Abdou Diouf ne savait pas que l’hommage appuyé à son "intendant de classe exceptionnelle" qu’il prononça lors du 13è congrès du Ps du 30 mars 1996, communément appelé "Congrès sans débats", allait précipiter sa chute. La mise en quarantaine de barons légitimistes comme Djibo et Moustapha Niasse (25 % des suffrages en 2000) lui a coûté la présidence et envoyé OTD et ses affidés dans l’opposition.
Depuis, les désillusions ont cimenté de nouvelles alliances. Les féroces adversaires d’hier se sont convertis aux vertus de la realpolitik et s’échangent des amabilités dans les algarades de l’opposition. Mais point trop n’en faut ! Toutes les combinaisons des contradicteurs du président Wade ont butté sur cette sourde adversité qui, comme un fleuve souterrain, étend son lit à l’abri des yeux. Son eau serpente en profondeur en quête de brèche pour gicler. La puissance de l’eau, comme celle qui cimente l’inimitié contenue des deux leaders de parti, est dévastatrice. 2012 démentira-t-il cette grosse contrariété qui brouille les plans de l’opposition ? Voire.
Niasse, estampillé quatrième président du Sénégal par ses séides, se prépare pour son ultime combat. Une ambition qu’il a récemment réaffirmée sur le plateau de la chaîne « Africa 24 », malgré les dénégations du Bureau politique de son parti. A 72 ans en 12 (il est né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel), il sait que la présidentielle sera pour lui une balle de match. Gagner donc. Mais comment ? Avec 16,14 % des suffrages exprimés lors des législatives d’avril 2001 tombés à près de 5% en 2007, Moustapha Niasse sait parfaitement qu’il est loin d’être majoritaire au Sénégal. Il a besoin, pour gravir les marches du palais de l’Avenue Roume, du soutien de ses alliés de Bennoo et d’un affaissement du score de Me Wade.
En 2012 donc, le « Monsieur propre de la politique sénégalaise » sera à nouveau de service puisqu’il s’agira avant tout de montrer que le candidat de l’Afp est à l’abri du besoin, par conséquent peu susceptible de prévarication.
Les mouchoirs blancs seront de sortie à nouveau. Niasse fait en effet partie des Sénégalais les plus riches puisque sa longue fréquentation des allées du pouvoir, particulièrement du ministère des Affaires étrangères, lui a permis de se constituer un réseau très dense et de se lancer, avec bonheur, dans les affaires. Son réseau relationnel sera en outre mis en exergue dans cette stratégie de fabrication de la « présidentiabilité » du premier PM de Wade. On sait qu’il entretient de solides amitiés dans les « pays du désert » et notamment en Arabie saoudite où il est bien introduit auprès du nouveau roi Abdallah Ibn Abdelaziz et divers membres de la maison royale. Qu’il a aussi son réseau en Afrique (Gabon, Niger, Congo, Rdc...), qu’il a ses amis en France et aux Etats-Unis et qu’il jouit d’une grande crédibilité aux Nations unies puisqu’il a été l’envoyé spécial de Kofi Annan en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs.
Enfin, à l’Afp, on ne manquera pas de louer les qualités d’« homme de cœur » de Niasse qui ne chercherait pas le pouvoir pour des privilèges en rappelant que le Secrétaire général des progressistes avait pris la décision de financer, grâce à ses indemnités de Premier ministre, quarante-deux bourses scolaires à des étudiants nécessiteux.
Rédemption
Mais Tanor ne l’entendra sûrement pas de cette oreille. Le Secrétaire général du Ps vit sous le mode de la rédemption depuis mars 2000. Il a trouvé de nouvelles vérités après son « conciliabule avec lui-même » diagnostiqué par le psychologue Mamadou Mbodj. Il s’est « bonifié, comme il le dit lui-même, a reformaté son parti à la dimension de son ambition présidentielle. Il n’a pas résisté à la charge des barons socialistes (Mamadou Diop, Robert Sagna, Souty Touré) partis chercher de la consistance ailleurs après la défaite du 19 mars 2000 et affirmé son leadership au Ps pour, aujourd’hui, se ranger avec armes et bagages derrière un ancien... baron socialiste.
Après la difficile phase de convalescence ponctuée par le départ massif de nombre de ses cadres, le Ps s’est remis petit à petit. Il a accepté de faire son autocritique, de reconnaître ses erreurs et même, de demander pardon pour ses fautes passées. Ses leaders développent un nouveau discours fortement empreint de modestie et s’emploient avec constance à faire sauter les obstacles qui les séparaient de leurs militants. Bref, le Ps naguère arrogant et hautain, a amélioré sa communication et présente une nouvelle offre politique. En vérité, l’homme a acquis une stature de leader d’opposition, aidé par une bonne culture de l’État et par son expérience. Une stature qui, confrontée à la dure réalité électorale, a beaucoup perdu de sa consistance. Depuis le départ de Diouf, le Ps, sous la houlette de
Tanor, est à la recherche de sa gloire perdue.
Les législatives de 2001 ont marqué une chute vertigineuse des socialistes qui n’ont pu retrouver que
onze postes de députés. Et la première candidature à la présidentielle de l’enfant de Nguéniène a été une grosse désillusion puisque le score socialiste est tombé à 13,56 %.
L’avenir de Bennoo Siggil Senegaal se jouera très certainement dans le match des ego qui oppose, furtivement, les deux têtes de pont des partis les plus significatifs de la coalition.
