Thaïlande : l'aéroport de Bangkok ferme, investi par des manifestants anti-gouvernementaux

La crise politique en Thaïlande a connu, mardi 25 novembre, une sérieuse escalade avec la fermeture de l'aéroport international de Bangkok et des affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement, qui ont fait au moins onze blessés, dont huit par balles. Pour la deuxième journée consécutive, des milliers d'opposants d'obédience royaliste ont multiplié les actions pour paralyser l'activité gouvernementale et faire tomber rapidement le Premier ministre élu Somchai Wongsawat, beau-frère du dirigeant déchu Thaksin Shinawatra.



L'opération la plus spectaculaire s'est déroulée dans la soirée lorsque des manifestants antigouvernementaux ont pris d'assaut le terminal de l'aéroport international Suvarnabhumi, plaque tournante utilisée par 13 millions de touristes visitant la Thaïlande chaque année.

De véritables scènes de chaos se sont produites dans ce nouvel aéroport construit en 2006, sous le regard désemparé des touristes qui s'apprêtaient à embarquer. L'aéroport international a dû être fermé pour une période indéterminée vers 21 h, et les vols redirigés vers d'autres destinations.

"Notre but est de fermer l'aéroport de Suvarnabhumi jusqu'au départ de Somchai", déclaré Parnthep Pourpongpan, porte-parole de la PAD, en se référant au premier ministre Somchai Wongsawat. Ce dernier, qui a exclu de démissionner, doit regagner son pays mercredi après avoir pris part au sommet Asie-Pacifique de l'APEC au Pérou.

L'ÉCONOMIE DU PAYS EN PÉRIL

Mais l'occupation de l'aéroport risque d'entamer le soutien de l'opinion à un mouvement qui semble prêt à des actions extrêmes pour provoquer une violente riposte du gouvernement. La situation inspire aussi des craintes quant à la capacité de l'économie thaïlandaise, tributaire des exportations et du tourisme, à faire face à une crise financière internationale, et les sondages traduisent une lassitude grandissante de l'opinion envers le PAD.

Selon des analystes, les puissants alliés du PAD dans l'élite de Bangkok sont de plus en plus inquiets face aux effets des remous politiques sur l'économie nationale. "Les gens qui ont soutenu le PAD en coulisse commencent à craindre qu'il échappe à tout contrôle. C'est une menace pour l'ordre public et même pour l'appareil d'Etat lui-même", explique l'historien et politologue Chris Baker.

Fondée en février 2006, la PAD a contribué, par des manifestations à Bangkok, à déstabiliser l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra avant son renversement. Elle est hostile à toute révision de la Constitution élaborée sous la précédente junte militaire.

La PAD comprend d'anciens officiers, des universitaires et des représentants de la classe moyenne, disposant de puissants relais dans l'armée, parmi les juges et au palais royal. Opposée également à toute démocratie populaire qui "encourage la corruption", la PAD avait proposé en juillet un nouveau système politique dans lequel 70 % des parlementaires seraient nommés, et non élus.

Le Monde.fr

Awa DIEDHIOU

Mardi 25 Novembre 2008 17:42


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