mener des recherches qui vont adresser les questions essentielles de la population. L’université a une mission de formation, de recherche, mais aussi de service à la communauté. Et cela passe par la prise en charge de ces questions de société, de ces questions techniques pour pouvoir les adresser efficacement. Donc, il faudra repenser le modèle universitaire », a exhorté le professeur Serigne Omar Sarr.
Le professeur Serigne Omar Sarr, du laboratoire de chimie analytique et bromatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a souligné, lors d'un entretien avec Sud Quotidien, l'importance d'une réglementation pharmaceutique.
Selon lui, l’État doit d'abord se concentrer sur la création de grandes unités de recherche qui permettront de développer les compétences au sein des différentes universités. Le professeur Sarr a également évoqué l'état actuel de l'industrie pharmaceutique au Sénégal, qu'il estime affecté par divers facteurs déterminants.
« Les facteurs qui impactent lourdement sur la rentabilité et la compétitivité de nos industries. Ce sont les facteurs de production. C’est aussi un système réglementaire adapté, agile et approprié. Il en est de même des politiques d’incitation pour ces industries-là », a-t-il dit. Il a souligné « qu’au Sénégal, il est plus facile « d’importer un médicament puis de le vendre, que de le fabriquer localement ».
Mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale
D’après lui, le « produit fini que vous importez, il est dispensé de TVA alors que si vous devez importer les produits de fabrication, les machines, les intrants, les outils de conditionnement, pour la plupart, ces produits sont taxés. Et malheureusement, ça, c’est un coût énorme sur le prix final du médicament. Le transport de ces produits coûte également cher », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Pr Sarr estime que les médicaments génériques sont efficaces dans le traitement des pathologies. Pour lui, cela découlerait à bien des égards par une mauvaise information.
« L’État a mis en place une politique d’accès aux médicaments génériques pour qu’on dispose de médicaments dont la qualité est surveillée. Ce n’est pas parce que c’est un générique que ce n’est pas de qualité. Ça fait partie aussi de la mauvaise information. Je pense qu’ensemble, dans un partenariat bien pensé, bien mené, nous pouvons tous participer à une mise en œuvre optimale de la politique pharmaceutique nationale » a-t-il affirmé.
À l’en croire, le développement de l’industrie pharmaceutique permettra certainement d’aller vers plus de résilience afin d’éviter les nombreuses ruptures de médicaments qui peuvent également contribuer au recours aux médicaments des circuits illicites.
Pr Sarr soutient que les médicaments gratuits pour le traitement de certaines pathologies sont bien de qualité.
« Au Sénégal, on parle maintenant de pré-élimination pour le paludisme. Si on en parle, cela veut dire quand même, qu’il y a une réussite dans le programme de lutte contre cette maladie. Et pour lutter contre le paludisme, effectivement, il y a l’aspect préventif avec les mesures de prévention, l’utilisation des moustiquaires imprégnées, la pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticides, la destruction des sites de larves », a-t-il détaillé.
À côté, poursuit-il, il y a les « moyens également curatifs, thérapeutiques comme l’utilisation de médicaments. On a pu suivre la qualité de ces produits de la chloroquine jusqu’aux combinaisons à base de dérivés d’artémisinine actuellement utilisées ».
« L’ensemble des stratégies mises en œuvre ont porté leurs fruits »
D’après le Pr Sarr, ces produits se sont révélés de qualité. « Il n’y a pas très longtemps, on a partagé, au sein de l’ARP, des résultats d’un programme de surveillance pour marquer la qualité des antipaludiques. On avait trouvé 100 % de conformité. Et il y a trois ans, on avait fait le même travail, on était à 92 % de conformité. Donc, avec ces trois années de surveillance, nous pouvons attester qu’il y a un changement dans la qualité de ces antipaludiques et on le voit à travers les résultats de pré-élimination du paludisme ».
Selon le spécialiste, « l’ensemble des stratégies mises en œuvre ont porté leurs fruits. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas de gratuité. Vous pouvez ne pas payer, mais sachez que quelqu’un a payé pour vous », a-t-il déclaré lors de l'entretien.
Le Pr Serigne Omar Sarr soutient l'importance de préconiser une réglementation de l'industrie pharmaceutique à travers des politiques d’accompagnement.
« Il y a tellement de politique d'accompagnement comme le fait de réguler de manière intelligente et efficiente les importations par rapport à la production locale, ou des politiques d’incitation diverses. Je pense que le plus important, c’est la qualité. Il n’y a que la qualité de ce produit-là qui permettra à l’industrie locale de conquérir le marché national, mais aussi d’aller à la conquête du marché sous-régional et pourquoi pas régional », a-t-il indiqué.
Appuyer les chercheurs dans les universités
« Avec la mise en place de l’Agence africaine du médicament, il y a des comités techniques sur l’évaluation des produits médicaux, dont je suis membre, des comités sur l’évaluation des bonnes pratiques de fabrication qui évaluent les dossiers soumis par les fabricants ainsi que les sites de production. Il faut aussi souligner la mise en place de l’Agence de réglementation pharmaceutique », a ajouté le spécialiste.
Il termine en insistant sur le besoin de soutenir et d'appuyer l'exploitation du potentiel des chercheurs dans les universités pour l'atteinte de leur objectif.
« Je dis toujours que l’université a un potentiel qu’elle ne valorise pas suffisamment. C’est toute cette masse de chercheurs aguerris qui ne demandent qu’à être appuyés, qu’à être financés pour pouvoir mener des recherches qui vont adresser les questions essentielles de la population. L’université a une mission de formation, de recherche, mais aussi de service à la communauté. Et cela passe par la prise en charge de ces questions de société, de ces questions techniques pour pouvoir les adresser efficacement. Donc, il faudra repenser le modèle universitaire », a exhorté le professeur Serigne Omar Sarr.