On les appelle les « retournés sans attache ». Ils s’entassent dans les points de passage frontaliers où ils ne sont censés rester que quelques jours, le temps d’être enregistrés et envoyés ailleurs. Seulement, devant l’afflux, les autorités tchadiennes et le HCR ne savent pas quoi faire d’eux. Ils sont Tchadiens d’origine, donc ne peuvent bénéficier de la protection offerte aux réfugiés, mais ayant vécu en Centrafrique depuis plusieurs générations parfois, ils n’ont nulle part où aller.
A Sido, principal point d’entrée au Tchad, ils sont déjà 13 000 à survivre ainsi dans des conditions déplorables, comme en témoigne Sarah Château, chef de mission pour Médecins sans frontières (MSF) : « Ils n’ont que très peu d’assistance humanitaire. Seulement 3 000 personnes dorment dans des abris constitués de bâches plastiques. Les autres dorment sous les arbres. Il y a 20 latrines, 20 points d’eau, des conditions d’hygiène assez catastrophiques ».
Ni réfugiés, ni vraiment Tchadiens, ces gens font l’objet de discussions à Ndjamena pour savoir quel sort leur sera réservé. En attendant, ils succombent aux maladies et pour manger, ils bénéficient de la solidarité des populations et autorités locales. A Sido, le Programme alimentaire mondial (PAM) n’est plus en mesure de distribuer de l’aide alimentaire depuis plusieurs semaines.
Toutes les agences de l’ONU sont dans cette situation financière déplorable. « Aussi bien le HCR, l’Unicef, le PAM, la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture], en tant que communautés humanitaires nous lançons un appel à tous les bailleurs pour qu’ils puissent aider dans la gestion de ces populations », explique Aminata Gueye, représentante du HCR au Tchad.
Aux conditions de survie extrêmes de ces 13 000 de Sido vient s’ajouter un facteur aggravant : la pluie, qui tombe depuis deux jours.