Monsieur le Président,
Je ne pourrai commencer ma correspondance sans pour autant vous transmettre mes remerciements et encouragements suite à l’invite que vous vous avez faite à tout citoyen sénégalais pouvant donner son point de vue sur les importantes questions sur lesquelles vous êtes en train de réfléchir et dans le souci unique d’un Sénégal émergent. Je profite de l’occasion pour vous dire que l’éveil de la conscience citoyenne sénégalaise, a actuellement comme corollaire une exigence de régime qui ne tolère plus les attitudes condescendantes avec lesquelles ont été affirmées et colportées, de bouche à oreille, des affirmations gratuites et hâtives, pas trop « généreuses » et combien illusoires, largement mystifiantes à dessein et qui finalement, ont retardé une prise en charge objective de soi par les sénégalais. Nous devons retourner aux sources de nos valeurs culturelles, non pour nous y confiner, mais pour en faire l’inventaire critique, en sorte que les valeurs archaïques, fausses ou régressives, aussi bien que les éléments d’aliénation qui y ont été injectés du dehors, en soient éliminés, retenant seulement les éléments valides pour les mettre à jour et les enrichir…
Monsieur le Président, je suis moi-même professionnel du tourisme avec une modeste expérience de plus d’une trentaine d’années, c’est pourquoi, je voulais apporter ma petite pierre à l’édifice pour participer à la redynamisation de ce secteur.
En effet, on a beaucoup dit sur le tourisme et on se rend compte qu’il est maintenant nécessaire de reconnaître que sa propre dynamique qui l’enracine dans la tradition et la porte vers l’avenir, doit être le principe de toute démarche en sa faveur. Depuis l’indépendance du Sénégal, la situation du tourisme connaît, mis à part quelques succès enregistrés ici et là, une indigence que traduisent en général la modicité des budgets alloués à cette activité, l’absence d’une réelle politique touristique véritablement sénégalais, l’insuffisance des infrastructures d’accueil, la timidité et la lenteur des décisions concernant aussi bien la formation des acteurs, que l’statut de ceux-ci, la rareté d’innovations, enfin, des plans de coordination des différentes activités de tourisme à l’échelle aussi bien sous-régionale que régionale. Bien entendu, on comprend aisément après les longues années de domination étrangère, que l’Afrique au lendemain de sa libération, ait cru devoir consacrer l’essentiel de ses activités aux tâches jugées par elle les plus pressantes. Mais nous sommes aujourd’hui, faut-il le rappeler en 2014, c’est-à-dire 53 ans après notre accession à la souveraineté internationale ; qui plus est, nous sommes dans un monde où l’égoïsme des pays développés et la vigueur des appétits impérialistes s’affirment chaque jour avec plus de force et de rigueur dans le dessein visible de maintenir notre continent dans une situation de dépendance intellectuelle, culturelle, économique et politique. C’est, pensons-nous, à travers cette réalité quotidienne qu’il paraît opportun de refinaliser la place et le rôle que le tourisme en tant que tel, doit occuper dans le devenir historique du peuple africain. Il est nécessaire, par conséquent, d’adopter une démarche critique, faite d’étapes progressives : connaissance prise des éléments constructifs du tourisme traditionnel (collecte et recensement), appréciation rigoureuse de leur valeur (expérimentation et test de leur résistivité dans le choc des cultures), en fonction du développement (dont la justification, de l’à priori et de l’authenticité de l’idée que l’on se fait du développement).
Ce n’est pas fortuit que Barak Obama a dit qu’il fera des états unis la première puissance touristique mondiale. C’est vous dire qui ne voit qu’aujourd’hui plus que jamais, il apparaît nettement qu’un état qui se veut efficace dans l’exécution des perspectives de progrès, d’émancipation et d’amélioration des conditions de vie de ses populations, ne peut plus, sans graves dommages, se passer du tourisme, seul capable de trouver les réponses adéquates aux besoins multiples et variés que pose la problématique de l’emploi, de la vulgarisation de nos cultures et valeurs, de la situation matérielle et morale des populations, de l’attrait d’hommes d’affaires, du mieux être.