Si Niasse et Tanor ne soldent pas leurs comptes, la candidature unique de l’opposition sera comme le furet de Paris. Tout le monde en parlera. Personne ne le trouvera.
Sidy Diop
Le Soleil
Depuis, les désillusions ont cimenté de nouvelles alliances. Les féroces adversaires d’hier se sont convertis aux vertus de la realpolitik et s’échangent des amabilités dans les algarades de l’opposition. Mais point trop n’en faut ! Toutes les combinaisons des contradicteurs du président Wade ont butté sur cette sourde adversité qui, comme un fleuve souterrain, étend son lit à l’abri des yeux. Son eau serpente en profondeur en quête de brèche pour gicler. La puissance de l’eau, comme celle qui cimente l’inimitié contenue des deux leaders de parti, est dévastatrice. 2012 démentira-t-il cette grosse contrariété qui brouille les plans de l’opposition ? Voire.
Niasse, estampillé quatrième président du Sénégal par ses séides, se prépare pour son ultime combat. Une ambition qu’il a récemment réaffirmée sur le plateau de la chaîne « Africa 24 », malgré les dénégations du Bureau politique de son parti. A 72 ans en 12 (il est né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel), il sait que la présidentielle sera pour lui une balle de match. Gagner donc. Mais comment ? Avec 16,14 % des suffrages exprimés lors des législatives d’avril 2001 tombés à près de 5% en 2007, Moustapha Niasse sait parfaitement qu’il est loin d’être majoritaire au Sénégal. Il a besoin, pour gravir les marches du palais de l’Avenue Roume, du soutien de ses alliés de Bennoo et d’un affaissement du score de Me Wade.
En 2012 donc, le « Monsieur propre de la politique sénégalaise » sera à nouveau de service puisqu’il s’agira avant tout de montrer que le candidat de l’Afp est à l’abri du besoin, par conséquent peu susceptible de prévarication.
Les mouchoirs blancs seront de sortie à nouveau. Niasse fait en effet partie des Sénégalais les plus riches puisque sa longue fréquentation des allées du pouvoir, particulièrement du ministère des Affaires étrangères, lui a permis de se constituer un réseau très dense et de se lancer, avec bonheur, dans les affaires. Son réseau relationnel sera en outre mis en exergue dans cette stratégie de fabrication de la « présidentiabilité » du premier PM de Wade. On sait qu’il entretient de solides amitiés dans les « pays du désert » et notamment en Arabie saoudite où il est bien introduit auprès du nouveau roi Abdallah Ibn Abdelaziz et divers membres de la maison royale. Qu’il a aussi son réseau en Afrique (Gabon, Niger, Congo, Rdc...), qu’il a ses amis en France et aux Etats-Unis et qu’il jouit d’une grande crédibilité aux Nations unies puisqu’il a été l’envoyé spécial de Kofi Annan en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs.
Enfin, à l’Afp, on ne manquera pas de louer les qualités d’« homme de cœur » de Niasse qui ne chercherait pas le pouvoir pour des privilèges en rappelant que le Secrétaire général des progressistes avait pris la décision de financer, grâce à ses indemnités de Premier ministre, quarante-deux bourses scolaires à des étudiants nécessiteux.
Rédemption
Mais Tanor ne l’entendra sûrement pas de cette oreille. Le Secrétaire général du Ps vit sous le mode de la rédemption depuis mars 2000. Il a trouvé de nouvelles vérités après son « conciliabule avec lui-même » diagnostiqué par le psychologue Mamadou Mbodj. Il s’est « bonifié, comme il le dit lui-même, a reformaté son parti à la dimension de son ambition présidentielle. Il n’a pas résisté à la charge des barons socialistes (Mamadou Diop, Robert Sagna, Souty Touré) partis chercher de la consistance ailleurs après la défaite du 19 mars 2000 et affirmé son leadership au Ps pour, aujourd’hui, se ranger avec armes et bagages derrière un ancien... baron socialiste.
Après la difficile phase de convalescence ponctuée par le départ massif de nombre de ses cadres, le Ps s’est remis petit à petit. Il a accepté de faire son autocritique, de reconnaître ses erreurs et même, de demander pardon pour ses fautes passées. Ses leaders développent un nouveau discours fortement empreint de modestie et s’emploient avec constance à faire sauter les obstacles qui les séparaient de leurs militants. Bref, le Ps naguère arrogant et hautain, a amélioré sa communication et présente une nouvelle offre politique. En vérité, l’homme a acquis une stature de leader d’opposition, aidé par une bonne culture de l’État et par son expérience. Une stature qui, confrontée à la dure réalité électorale, a beaucoup perdu de sa consistance. Depuis le départ de Diouf, le Ps, sous la houlette de
Tanor, est à la recherche de sa gloire perdue.
Les législatives de 2001 ont marqué une chute vertigineuse des socialistes qui n’ont pu retrouver que
onze postes de députés. Et la première candidature à la présidentielle de l’enfant de Nguéniène a été une grosse désillusion puisque le score socialiste est tombé à 13,56 %.
L’avenir de Bennoo Siggil Senegaal se jouera très certainement dans le match des ego qui oppose, furtivement, les deux têtes de pont des partis les plus significatifs de la coalition.
Si Niasse et Tanor ne soldent pas leurs comptes, la candidature unique de l’opposition sera comme le furet de Paris. Tout le monde en parlera. Personne ne le trouvera.
Sidy Diop
Le Soleil
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