Je suis Kalidou Koulibaly,
Voilà que resurgit, dans une enceinte de football qui rappelle les arènes où le Peuple de Rome, de Napoli ou d'ailleurs houspillaient les gladiateurs les poussant à s'étriper, la même clameur de haine pour le plaisir de haïr.
Comme naguère, comme toujours, le Noir Kalidou a été conspué, sifflé, moqué, humilié mais contraint par les règles de fair-play à se contenir et à se retenir. Ni l'arbitre ni les autres personnes bien comme il faut qui assistaient au spectacle n'ont jugé décent d'arrêter le supplice de Kalidou, parce que voyez vous, les lois du football sont au dessus des droits de l'Homme Noir.
Après tout, les spectateurs ne faisaient que s'amuser un peu. Un peu trop sans doute, mais cela a toujours fait partie du jeu, dans cette Italie du Colisée.
Et Kalidou de se contenir jusqu'à cette minute fatidique où il a fini par céder et être sanctionné...
Voici que resurgissent en moi les siècles de haine, d'humiliation, de crachats au visage, de fouets au dos, de viols et de lynchage à la moindre velléité de protestation.
Après tout, Kalidou n'est qu'un Noir comme tous ces Noirs qui débarquent hagards sur les plages d'Italie, après avoir joué leur vie à la roulette russe dans rafiots en dérive. Noir comme ces Noirs pour qui la vie n'est pas grand chose au point de finir en cadavres flottants sur les rives de la Méditerranée et de gâcher le souper des gens comme il faut à l'heure du JT du soir. Pas une prière, pas un requiem de la part de leurs pays d'origine.
Comme tous ces pauvres hères anonymes, noyées par milliers dans la Méditerranée, Kalidou Coulibaly a vécu des moments d'insondables sollicitude et tristesse. Il a vécu seul ces moments où des milliers de poitrines criaient une haine bestiale, rance, d'autant plus bête qu'elle dure une éternité sans aucune justification que le mauvais goût de haïr pour haïr.
Tous les Noirs du Monde ont un jour connu , sans doute à des degrés plus ou moins divers, leurs instants de solitude.
C'est pourquoi, au delà de nos CENI comparses des partis au pouvoirs, de nos parrainages attrape-opposants, de toutes nos affaires africaines foireuses, ou peut-être en raison de cela, nous sommes tous Kalidou.
Thierno Alassane Sall
Voilà que resurgit, dans une enceinte de football qui rappelle les arènes où le Peuple de Rome, de Napoli ou d'ailleurs houspillaient les gladiateurs les poussant à s'étriper, la même clameur de haine pour le plaisir de haïr.
Comme naguère, comme toujours, le Noir Kalidou a été conspué, sifflé, moqué, humilié mais contraint par les règles de fair-play à se contenir et à se retenir. Ni l'arbitre ni les autres personnes bien comme il faut qui assistaient au spectacle n'ont jugé décent d'arrêter le supplice de Kalidou, parce que voyez vous, les lois du football sont au dessus des droits de l'Homme Noir.
Après tout, les spectateurs ne faisaient que s'amuser un peu. Un peu trop sans doute, mais cela a toujours fait partie du jeu, dans cette Italie du Colisée.
Et Kalidou de se contenir jusqu'à cette minute fatidique où il a fini par céder et être sanctionné...
Voici que resurgissent en moi les siècles de haine, d'humiliation, de crachats au visage, de fouets au dos, de viols et de lynchage à la moindre velléité de protestation.
Après tout, Kalidou n'est qu'un Noir comme tous ces Noirs qui débarquent hagards sur les plages d'Italie, après avoir joué leur vie à la roulette russe dans rafiots en dérive. Noir comme ces Noirs pour qui la vie n'est pas grand chose au point de finir en cadavres flottants sur les rives de la Méditerranée et de gâcher le souper des gens comme il faut à l'heure du JT du soir. Pas une prière, pas un requiem de la part de leurs pays d'origine.
Comme tous ces pauvres hères anonymes, noyées par milliers dans la Méditerranée, Kalidou Coulibaly a vécu des moments d'insondables sollicitude et tristesse. Il a vécu seul ces moments où des milliers de poitrines criaient une haine bestiale, rance, d'autant plus bête qu'elle dure une éternité sans aucune justification que le mauvais goût de haïr pour haïr.
Tous les Noirs du Monde ont un jour connu , sans doute à des degrés plus ou moins divers, leurs instants de solitude.
C'est pourquoi, au delà de nos CENI comparses des partis au pouvoirs, de nos parrainages attrape-opposants, de toutes nos affaires africaines foireuses, ou peut-être en raison de cela, nous sommes tous Kalidou.
Thierno Alassane Sall
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