Comment peut-on espérer moderniser les comportements, les manières d’être et les attitudes individuelles et collectives ? Promouvoir l’investissement des nationaux, agir sur les mécanismes de la croissance économique, sélectionner et viabiliser les vertus insoupçonnés que notre passé recèle, si nous ne pouvons nous fixer des objectifs et des dispositions propres à encourager le développement du tourisme et à tirer parti des résultats obtenus, à des fins de politique générale. C’est se tromper lourdement que de croire que par le biais unique du tourisme balnéaire, le Sénégal pourra atteindre ses objectifs. C’est s’accommoder à bon compte d’une réalité que l’on sait illusoire, que de ne pas se persuader une fois pour toutes que le tourisme sénégalais regorge d’énormes potentialités. Il faut que les professionnels du secteur prennent leur propre destin en main et affirment nettement leur volonté de s’élever au rang des pays d’Afrique les plus visités… or, tant que le poste du ministre du tourisme ne sera occupé par un homme du sérail, et que le tourisme n’aura pas été sénégalais par le savoir qui l’utilise, les hommes qui le servent, les thèmes qui l’occupent, les moyens dont il use, la finalité qu’il assigne, le tourisme sénégalais ne pourra jamais occuper la place qui doit être la sienne.
Le tourisme est un agent actif de développement et devrait, pour cette simple raison, bénéficier d’une situation privilégiée dans nos états africains en générale. Elle est la seule activité susceptible de combler le retard que notre pays a acquis à la suite de la longue nuit de l’alternance 2000. Elle seule qui peut aider à approfondir et à promouvoir les vertus de notre civilisation, les données de notre milieu physique et humain, et à nous donner la maîtrise de notre culture, à déterminer les bases des relations nouvelles que nous devons établir entre peuples. Mais la mise en œuvre d’une politique sénégalaise du tourisme dynamique et efficace, requiert le recours à des solutions sénégalaises. Là aussi, les investissements du « privé étranger » doivent être limités ou mettre des règles qui soient profitables aux populations. En effet, vous savez tous qu’il ne fait aucun doute de nos jours que l’industrie touristique ne profite qu’aux investisseurs étrangers. Nos banques n’en profitent pas, 99% de produits alimentaires sont importés, des postes de travail dans les hôtels qui sont occupés par des étrangers alors que l’expertise locale est bien là… c’est dire que le tourisme au Sénégal doit être avant tout l’affaire des gouvernants. Dans cette perspective, j’estime qu’il faut que l’état procède avec rigueur, méthode et esprit de suite à l’évaluation globale du tourisme et met au point des plans nationaux du tourisme. Il faut qu’il crée ou encourage en nombre suffisant d’investissements du secteur privé national, dotés de moyens matériels, financiers et humains appropriés. Il faut encourager le tourisme en vue de susciter des vocations par la création de prix destinés aux meilleurs employeurs, un statut qui définisse ses conditions de travail et de promotion, ainsi que sa place aussi bien dans le secteur que dans la société. Il faut que le tourisme ne soit pas essentiellement orienté vers des objectifs économiques, mais qu’il touche aussi bien les structures des sociétés, leurs mœurs, leur milieu, leur mentalité, leur croyance, leurs institutions, leurs philosophies, leur mode de vie…
De tout ce qui précède, il découle que le tourisme doit être le terrain par excellence du respect des vertus d’un pays, mieux de coopération entre état. Enfin, j’estime que l’état aide à mettre au point un répertoire sénégalais des thèmes de tourisme et qu’il contribue à la création ou à l’ouverture de bureaux touristiques à l’étranger qui sera l’instrument privilégié, capable de rassembler les initiatives, d’amplifier les actions, en un mot, de rationaliser et de viabiliser un tourisme qui soit à la mesure des aspirations des sénégalais.
