Annoncé par Emmanuel Macron lors de la COP27, en novembre dernier, ce sommet est issu d’une rencontre avec Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, dans les Caraïbes. La charismatique dirigeante de cette micro-nation travaille depuis plusieurs années à un projet ambitieux, tiré de l’expérience vécue par l’île: l’accès des pays vulnérables aux ressources financières pour répondre au réchauffement climatique. Un défi qui emporte tous les autres mais intenable dans le cercle vicieux de l’endettement. « 93 % des pays les plus vulnérables aux catastrophes climatiques sont en situation de surendettement, ou pas loin de l’être, selon l’ONG Oxfam. Les pays en crise (...) ne peuvent par exemple plus investir dans les services publics ou la lutte contre les dérèglements climatiques. »
Banques de développement: dépenser plus et mieux
C’est donc au niveau de la dette que l’initiative de Bridgetown converge vers un autre agenda, véritable serpent de mer qui rampe depuis des décennies : la réforme des institutions de Bretton Woods, à savoir la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, fondées en 1944. Censées garantir la stabilité macro-économique, elles ne sont plus en phase avec la réalité et les nécessités planétaires du nouveau siècle.
Or, derrière ces deux institutions, c’est toute la galaxie de banques publiques de développement, multilatérales, nationales, régionales, bilatérales etc. (Banque africaine, inter-américaine…) qui doivent changer de visage. « Ces banques s’intéressent aujourd’hui au financement de projets précis – une éolienne par-ci, une centrale photovoltaïque par-là -, sans avoir de vision d’ensemble sur une transformation globale qu’il faudra faire dans les pays en développement en quelques décennies », explique Benoît Leguet, directeur de l’Institut de l’économie pour le climat. Désormais, elles sont appelées à aider les États à développer et financer un cadre assez incitatif et protecteur pour le secteur privé (fonds de pension surtout mais aussi banques privées, grandes entreprises…) afin qu’il engage davantage de fonds dans les projets de la lutte contre le changement climatique. « Passer, résume l’économiste, d’une logique de volume – j’ai fait tant de projets pour le climat – à une logique d’impact – j’ai réussi à déverrouiller un cadre qui permet au privé d’apporter ses capitaux. »
Dépenser mieux donc. Dépenser plus aussi, en recapitalisant ces banques de développement, plaident ONG, mais aussi économistes et chercheurs. Les rapports évaluant des besoins à neuf zéros se succèdent (lire plus bas). « Il s’agit de multiplier par cinq la capacité d’intervention du système Banque mondiale et banques de développement, et cela en deux à trois ans, analyse Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Ce sont des réformes massives, pas faciles à décider. Cela dit toute la tension très forte qu’il y a entre montrer des volontés politiques sur ce sujet et la difficulté à atteindre des résultats concrets dans un temps relativement court. »
Un sommet politique pour rétablir la confiance Nord-Sud
Dette, réformes des banques, secteur privé mais aussi création de nouvelles sources de revenus sont les quatre les piliers de ce sommet d’une journée et demi et dont l’objectif visé, selon les termes de l’Élysée le 16 juin, à « débloquer des conversations » pour « créer un élan politique », voire de « refonder Bretton Woods ». Vendredi, promet la présidence, « il va y avoir un récapitulatif de tous les engagements qui auront été pris » et la publication d’une feuille de route en vue des prochaines échéances 2023, notamment le G20 en Inde et la COP28 à Dubaï. « Ce sommet, qui répond à un besoin, est indispensable mais aussi extrêmement risqué, analyse Sébastien Treyer. Parce qu’à part une affirmation politique très importante, que peut-il produire d’autre ? Il faudra des avancées concrètes. »
Si ce sommet ne dispose pas du mandat pour aboutir à des décisions formelles (comme dans le cadre de l’ONU ou du G20), « son succès résidera dans la constitution de leadership et de coalitions de pays capables d’annoncer des engagements puis de les porter dans les instances adéquates », décrypte Alice Pauthier, chercheuse à I4CE.
