La France maintient intacte sa détermination à riposter militairement à l’attaque chimique contre Douma en Syrie, du week-end dernier, imputée au régime de Bachar al-Assad. L’Elysée annoncera « dans les prochains jours » la « décision » sur sa riposte, en coordination avec les alliés américain et britannique, a déclaré le président Emmanuel Macron, mardi soir. Donald Trump a lui été très clair ce mercredi en avertissant la Russie via Twitter (sic) de l’arrivée imminente de missiles sur la Syrie.
« La Russie s’engage à abattre tous les missiles tirés sur la Syrie. Préparez-vous Russie, parce qu’ils vont venir, beaux, nouveaux et intelligents ! Vous ne devriez pas être le partenaire d’un animal qui tue son peuple et qui en profite ! » a déclaré le Commandant en chef des Armées américaines.
Si la volonté politique est évidente, une telle opération ne peut toutefois se faire dans la précipitation. « Il y a une temporisation du président parce qu’il y a de nombreux détails logistiques à gérer » confie Jean-Marc Tanguy, journaliste spécialisé pour Raids Aviation.
Les « détails » tiennent à la réalité du terrain qui a changé depuis 2013, et la dernière éventualité d’une frappe en Syrie par l’armée française. Toute pénétration de l’espace aérien syrien par les aviations américaine et française apparaît aujourd’hui beaucoup plus risquée en raison de la forte présence militaire russe.
S300 et S-400
« La défense antiaérienne russe est problématique. Ils disposent de système de défense sol-air nommés S-300 et S-400 qui sont extrêmement performants. Il faut prendre cela en compte » rappelle le spécialiste de l’armement. « Les S-300 et S-400 peuvent toucher un avion à 400 km de distance, ils peuvent aussi peut intercepter un missile à une distance entre 5 et 60 km. Ces armes ont été positionnées dans des zones stratégiques pour défendre le régime » analyse Jean-Marc Tanguy. Pour prouver l’efficacité de ce type d’armes, un F-16 israélien a été abattu en février. Une première pour un avion de l’Etat hébreu depuis 1982. La spécificité d’une telle frappe tient donc beaucoup à ce système de DCA. L’aviation française n’a pas connu un tel niveau de défense sol- air de ce niveau, depuis 1999 et l’intervention au Kosovo.
Alors à quoi pourrait ressembler une opération franco-américaine dans ce contexte particulier ? Le scénario le plus probable se rapprocherait de l’opération menée par les forces américaines, il y a un an. Le 7 avril 2017, en représailles à une attaque chimique touchant des civils le 4 avril au sud d’Idlib, 59 missiles de croisière Tomahawk avaient été lancés dans la nuit par deux destroyers de la classe Arleigh Burke en Méditerranée orientale. La cible était la base aérienne d’Al-Chaayrat. Le Chef d’État-Major des armées Françaises (CEMA) n’a pas écarté la possibilité d’une intervention autonome.
Tomahawks et missiles Scalp
La France pourrait donc accompagner ce tir de tomahawks, par une frappe opérée par des Rafales basés en Jordanie ou à Abu Dhabi. L’aviation française larguerait alors des missiles Scalp. « Ce type de missiles à une portée de 400 km, il peut leurrer le système antiaérien s’il est lancé assez bas », précise le journaliste spécialisé. « Il faut deux missiles, la puissance d’une seule charge peut ne pas suffire », précise Jean-Marc Tanguy. « Il n’a pas de problème de fiabilité, il est très précis grâce à un mode de guidage redondant, guidage GPS, un guidage inertiel par rapport à son point de largage, et enfin un module à l’avant de reconnaissance de cible ». Ce missile avec sa charge « brisante » a aussi l’insigne avantage d’être efficace contre des cibles dites durcies, bunker ou hangar d’aviation.
Missile de croisière naval
Autre solution, pour la France, le missile de croisière naval (MdCN), un nouveau missile embarqué sur les frégates multimissions françaises Fremm comme « l’Aquitaine » qui navigue actuellement dans l’est de la Méditerranée et pourrait donc intervenir. « C’est une arme assez différente, la charge est de 250 kg et la portée d’un millier de km, le missile MdCN a une charge polyvalente pas optimisée comme le Scalp » précise encore Jean-Marc Tanguy. « On ne met pas 250 missiles dans une frégate, la France est donc limitée en termes de stock » rappelle l’expert. Ce serait aussi sa première utilisation en combat.
Le principal aspect stratégique de l’attaque sera pour les Français et les Américains d’arriver à saturer la défense antiaérienne syrienne, afin de rendre le plus efficace possible ce bombardement. Selon le blog expert le Fauteuil de Colbert, « la Marine nationale et l’Armée de l’Air peuvent lancer simultanément près d’une cinquantaine de missiles de croisière, ce sera fonction de la puissance du message politique à transmettre à Bachar al-Assad et des contingences militaires… »
L’implication des Russes, visiblement dans une posture « agressive », si l’on en croit le survol par un avion de chasse russe de la Frégate Aquitaine ce week-end et la mise en garde du Kremlin contre tout acte pouvant « déstabiliser » la Syrie, sera aussi un élément important du succès de l’opération.