La nouveauté de l’introduction du fait touristique à part entière dans la planification sénégalaise se traduit, entre autres, par la nécessité, dans ce secteur plus que dans d’autres, de procéder à explication du contenu et au sens des actions envisagées pour mieux justifier les coûts qu’ils entraîneront. Il est en effet difficile de réduire le lourd fardeau accumulé par le secteur touristique par rapport aux autres secteurs sans la mise en œuvre d’un urgent programme tendant à créer les structures et les infrastructures indispensables au développement et à l’épanouissement de la vie touristique nationale. Ses structures et ses infrastructures devront très rapidement couvrir l’ensemble des diverses zones touristiques prioritaires, d’une part, en raison du fait que chaque sous-tourisme régional a un droit légitime à se voir octroyer les moyens de son épanouissement, et surtout, d’autre part, parce que un des objectifs opérationnels de la politique touristique du pays devra passer par l’expression de la richesse et la diversité de ses composantes régionales.
Monsieur le président, votre quinquennat doit donc se caractériser dans ce secteur par le déploiement d’un effort sans précédent pour installer le cadre et initier les actions motrices qui permettent l’émergence d’un tourisme original, multiforme, global, saint et porteur. Il faut dépasser l’énumération pure et simple des moyens de la politique touristique pour procéder à une description relativement approfondie des stratégies dans lesquelles ils s’intègrent. Ces dernières sont principalement de deux sortes :
1. Un ensemble de moyens, visant à agir sur l’environnement, tendant à provoquer un choc psychologique dans la nation et à créer un vaste mouvement d’opinions et d’attitudes favorables à la culture.
2. Un ensemble de moyens spécifiquement touristiques concourant de manière relativement directe à la réalisation effective des objectifs de la politique touristique. Ces moyens s’articulent autour de 03 programmes :
1. Programme de recherche touristique.
2. Programme de réforme de l’enseignement du tourisme et de l’hôtellerie.
3. Programme de mise en place des structures de l’action touristique.
- Moyens visant à agir sur l’environnement :
Il s’agit essentiellement des moyens ayant trait à des actions de sensibilisation, d’animation, d’incitation ayant pour objet, d’une part, de créer les conditions propices à la réalisation des objectifs de la politique touristique dans l’approche de tous les grands problèmes nationaux. Par leur nature même, ces moyens ne peuvent être définis que de leurs grandes orientations. Dans l’approche de tel ou tel grand problème national, c’est le cas d’espèce qui déterminera, évidement, la nature précise du moyen de politique touristique à mettre en œuvre. Les moyens visant à agir sur l’environnement iront dans 02 directions :
1. Des actions de réflexion
2. Des actions de sensibilisation, de promotion et de relations publiques.
a) Les actions de réflexions :
A côté des actions spécifiques de recherche sur le tourisme, il convient, dans cette phase d’initiation de la politique touristique, d’instaurer un large débat national sur le secteur. Deux formules de débats pourraient être avantageusement combinées. La première formule sera celle, désormais classique, des séminaires et colloques. Ces rencontres réuniraient de façon régulière tous les acteurs sur les problèmes majeurs de politique touristique. Elles auraient pour objet d’apporter aux responsables nationaux les opinions les plus variées sur l’orientation et l’organisation de la vie touristique nationale. La condition primordiale du succès de ses échanges sera le climat de liberté et de largeur d’esprit dans lequel ils devront se déroulés. Ils devront faire, parmi les participants, une répartition équilibrée entre les théoriciens et les praticiens, en sorte qu’il puisse y avoir un va et vient constant entre la théorie et la pratique (organisation d’ateliers, invitations d’équipes d’actions touristiques mondialement connues, relations d’expériences multiples, contradictoires ou complémentaires, organisation d’stage de courte durée). L’organisation de ses colloques et séminaires devra être assistée d’un secrétariat dynamique, efficace et polyvalent qui aura pour rôle de noter, d’enregistrer systématiquement par l’écrit, le son et l’image, tout ce qui sera produit pendant ses journées de rencontres. A la clôture des travaux, il appartiendra à un équipe pluridisciplinaire de dépouiller cette documentation et de produire une formulation en tant soit peu systématisée des idées qui auront été émises.
