« Loups, renards, cerviers, ont pris possession de la zone de Tchernobyl, vidée de ses habitants. Eux ne redoutent pas la contamination radioactive », ironise Sergueï Frantchouk, un quinquagénaire, habitant à l’entrée de la zone d’exclusion d'une trentaine de kilomètres, entourée de barbelés. Il travaille comme guide touristique à Tchernobyl qui suscite un intérêt croissant des visiteurs. Dans la ville fantôme de Pripiat, à deux kilomètres de la centrale, il a « oublié » comme souvent son dosimètre, « un jouet pour néophyte », raconte le guide, en rangeant ses vêtements kaki militaires.
Peuplée de 50 000 habitants avant l'explosion, survenue le 26 avril 1986, la ville de Pripiat ressemble aujourd'hui à une zone de combats. Les immeubles gris de plusieurs étages sont délabrés, certains se sont écroulés, tandis que des murs s’écaillent, les fenêtres sont cassées.
Après l'explosion, Sergueï continuait à travailler dans son kolkhoze, masque à gaz au visage. Comme plus de 500 000 hommes venus de toute l’URSS, son cousin est intervenu sur le lieu du drame; il est mort à l’âge de 25 ans. « Pour nous, ce n’était pas juste une catastrophe, on pensait que c’était une guerre qui avait commencé. Il y avait tellement de soldats », raconte-t-il au volant de sa vieille voiture.
« Syoma, ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu », s’exclame-t-il en freinant. Un petit renard fait son apparition en plein milieu du centre de Pripiat. Il s’approche de la route détériorée, visiblement l’homme ne lui fait pas peur. Sergueï croise souvent les animaux sur sa route. Il en nourrit, leur donne des prénoms.
Les cigognes noires sont de retour
La présence animale sur ces terres irradiées suscite la curiosité des scientifiques. Les premiers mois après l'accident, la nature a été grandement contaminée. Les forêts de pins entourant la centrale ont été entièrement détruites et les divers oiseaux qu'elles abritaient ont disparu. La « forêt rouge », baptisée ainsi à cause de la couleur des pins fanés, a été rasée et les arbres morts enterrés tels des déchets nucléaires. Aujourd’hui, au même endroit, on peut voir une forêt de pins, plus résistante à la radiation.
Cette ville, qui comptait à l’époque environ 120 000 habitants, a connu de curieuses transformations avec son évacuation. « Les cigognes blanches sont parties avec les hommes, les cigognes noires sont de retour », explique le zoologiste Denis Vichnevskiy, qui travaille à Ecocentre, où il est le chef du groupe qui effectue la surveillance de la radioactivité. Ainsi, des espèces indigènes chassées d’ici par l’industrialisation soviétique font leur réapparition après le départ de l’homme suite à la catastrophe.
Pour la scientifique Marina Shkvirya, qui étudie le site de Tchernobyl depuis 2003, la zone est loin d’être un paradis pour les animaux. Elle souligne que le facteur humain n’a pas tout à fait disparu. Pompiers, maçons, grutiers, gardiens, plus de 5 000 hommes travaillent dans la zone d’exclusion. Ils entretiennent la centrale et construisent un nouveau sarcophage pour couvrir le réacteur accidenté.
« Les braconniers représentent aussi un danger. La police ne lutte pas contre ces criminels. Parfois, ils ont même le laissez-passer pour faire de la chasse ici. C’est devenu un mode de tourisme », déplore-t-elle.
Les scientifiques espèrent qu’avec la promesse du gouvernement de transformer la zone en réserve de biosphère, la nature serait mieux protégée. « Cela ouvrirait de nouvelles opportunités pour la recherche », commente Denis Vichnevskiy qui avance une expérience déjà réussie.
