Témoignage sur feu Oumar Mané: le "virtuose polyglotte" raconté par Pr Seyni Sadio



Devant la mort tout s’efface ! Mais face au chagrin, à la détresse, à la douleur de la famille et des amis d'Omar Mané, les souvenirs de l’homme refont surface, rejaillissent des subconscients.  Ils auraient voulu remonter le temps pour davantage lui témoigner de leur affection. Même les défilés incessants des voisins et des connaissances venus compatir à leur peine suffisent à leur mettre du baume au cœur. Ils sont inconsolables ! Pourquoi le Seigneur leur a donné puis repris leur Oumar, à la fleur de l’âge qui plus est ? Une question à laquelle ils ont du mal à répondre, les yeux rivés vers le ciel et qui fait éclater leurs sanglots de plus belle.

 
Seyni Sadio, historien chercheur traditionnel, âgé de 63 ans et ancien professeur de géographie, témoigne sur Omar Mané, lead vocal du groupe Ndiama Gnaba. «Le travail immense que le groupe Ndiama Gnaba a fait pour la renaissance et le renouveau de la culture Balante de 1994 à nos jours, il nous ait effectivement impossible  d’énumérer tout le mérite pour faire un bilan pour dire voici ce qu’ils ont fait effectivement. Ils ont rempli convenablement leur mission". Le Ndiama Gnaba était un port étendard ». « Le témoignage que je fais sur Oumar : d’abord c’est un jeune talentueux, une inspiration divine.  Il est né il y a de cela 37 ans à Bignona à Badjokoto en milieu Diola. Son père Mambéna Alias Ibrahima Mané est un vertuose du Balafon.



Dès le bas âge, il a montré les aptitudes des talents qu’il avait hérité de son père.  C’était un musicien inné et empirique. Oumar Mané selon les témoignages, moins de dix ans de sa vie, il s’assoyait sur les cuisses de son père pour prendre les baguettes du balafon et commencer à égayer des verres. Mais ce qui parait important malgré sa popularité, il n’avait pas la tête très ample. C’était quelqu’un de très modeste ».

 
Les lettres qui compose le nom Oumar
 « Si nous décryptons le mot OUMAR, je vois O comme Ouverture, U comme Universalité, M comme Modestie, A comme Amitié, R comme Rayonnement. Tout cela c’était OUMAR. Nous savons aussi que c’est quelqu’un qui aimait partager.  Le Balantacounda était pour lui un sacerdoce. Parce qu’il était conscient du retard que nous accusons par rapport aux infrastructures scolaires. Il a initié « un concert une salle de classe ». À travers le Balantacounda. Les villages ou il a pu intervenir : Safane, Sathoum, Yarang, Mangaroungou, Coungnara, Niafor, Thiar, etc. Pour ce qui concerne le Boudier, vous avez le Francounda, Nguindir. Tous on témoigné sur ce que Oumar à pu faire. Substituer, transplanter, faire éradiqué, les huttes pour que nous ayons des conforts mieux que ce que nous avions », présente le Professeur Sadio.  

 
"Oumar Mané, un véritable ambassadeur de notre culture"
Oumar était un ambassadeur transcommunautaire. C’est en 2005, lors qu’il ira à Sikasso, avec son groupe Ndiama Gnaba, au festival du balafon. Pendant ce temps on ne croyait que le balafon  s’arrêtait dans la Sous-région. Au Mali, en Côte d’Ivoire, aussi au Burkina Faso. Quand Oumar est partie avec son balafon Balante, les gens étaient étonnés, ils disaient c’est le Wolofbalafon. C'est-à-dire pour eux, les "Wolof" constituaient le résumé de tout le peuple Sénégalais. Oumar leur a dit non ! Bien que nous sommes des Sénégalais, mais nous sommes au sud, dans un terroir qu’on appelle le Balantacounda.  Nous sommes des "Balantes". C’est ce jour qu’on a su qu’il y’a un balafon qui était pas recensé. Désormais, Sikasso devient le festival du balafon. Le group a été reconnu comme étant celui qui a eu à faire le faire Play, dont il a eu le prix. Les mélomanes avaient constaté que le balafon représentait  la gamme la plus moderne, et la gamme la plus complet du monde. Car nous savions qu’a travers l’Afrique, il y’a 69 peuples.
Oumar avait cessait d’appartenir aux Balantes. Il était devenu un musicien polyglotte. Il a chanté en balante, en mandingue, en peulh dans sa chanson « Sida » et en manjaque. Il a prévu un album qui doit sortir et ou il devait chanter spécialement qu’en Diola. Car il est né en plein pays Diola à Bignona.


 

"Ce qui ma aussi frappé sur la vie de cet homme"
«  Je dirais sa modestie. Il était très modeste, c’est quelqu’un de très réservé, quand je le voyais sur scène, c’est quelqu’un qui se métamorphose, qui est hors de lui-même. Quand nous disons qu’il est mort à l’âge de 37, je dis qu’importe le temps que nous mettrons sur cette terre, ce n’est pas le temps qui est important mais le contrat qu’on a pu effectivement assumer. C’est la mission qu’on a accompli. Oumar est décédé à l’âge de 37 ans, mais je dis au gens que Jésus Christ est décédé à l’âge de 30 ans. Oumar Mané j’ai bien mesuré sa popularité mais de manière posthume. Je savais qu’il était populaire, mais pas à ce point. Le jour de sa mort, une foule n’a jamais été aussi immense. Jamais une foule n’a été aussi en délire après le décès de Jules François Bocandé.

 

"Oumar réfléchissait déjà sur la mort"
"Il y’a deux titres qui m’ont le plus marqué. Oumar réfléchissait déjà sur la mort.  En disant, je scrute le monde qui est là, le public qui est là, j’ai cherché un homme que je n’ai pas vu. C’est "Amoson", en disant à ce dernier il faut boire de l’eau. Sachez que le destin est inévitablement la mort. Il disait au chef de groupe Katmandou, il faut pleurer et cesser de pleurer. Si parfois le malheur vous arrive, on se pose la question qu’est ce que nous avons fait au bon Dieu ? Mais la mort est inéluctable. Si vous pleurez quelqu’un, sachez que demain, ce sera à votre tour. Quand il dit « guimonmoné », c'est-à-dire être très convoité, envié, être égocentrique, l’homme est complexe, le remède de l’homme mais c’est aussi le poison de l’homme. 







 

Les « Fans », un véritable hymne d’amour, de la tolérance, de la concorde, une cohabitation sincère et honnête. 

Séquence 5.wav  (19.99 Mo)



Mardi 3 Février 2015 15:08


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