La seconde formule de rencontre et d’échanges pourra être une sorte de mini-réflexion prospective sur le tourisme national. Il est en effet indispensable d’amener les sénégalais de toutes conditions à réfléchir sur leur environnement touristique, à se situer par rapport à lui, et à le projeter dans l’avenir. La méthodologie devra être adaptée au cas particulier du secteur touristique. Les diverses commissions de réflexion qui seront créées de même que les documents introductifs aux discutions pourront s’articuler autour des différents aspects de la vie touristique. Il conviendra de faire un découpage de cette dernière en fonction de la spécificité du fait touristique sénégalais et des objectifs de la politique du secteur.
b) Les actions de sensibilisations, de promotion et de relations publiques.
L’émergence d’un tourisme national original se fait d’un élan collectif national ou ne sera pas. Une série d’actions de sensibilisation et de promotion devra être entreprise par les autorités compétentes pour d’une part faire sortir le tourisme du ghetto où on l’enferme traditionnellement, et d’autre part, provoquer dans la population un mouvement d’idées tendant à faire comprendre que le tourisme est omniprésent dans notre vie quotidienne et que les arts et les hôtels n’en sont qu’un aspect…
Monsieur le président, ayant moi-même un projet de structuration et de redynamisation du tourisme, vous pouvez me considérer comme d’ores et déjà disponible à toute réquisition et prêt à apporter mon concours à la réalisation de tout dessein lié au progrès du tourisme sénégalais…
Vous en souhaitant bonne réception et dans l’attente de vous lire, veuillez croire, Monsieur le Président, en ma très haute considération.
Je ne pourrai commencer ma correspondance sans pour autant vous transmettre mes remerciements et encouragements suite à l’invite que vous vous avez faite à tout citoyen sénégalais pouvant donner son point de vue sur les importantes questions sur lesquelles vous êtes en train de réfléchir et dans le souci unique d’un Sénégal émergent. Je profite de l’occasion pour vous dire que l’éveil de la conscience citoyenne sénégalaise, a actuellement comme corollaire une exigence de régime qui ne tolère plus les attitudes condescendantes avec lesquelles ont été affirmées et colportées, de bouche à oreille, des affirmations gratuites et hâtives, pas trop « généreuses » et combien illusoires, largement mystifiantes à dessein et qui finalement, ont retardé une prise en charge objective de soi par les sénégalais. Nous devons retourner aux sources de nos valeurs culturelles, non pour nous y confiner, mais pour en faire l’inventaire critique, en sorte que les valeurs archaïques, fausses ou régressives, aussi bien que les éléments d’aliénation qui y ont été injectés du dehors, en soient éliminés, retenant seulement les éléments valides pour les mettre à jour et les enrichir…
Monsieur le Président, je suis moi-même professionnel du tourisme avec une modeste expérience de plus d’une trentaine d’années, c’est pourquoi, je voulais apporter ma petite pierre à l’édifice pour participer à la redynamisation de ce secteur.