A la fin des années 1990, une poignée de chevaux de Przewalski en voie de disparition y a été amenée. Originaires des steppes de Mongolie, ces animaux ont pris racine dans une zone forestière de Tchernobyl. Un phénomène appelé « renaissance environnementale » par Denis Vichnevskiy. « Ces animaux sont peut-être la seule conséquence positive de cette terrible catastrophe. La nature ne cesse pas de nous étonner. Sans doute est-il temps de voir Tchernobyl non seulement comme une zone de tragédie, mais aussi comme le territoire d'un nouvel avenir, où nous pouvons observer la biodiversité. »
Source: Rfi.fr
Peuplée de 50 000 habitants avant l'explosion, survenue le 26 avril 1986, la ville de Pripiat ressemble aujourd'hui à une zone de combats. Les immeubles gris de plusieurs étages sont délabrés, certains se sont écroulés, tandis que des murs s’écaillent, les fenêtres sont cassées.
Après l'explosion, Sergueï continuait à travailler dans son kolkhoze, masque à gaz au visage. Comme plus de 500 000 hommes venus de toute l’URSS, son cousin est intervenu sur le lieu du drame; il est mort à l’âge de 25 ans. « Pour nous, ce n’était pas juste une catastrophe, on pensait que c’était une guerre qui avait commencé. Il y avait tellement de soldats », raconte-t-il au volant de sa vieille voiture.
« Syoma, ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu », s’exclame-t-il en freinant. Un petit renard fait son apparition en plein milieu du centre de Pripiat. Il s’approche de la route détériorée, visiblement l’homme ne lui fait pas peur. Sergueï croise souvent les animaux sur sa route. Il en nourrit, leur donne des prénoms.
Les cigognes noires sont de retour
La présence animale sur ces terres irradiées suscite la curiosité des scientifiques. Les premiers mois après l'accident, la nature a été grandement contaminée. Les forêts de pins entourant la centrale ont été entièrement détruites et les divers oiseaux qu'elles abritaient ont disparu. La « forêt rouge », baptisée ainsi à cause de la couleur des pins fanés, a été rasée et les arbres morts enterrés tels des déchets nucléaires. Aujourd’hui, au même endroit, on peut voir une forêt de pins, plus résistante à la radiation.
Cette ville, qui comptait à l’époque environ 120 000 habitants, a connu de curieuses transformations avec son évacuation. « Les cigognes blanches sont parties avec les hommes, les cigognes noires sont de retour », explique le zoologiste Denis Vichnevskiy, qui travaille à Ecocentre, où il est le chef du groupe qui effectue la surveillance de la radioactivité. Ainsi, des espèces indigènes chassées d’ici par l’industrialisation soviétique font leur réapparition après le départ de l’homme suite à la catastrophe.
Pour la scientifique Marina Shkvirya, qui étudie le site de Tchernobyl depuis 2003, la zone est loin d’être un paradis pour les animaux. Elle souligne que le facteur humain n’a pas tout à fait disparu. Pompiers, maçons, grutiers, gardiens, plus de 5 000 hommes travaillent dans la zone d’exclusion. Ils entretiennent la centrale et construisent un nouveau sarcophage pour couvrir le réacteur accidenté.
« Les braconniers représentent aussi un danger. La police ne lutte pas contre ces criminels. Parfois, ils ont même le laissez-passer pour faire de la chasse ici. C’est devenu un mode de tourisme », déplore-t-elle.
Les scientifiques espèrent qu’avec la promesse du gouvernement de transformer la zone en réserve de biosphère, la nature serait mieux protégée. « Cela ouvrirait de nouvelles opportunités pour la recherche », commente Denis Vichnevskiy qui avance une expérience déjà réussie.
A la fin des années 1990, une poignée de chevaux de Przewalski en voie de disparition y a été amenée. Originaires des steppes de Mongolie, ces animaux ont pris racine dans une zone forestière de Tchernobyl. Un phénomène appelé « renaissance environnementale » par Denis Vichnevskiy. « Ces animaux sont peut-être la seule conséquence positive de cette terrible catastrophe. La nature ne cesse pas de nous étonner. Sans doute est-il temps de voir Tchernobyl non seulement comme une zone de tragédie, mais aussi comme le territoire d'un nouvel avenir, où nous pouvons observer la biodiversité. »
Source: Rfi.fr