Car, en toile de fond, ce mini-sommet, qui se veut grand, promet de « bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud », selon les termes de Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères. « Quand on a affiché un objectif aussi ambitieux, il faut être à la hauteur des attentes », tance Cécile Duflot, directrice d’Oxfam et ancienne ministre. Or, poursuit-elle, « les réformes qui sont sur la table sont essentiellement techniques et surtout à ressources constantes, donc pas à la hauteur du problème ». « Le Covid a accru les inégalités, a fait reculer la lutte contre la pauvreté, parfois de 30 ans en Afrique subsaharienne » mais pendant ce temps, rappelle-t-elle, « les pays riches ont réussi à mobiliser 28 000 milliards de leur réponse au Covid uniquement en 2020 ». Un culot qui finit par se voir dans l'autre hémisphère. Sébastien Treyer abonde : « On trouve des solutions économiques incroyables pour l’Ukraine, mais quand les pays d’Afrique comme le Ghana ou la Zambie qui sont des exemples de processus démocratiques dans le continent africain et qui avaient une trajectoire de décollage économique extrêmement intéressante, se trouvent dans un risque de dette massive, on leur demande d’attendre six mois, dix-huit mois pour leur trouver une solution. C’est la coopération internationale qui risque le déraillement, entre le Nord et le Sud et en particulier entre l’Ouest et le Sud. »
À première vue, la liste des présents est impressionnante : 39 chefs d’État ou de gouvernement, 45 ministres ou chefs de délégation et autant de patrons de grandes institutions dont, les principales concernées par une réforme des accords de Bretton Woods : Kristalina Georgieva, directrice du FMI, Ajay Banga, dont les tous premiers pas comme directeur de la Banque mondiale seront observés, mais aussi Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil et patronne de la Nouvelle Banque de développement, créées par les Brics et basée en Chine ou encore le sultan Al-Jaber, qui préside à la fois la prochaine COP28 et la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis.
Dans le détail, les États du Nord n’ont pas répondu présent à l'invitation française. Joe Biden sera représenté par sa secrétaire au Trésor Janet Yellen. Canada, Japon, membres du G7, envoient par exemple des ministres. Même Narendra Modi, qui préside le G20 et co-organise le sommet, signera par son absence. « Peut-être que Rishi Shunak [Premier ministre britannique] prendra un billet Eurostar d’ici jeudi », ironisait Friederike Roder, vice-présidente de Global Citizen, une ONG internationale de lutte contre la pauvreté. « On déplore vivement ces absences, c’est quelque chose qu’on retiendra de ce sommet. » Le chancelier allemand Olaf Scholz, lui, traversera le Rhin.
Différents observateurs relèvent l'intérêt d'un tel sommet informel alors que les instances classiques sont paralysées par la géopolitique. Toutefois, avec seulement six mois de préparation derrière lui, notamment diplomatique, cet énième raout frappé du sceau macronien court le risque d'être rangé sur l'étagère bien remplie des bonnes volontés. « C’est la crédibilité de la France qui est en jeu », glisse un responsable d’ONG africain. Reste que la locomotive ne parvient pas toujours entraîner dans son sillon les wagons concernés par les enjeux.
Promesses à tenir
Dans un contraste saisissant, 26 présidents et Premiers ministres sur 39 viennent d’Afrique. Une présence à la mesure de l'urgence et de l'impatience. Les pays les plus vulnérables et les plus endettés attendent toujours des preuves de confiance du Nord à les aider à se préparer aux fléaux climatiques. À leurs yeux, ces preuves doivent s’incarner en priorité dans l’accomplissement d'au moins deux promesses non tenues.
La première, c’est celle formulée en 2009 à la COP15 de Copenhague, réaffirmé en 2015 à Paris : fournir 100 milliards de dollars annuellement d’ici 2020 pour aider les pays à s’adapter. La somme promise stagne à 83 milliards. « 2023 devrait marquer l’année où ils sont réunis », fait-on patienter à l’Élysée. Rien n’est moins sûr donc que cela soit annoncé dans les deux jours. En outre, la crédibilité même de ces chiffres est mise en cause puisque les trois-quarts de ce montant sont des prêts et non des dons. « Cela conduit à un surendettement pour des pays qui ne sont, en plus, pas responsables du changement climatique », rappelle Fanny Petitbon, chargée de plaidoyer à l’ONG Care.
La deuxième réside dans une autre enveloppe de 100 milliards : les Droits de tirages spéciaux, surnommés « la monnaie du FMI » et ressortis du chapeau pour renflouer les caisses au moment du Covid. Mais le système de redistribution est d'une inégalité criante puisqu'il est proportionnel à la participation de chaque pays au FMI. Ainsi, sur les 650 milliards de dollars en DTS émis dans le cadre de la pandémie, seuls 33 milliards sont allés vers l'Afrique, de manière mécanique. Pour réparer cette faiblesse, en 2021, lors d'un sommet Afrique à Paris, le G20 promettait 100 milliards de dollars en DTS. Seuls 60 ont été réunis pour l'instant...