En effet, on a beaucoup dit sur le tourisme et on se rend compte qu’il est maintenant nécessaire de reconnaître que sa propre dynamique qui l’enracine dans la tradition et la porte vers l’avenir, doit être le principe de toute démarche en sa faveur. Depuis l’indépendance du Sénégal, la situation du tourisme connaît, mis à part quelques succès enregistrés ici et là, une indigence que traduisent en général la modicité des budgets alloués à cette activité, l’absence d’une réelle politique touristique véritablement sénégalais, l’insuffisance des infrastructures d’accueil, la timidité et la lenteur des décisions concernant aussi bien la formation des acteurs, que l’statut de ceux-ci, la rareté d’innovations, enfin, des plans de coordination des différentes activités de tourisme à l’échelle aussi bien sous-régionale que régionale. Bien entendu, on comprend aisément après les longues années de domination étrangère, que l’Afrique au lendemain de sa libération, ait cru devoir consacrer l’essentiel de ses activités aux tâches jugées par elle les plus pressantes. Mais nous sommes aujourd’hui, faut-il le rappeler en 2014, c’est-à-dire 53 ans après notre accession à la souveraineté internationale ; qui plus est, nous sommes dans un monde où l’égoïsme des pays développés et la vigueur des appétits impérialistes s’affirment chaque jour avec plus de force et de rigueur dans le dessein visible de maintenir notre continent dans une situation de dépendance intellectuelle, culturelle, économique et politique. C’est, pensons-nous, à travers cette réalité quotidienne qu’il paraît opportun de refinaliser la place et le rôle que le tourisme en tant que tel, doit occuper dans le devenir historique du peuple africain. Il est nécessaire, par conséquent, d’adopter une démarche critique, faite d’étapes progressives : connaissance prise des éléments constructifs du tourisme traditionnel (collecte et recensement), appréciation rigoureuse de leur valeur (expérimentation et test de leur résistivité dans le choc des cultures), en fonction du développement (dont la justification, de l’à priori et de l’authenticité de l’idée que l’on se fait du développement).
Ce n’est pas fortuit que Barak Obama a dit qu’il fera des états unis la première puissance touristique mondiale. C’est vous dire qui ne voit qu’aujourd’hui plus que jamais, il apparaît nettement qu’un état qui se veut efficace dans l’exécution des perspectives de progrès, d’émancipation et d’amélioration des conditions de vie de ses populations, ne peut plus, sans graves dommages, se passer du tourisme, seul capable de trouver les réponses adéquates aux besoins multiples et variés que pose la problématique de l’emploi, de la vulgarisation de nos cultures et valeurs, de la situation matérielle et morale des populations, de l’attrait d’hommes d’affaires, du mieux être.
Comment peut-on espérer moderniser les comportements, les manières d’être et les attitudes individuelles et collectives ? Promouvoir l’investissement des nationaux, agir sur les mécanismes de la croissance économique, sélectionner et viabiliser les vertus insoupçonnés que notre passé recèle, si nous ne pouvons nous fixer des objectifs et des dispositions propres à encourager le développement du tourisme et à tirer parti des résultats obtenus, à des fins de politique générale. C’est se tromper lourdement que de croire que par le biais unique du tourisme balnéaire, le Sénégal pourra atteindre ses objectifs. C’est s’accommoder à bon compte d’une réalité que l’on sait illusoire, que de ne pas se persuader une fois pour toutes que le tourisme sénégalais regorge d’énormes potentialités. Il faut que les professionnels du secteur prennent leur propre destin en main et affirment nettement leur volonté de s’élever au rang des pays d’Afrique les plus visités… or, tant que le poste du ministre du tourisme ne sera occupé par un homme du sérail, et que le tourisme n’aura pas été sénégalais par le savoir qui l’utilise, les hommes qui le servent, les thèmes qui l’occupent, les moyens dont il use, la finalité qu’il assigne, le tourisme sénégalais ne pourra jamais occuper la place qui doit être la sienne.