« La Russie s’engage à abattre tous les missiles tirés sur la Syrie. Préparez-vous Russie, parce qu’ils vont venir, beaux, nouveaux et intelligents ! Vous ne devriez pas être le partenaire d’un animal qui tue son peuple et qui en profite ! » a déclaré le Commandant en chef des Armées américaines.
Si la volonté politique est évidente, une telle opération ne peut toutefois se faire dans la précipitation. « Il y a une temporisation du président parce qu’il y a de nombreux détails logistiques à gérer » confie Jean-Marc Tanguy, journaliste spécialisé pour Raids Aviation.
Les « détails » tiennent à la réalité du terrain qui a changé depuis 2013, et la dernière éventualité d’une frappe en Syrie par l’armée française. Toute pénétration de l’espace aérien syrien par les aviations américaine et française apparaît aujourd’hui beaucoup plus risquée en raison de la forte présence militaire russe.
S300 et S-400
« La défense antiaérienne russe est problématique. Ils disposent de système de défense sol-air nommés S-300 et S-400 qui sont extrêmement performants. Il faut prendre cela en compte » rappelle le spécialiste de l’armement. « Les S-300 et S-400 peuvent toucher un avion à 400 km de distance, ils peuvent aussi peut intercepter un missile à une distance entre 5 et 60 km. Ces armes ont été positionnées dans des zones stratégiques pour défendre le régime » analyse Jean-Marc Tanguy. Pour prouver l’efficacité de ce type d’armes, un F-16 israélien a été abattu en février. Une première pour un avion de l’Etat hébreu depuis 1982. La spécificité d’une telle frappe tient donc beaucoup à ce système de DCA. L’aviation française n’a pas connu un tel niveau de défense sol- air de ce niveau, depuis 1999 et l’intervention au Kosovo.
Alors à quoi pourrait ressembler une opération franco-américaine dans ce contexte particulier ? Le scénario le plus probable se rapprocherait de l’opération menée par les forces américaines, il y a un an. Le 7 avril 2017, en représailles à une attaque chimique touchant des civils le 4 avril au sud d’Idlib, 59 missiles de croisière Tomahawk avaient été lancés dans la nuit par deux destroyers de la classe Arleigh Burke en Méditerranée orientale. La cible était la base aérienne d’Al-Chaayrat. Le Chef d’État-Major des armées Françaises (CEMA) n’a pas écarté la possibilité d’une intervention autonome.
Tomahawks et missiles Scalp
La France pourrait donc accompagner ce tir de tomahawks, par une frappe opérée par des Rafales basés en Jordanie ou à Abu Dhabi. L’aviation française larguerait alors des missiles Scalp. « Ce type de missiles à une portée de 400 km, il peut leurrer le système antiaérien s’il est lancé assez bas », précise le journaliste spécialisé. « Il faut deux missiles, la puissance d’une seule charge peut ne pas suffire », précise Jean-Marc Tanguy. « Il n’a pas de problème de fiabilité, il est très précis grâce à un mode de guidage redondant, guidage GPS, un guidage inertiel par rapport à son point de largage, et enfin un module à l’avant de reconnaissance de cible ». Ce missile avec sa charge « brisante » a aussi l’insigne avantage d’être efficace contre des cibles dites durcies, bunker ou hangar d’aviation.
Missile de croisière naval
Autre solution, pour la France, le missile de croisière naval (MdCN), un nouveau missile embarqué sur les frégates multimissions françaises Fremm comme « l’Aquitaine » qui navigue actuellement dans l’est de la Méditerranée et pourrait donc intervenir. « C’est une arme assez différente, la charge est de 250 kg et la portée d’un millier de km, le missile MdCN a une charge polyvalente pas optimisée comme le Scalp » précise encore Jean-Marc Tanguy. « On ne met pas 250 missiles dans une frégate, la France est donc limitée en termes de stock » rappelle l’expert. Ce serait aussi sa première utilisation en combat.
Le principal aspect stratégique de l’attaque sera pour les Français et les Américains d’arriver à saturer la défense antiaérienne syrienne, afin de rendre le plus efficace possible ce bombardement. Selon le blog expert le Fauteuil de Colbert, « la Marine nationale et l’Armée de l’Air peuvent lancer simultanément près d’une cinquantaine de missiles de croisière, ce sera fonction de la puissance du message politique à transmettre à Bachar al-Assad et des contingences militaires… »
L’implication des Russes, visiblement dans une posture « agressive », si l’on en croit le survol par un avion de chasse russe de la Frégate Aquitaine ce week-end et la mise en garde du Kremlin contre tout acte pouvant « déstabiliser » la Syrie, sera aussi un élément important du succès de l’opération.