Selon un rapport d’économistes dévoilé à la COP27 et qui fait référence, les pays en développement et les moins avancés auront besoin de 2400 milliards par an d’ici à 2030 pour atteindre leurs objectifs environnementaux, dont 1000 devront provenir des pays développés. La somme passe à 4000 milliards, selon l’OCDE, si l’on rajoute le développement. Pour Benoît Leguet, directeur d’I4CE, « le premier critère de succès du sommet sera quantitatif : combien de milliards seront promis et sous quelle forme ». Du côté des ONG, on répète à l’envi que, s’il faut commencer par tenir les promesses passées, ces centaines de milliards seront une goutte au regard des besoins réels.
Banques de développement: dépenser plus et mieux
C’est donc au niveau de la dette que l’initiative de Bridgetown converge vers un autre agenda, véritable serpent de mer qui rampe depuis des décennies : la réforme des institutions de Bretton Woods, à savoir la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, fondées en 1944. Censées garantir la stabilité macro-économique, elles ne sont plus en phase avec la réalité et les nécessités planétaires du nouveau siècle.
Or, derrière ces deux institutions, c’est toute la galaxie de banques publiques de développement, multilatérales, nationales, régionales, bilatérales etc. (Banque africaine, inter-américaine…) qui doivent changer de visage. « Ces banques s’intéressent aujourd’hui au financement de projets précis – une éolienne par-ci, une centrale photovoltaïque par-là -, sans avoir de vision d’ensemble sur une transformation globale qu’il faudra faire dans les pays en développement en quelques décennies », explique Benoît Leguet, directeur de l’Institut de l’économie pour le climat. Désormais, elles sont appelées à aider les États à développer et financer un cadre assez incitatif et protecteur pour le secteur privé (fonds de pension surtout mais aussi banques privées, grandes entreprises…) afin qu’il engage davantage de fonds dans les projets de la lutte contre le changement climatique. « Passer, résume l’économiste, d’une logique de volume – j’ai fait tant de projets pour le climat – à une logique d’impact – j’ai réussi à déverrouiller un cadre qui permet au privé d’apporter ses capitaux. »
Dépenser mieux donc. Dépenser plus aussi, en recapitalisant ces banques de développement, plaident ONG, mais aussi économistes et chercheurs. Les rapports évaluant des besoins à neuf zéros se succèdent (lire plus bas). « Il s’agit de multiplier par cinq la capacité d’intervention du système Banque mondiale et banques de développement, et cela en deux à trois ans, analyse Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Ce sont des réformes massives, pas faciles à décider. Cela dit toute la tension très forte qu’il y a entre montrer des volontés politiques sur ce sujet et la difficulté à atteindre des résultats concrets dans un temps relativement court. »
Un sommet politique pour rétablir la confiance Nord-Sud
Dette, réformes des banques, secteur privé mais aussi création de nouvelles sources de revenus sont les quatre les piliers de ce sommet d’une journée et demi et dont l’objectif visé, selon les termes de l’Élysée le 16 juin, à « débloquer des conversations » pour « créer un élan politique », voire de « refonder Bretton Woods ». Vendredi, promet la présidence, « il va y avoir un récapitulatif de tous les engagements qui auront été pris » et la publication d’une feuille de route en vue des prochaines échéances 2023, notamment le G20 en Inde et la COP28 à Dubaï. « Ce sommet, qui répond à un besoin, est indispensable mais aussi extrêmement risqué, analyse Sébastien Treyer. Parce qu’à part une affirmation politique très importante, que peut-il produire d’autre ? Il faudra des avancées concrètes. »
Si ce sommet ne dispose pas du mandat pour aboutir à des décisions formelles (comme dans le cadre de l’ONU ou du G20), « son succès résidera dans la constitution de leadership et de coalitions de pays capables d’annoncer des engagements puis de les porter dans les instances adéquates », décrypte Alice Pauthier, chercheuse à I4CE.
Car, en toile de fond, ce mini-sommet, qui se veut grand, promet de « bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud », selon les termes de Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères. « Quand on a affiché un objectif aussi ambitieux, il faut être à la hauteur des attentes », tance Cécile Duflot, directrice d’Oxfam et ancienne ministre. Or, poursuit-elle, « les réformes qui sont sur la table sont essentiellement techniques et surtout à ressources constantes, donc pas à la hauteur du problème ». « Le Covid a accru les inégalités, a fait reculer la lutte contre la pauvreté, parfois de 30 ans en Afrique subsaharienne » mais pendant ce temps, rappelle-t-elle, « les pays riches ont réussi à mobiliser 28 000 milliards de leur réponse au Covid uniquement en 2020 ». Un culot qui finit par se voir dans l'autre hémisphère. Sébastien Treyer abonde : « On trouve des solutions économiques incroyables pour l’Ukraine, mais quand les pays d’Afrique comme le Ghana ou la Zambie qui sont des exemples de processus démocratiques dans le continent africain et qui avaient une trajectoire de décollage économique extrêmement intéressante, se trouvent dans un risque de dette massive, on leur demande d’attendre six mois, dix-huit mois pour leur trouver une solution. C’est la coopération internationale qui risque le déraillement, entre le Nord et le Sud et en particulier entre l’Ouest et le Sud. »
À première vue, la liste des présents est impressionnante : 39 chefs d’État ou de gouvernement, 45 ministres ou chefs de délégation et autant de patrons de grandes institutions dont, les principales concernées par une réforme des accords de Bretton Woods : Kristalina Georgieva, directrice du FMI, Ajay Banga, dont les tous premiers pas comme directeur de la Banque mondiale seront observés, mais aussi Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil et patronne de la Nouvelle Banque de développement, créées par les Brics et basée en Chine ou encore le sultan Al-Jaber, qui préside à la fois la prochaine COP28 et la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis.