Le tourisme est un agent actif de développement et devrait, pour cette simple raison, bénéficier d’une situation privilégiée dans nos états africains en générale. Elle est la seule activité susceptible de combler le retard que notre pays a acquis à la suite de la longue nuit de l’alternance 2000. Elle seule qui peut aider à approfondir et à promouvoir les vertus de notre civilisation, les données de notre milieu physique et humain, et à nous donner la maîtrise de notre culture, à déterminer les bases des relations nouvelles que nous devons établir entre peuples. Mais la mise en œuvre d’une politique sénégalaise du tourisme dynamique et efficace, requiert le recours à des solutions sénégalaises. Là aussi, les investissements du « privé étranger » doivent être limités ou mettre des règles qui soient profitables aux populations. En effet, vous savez tous qu’il ne fait aucun doute de nos jours que l’industrie touristique ne profite qu’aux investisseurs étrangers. Nos banques n’en profitent pas, 99% de produits alimentaires sont importés, des postes de travail dans les hôtels qui sont occupés par des étrangers alors que l’expertise locale est bien là… c’est dire que le tourisme au Sénégal doit être avant tout l’affaire des gouvernants. Dans cette perspective, j’estime qu’il faut que l’état procède avec rigueur, méthode et esprit de suite à l’évaluation globale du tourisme et met au point des plans nationaux du tourisme. Il faut qu’il crée ou encourage en nombre suffisant d’investissements du secteur privé national, dotés de moyens matériels, financiers et humains appropriés. Il faut encourager le tourisme en vue de susciter des vocations par la création de prix destinés aux meilleurs employeurs, un statut qui définisse ses conditions de travail et de promotion, ainsi que sa place aussi bien dans le secteur que dans la société. Il faut que le tourisme ne soit pas essentiellement orienté vers des objectifs économiques, mais qu’il touche aussi bien les structures des sociétés, leurs mœurs, leur milieu, leur mentalité, leur croyance, leurs institutions, leurs philosophies, leur mode de vie…
De tout ce qui précède, il découle que le tourisme doit être le terrain par excellence du respect des vertus d’un pays, mieux de coopération entre état. Enfin, j’estime que l’état aide à mettre au point un répertoire sénégalais des thèmes de tourisme et qu’il contribue à la création ou à l’ouverture de bureaux touristiques à l’étranger qui sera l’instrument privilégié, capable de rassembler les initiatives, d’amplifier les actions, en un mot, de rationaliser et de viabiliser un tourisme qui soit à la mesure des aspirations des sénégalais.
La nouveauté de l’introduction du fait touristique à part entière dans la planification sénégalaise se traduit, entre autres, par la nécessité, dans ce secteur plus que dans d’autres, de procéder à explication du contenu et au sens des actions envisagées pour mieux justifier les coûts qu’ils entraîneront. Il est en effet difficile de réduire le lourd fardeau accumulé par le secteur touristique par rapport aux autres secteurs sans la mise en œuvre d’un urgent programme tendant à créer les structures et les infrastructures indispensables au développement et à l’épanouissement de la vie touristique nationale. Ses structures et ses infrastructures devront très rapidement couvrir l’ensemble des diverses zones touristiques prioritaires, d’une part, en raison du fait que chaque sous-tourisme régional a un droit légitime à se voir octroyer les moyens de son épanouissement, et surtout, d’autre part, parce que un des objectifs opérationnels de la politique touristique du pays devra passer par l’expression de la richesse et la diversité de ses composantes régionales.
Monsieur le président, votre quinquennat doit donc se caractériser dans ce secteur par le déploiement d’un effort sans précédent pour installer le cadre et initier les actions motrices qui permettent l’émergence d’un tourisme original, multiforme, global, saint et porteur. Il faut dépasser l’énumération pure et simple des moyens de la politique touristique pour procéder à une description relativement approfondie des stratégies dans lesquelles ils s’intègrent. Ces dernières sont principalement de deux sortes :
1. Un ensemble de moyens, visant à agir sur l’environnement, tendant à provoquer un choc psychologique dans la nation et à créer un vaste mouvement d’opinions et d’attitudes favorables à la culture.
2. Un ensemble de moyens spécifiquement touristiques concourant de manière relativement directe à la réalisation effective des objectifs de la politique touristique. Ces moyens s’articulent autour de 03 programmes :
1. Programme de recherche touristique.
2. Programme de réforme de l’enseignement du tourisme et de l’hôtellerie.
3. Programme de mise en place des structures de l’action touristique.
- Moyens visant à agir sur l’environnement :
Il s’agit essentiellement des moyens ayant trait à des actions de sensibilisation, d’animation, d’incitation ayant pour objet, d’une part, de créer les conditions propices à la réalisation des objectifs de la politique touristique dans l’approche de tous les grands problèmes nationaux. Par leur nature même, ces moyens ne peuvent être définis que de leurs grandes orientations. Dans l’approche de tel ou tel grand problème national, c’est le cas d’espèce qui déterminera, évidement, la nature précise du moyen de politique touristique à mettre en œuvre. Les moyens visant à agir sur l’environnement iront dans 02 directions :
1. Des actions de réflexion
2. Des actions de sensibilisation, de promotion et de relations publiques.
a) Les actions de réflexions :
A côté des actions spécifiques de recherche sur le tourisme, il convient, dans cette phase d’initiation de la politique touristique, d’instaurer un large débat national sur le secteur. Deux formules de débats pourraient être avantageusement combinées. La première formule sera celle, désormais classique, des séminaires et colloques. Ces rencontres réuniraient de façon régulière tous les acteurs sur les problèmes majeurs de politique touristique. Elles auraient pour objet d’apporter aux responsables nationaux les opinions les plus variées sur l’orientation et l’organisation de la vie touristique nationale. La condition primordiale du succès de ses échanges sera le climat de liberté et de largeur d’esprit dans lequel ils devront se déroulés. Ils devront faire, parmi les participants, une répartition équilibrée entre les théoriciens et les praticiens, en sorte qu’il puisse y avoir un va et vient constant entre la théorie et la pratique (organisation d’ateliers, invitations d’équipes d’actions touristiques mondialement connues, relations d’expériences multiples, contradictoires ou complémentaires, organisation d’stage de courte durée). L’organisation de ses colloques et séminaires devra être assistée d’un secrétariat dynamique, efficace et polyvalent qui aura pour rôle de noter, d’enregistrer systématiquement par l’écrit, le son et l’image, tout ce qui sera produit pendant ses journées de rencontres. A la clôture des travaux, il appartiendra à un équipe pluridisciplinaire de dépouiller cette documentation et de produire une formulation en tant soit peu systématisée des idées qui auront été émises.
La seconde formule de rencontre et d’échanges pourra être une sorte de mini-réflexion prospective sur le tourisme national. Il est en effet indispensable d’amener les sénégalais de toutes conditions à réfléchir sur leur environnement touristique, à se situer par rapport à lui, et à le projeter dans l’avenir. La méthodologie devra être adaptée au cas particulier du secteur touristique. Les diverses commissions de réflexion qui seront créées de même que les documents introductifs aux discutions pourront s’articuler autour des différents aspects de la vie touristique. Il conviendra de faire un découpage de cette dernière en fonction de la spécificité du fait touristique sénégalais et des objectifs de la politique du secteur.
b) Les actions de sensibilisations, de promotion et de relations publiques.
L’émergence d’un tourisme national original se fait d’un élan collectif national ou ne sera pas. Une série d’actions de sensibilisation et de promotion devra être entreprise par les autorités compétentes pour d’une part faire sortir le tourisme du ghetto où on l’enferme traditionnellement, et d’autre part, provoquer dans la population un mouvement d’idées tendant à faire comprendre que le tourisme est omniprésent dans notre vie quotidienne et que les arts et les hôtels n’en sont qu’un aspect…
Monsieur le président, ayant moi-même un projet de structuration et de redynamisation du tourisme, vous pouvez me considérer comme d’ores et déjà disponible à toute réquisition et prêt à apporter mon concours à la réalisation de tout dessein lié au progrès du tourisme sénégalais…
Vous en souhaitant bonne réception et dans l’attente de vous lire, veuillez croire, Monsieur le Président, en ma très haute considération.
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