Dans le détail, les États du Nord n’ont pas répondu présent à l'invitation française. Joe Biden sera représenté par sa secrétaire au Trésor Janet Yellen. Canada, Japon, membres du G7, envoient par exemple des ministres. Même Narendra Modi, qui préside le G20 et co-organise le sommet, signera par son absence. « Peut-être que Rishi Shunak [Premier ministre britannique] prendra un billet Eurostar d’ici jeudi », ironisait Friederike Roder, vice-présidente de Global Citizen, une ONG internationale de lutte contre la pauvreté. « On déplore vivement ces absences, c’est quelque chose qu’on retiendra de ce sommet. » Le chancelier allemand Olaf Scholz, lui, traversera le Rhin.
Différents observateurs relèvent l'intérêt d'un tel sommet informel alors que les instances classiques sont paralysées par la géopolitique. Toutefois, avec seulement six mois de préparation derrière lui, notamment diplomatique, cet énième raout frappé du sceau macronien court le risque d'être rangé sur l'étagère bien remplie des bonnes volontés. « C’est la crédibilité de la France qui est en jeu », glisse un responsable d’ONG africain. Reste que la locomotive ne parvient pas toujours entraîner dans son sillon les wagons concernés par les enjeux.
Promesses à tenir
Dans un contraste saisissant, 26 présidents et Premiers ministres sur 39 viennent d’Afrique. Une présence à la mesure de l'urgence et de l'impatience. Les pays les plus vulnérables et les plus endettés attendent toujours des preuves de confiance du Nord à les aider à se préparer aux fléaux climatiques. À leurs yeux, ces preuves doivent s’incarner en priorité dans l’accomplissement d'au moins deux promesses non tenues.
La première, c’est celle formulée en 2009 à la COP15 de Copenhague, réaffirmé en 2015 à Paris : fournir 100 milliards de dollars annuellement d’ici 2020 pour aider les pays à s’adapter. La somme promise stagne à 83 milliards. « 2023 devrait marquer l’année où ils sont réunis », fait-on patienter à l’Élysée. Rien n’est moins sûr donc que cela soit annoncé dans les deux jours. En outre, la crédibilité même de ces chiffres est mise en cause puisque les trois-quarts de ce montant sont des prêts et non des dons. « Cela conduit à un surendettement pour des pays qui ne sont, en plus, pas responsables du changement climatique », rappelle Fanny Petitbon, chargée de plaidoyer à l’ONG Care.
La deuxième réside dans une autre enveloppe de 100 milliards : les Droits de tirages spéciaux, surnommés « la monnaie du FMI » et ressortis du chapeau pour renflouer les caisses au moment du Covid. Mais le système de redistribution est d'une inégalité criante puisqu'il est proportionnel à la participation de chaque pays au FMI. Ainsi, sur les 650 milliards de dollars en DTS émis dans le cadre de la pandémie, seuls 33 milliards sont allés vers l'Afrique, de manière mécanique. Pour réparer cette faiblesse, en 2021, lors d'un sommet Afrique à Paris, le G20 promettait 100 milliards de dollars en DTS. Seuls 60 ont été réunis pour l'instant...
Selon un rapport d’économistes dévoilé à la COP27 et qui fait référence, les pays en développement et les moins avancés auront besoin de 2400 milliards par an d’ici à 2030 pour atteindre leurs objectifs environnementaux, dont 1000 devront provenir des pays développés. La somme passe à 4000 milliards, selon l’OCDE, si l’on rajoute le développement. Pour Benoît Leguet, directeur d’I4CE, « le premier critère de succès du sommet sera quantitatif : combien de milliards seront promis et sous quelle forme ». Du côté des ONG, on répète à l’envi que, s’il faut commencer par tenir les promesses passées, ces centaines de milliards seront une goutte au regard des besoins réels.