Le peuple sénégalais, représenté par sa jeunesse dont c’est l’avenir qui est en jeu, est sorti en mars 2021 pour réaffirmer qu’il est un peuple démocrate à plusieurs égards. Non seulement il tient à ses libertés civiles et politiques mais également à une gouvernance qui corresponde à sa culture démocratique. Il a ainsi démontré à la classe politique que lorsqu’il doit sortir pour affirmer sa souveraineté, il le fait et remet les choses à l’endroit. Il s’agit donc d’un grand peuple qui préfère le dialogue à la confrontation certes, fait jouer ses régulateurs sociaux pour exprimer cette préférence, mais devant la nécessité, il ne fait pas dans l’indifférence. La classe politique doit donc se hisser au niveau de ce peuple. Le faire de la manière la plus noble et non politicienne est de le consulter par le biais d’élections libres, transparentes, et non contestées dans le cadre de règles du jeu consensuelles et faire reparler la majorité silencieuse qui ne manque pas les grands rendez-vous (voir Démocratie Sénégalaise Debout).
Nous disions en 2014 dans notre contribution intitulée « les élections locales sont-elles en fait nationales ? » qu’une « fois de plus, nous nous acheminons vers des élections locales qui ne sont locales que de nom. Les maires des communes du Sénégal n’ont pas les moyens de fournir les services publics auxquels les citoyens s’attendent car ces derniers n’ont pas les moyens de financer les services publics qu’ils désirent. De ce fait, les maires ne peuvent pas faire grand-chose sans l’état central…Le problème est que l'État central non plus n’a pas les moyens d’offrir aux citoyens ce qu’ils désirent. Il lui faut de ce fait être sélectif dans la distribution de ses moyens limités et transférables à la base. Dans cette sélectivité, l'État doit satisfaire en priorité ceux qui sont prêts à le soutenir politiquement. C’est de ce point de vue que nos élections locales sont véritablement nationales. Il s’agira pour les Sénégalais qui participeront au vote de choisir ceux qui pourront obtenir les privilèges du pouvoir central ou de sanctionner le pouvoir à travers ceux qui aspirent à le représenter dans les localités. Dans l’éventualité d’une forte abstention des citoyens indépendants, les élections locales seront une compétition entre politiciens pour marquer leur territoire en vue de joutes électorales futures et de positions dans l’appareil d'État ».
De ce fait, les prochaines élections locales devraient être couplées aux législatives et à la présidentielle pour un rendez-vous unique entre le peuple et sa classe politique le 27 février 2022. En effet, ce rendez-vous pourrait également être, nous l’avons dit, celui du respect de la parole donnée par le Président Macky SALL qui démissionnerait au 31 Décembre 2021 pour que des élections présidentielles puissent se tenir le 27 février 2022. Ceci ne l’empêcherait pas de diriger sa coalition aux législatives. Ce triple scrutin serait à 3/4 bulletins uniques (Présidentielle, Législatives, et Locales). Des députés élus en février 2022 prendraient fonction à l’expiration de la législature en cours 3 mois plus tard en juillet 2022. Le champ politique bipolarisé aura une année pleine pour expliquer ses visions alternatives sous l’œil vigilant des citoyens indépendants engagés. Nous nous remettrions au travail pendant 5 ans sans élection et en perspective de défis majeurs liés notamment au pétrole et au gaz mais également à la gestion macroéconomique post-Covid 19.
Une telle consultation permettrait, tôt plutôt que tard suite à la révolte de mars 2021, de clarifier la volonté du peuple quant à son leadership politique au niveau le plus élevé de notre régime présidentiel. Dans ce régime, le parlement est sensé accompagner l’exécutif élu pour lui permettre de gouverner tout en le contrôlant et en permettant à l’opposition représentée de faire entendre sa voix. Ce régime nous est préférable car nous avons besoin d’un leadership transformationnel et ce dernier ne peut être pluriel bien qu’accompagné.
A moins que nous n’autonomisions nos collectivités locales en pôles régionaux par des transferts de ressources conséquentes de l'État central, il ne sert pas à grand-chose d’organiser des élections locales et législatives en marge de la présidentielle qui n’ont un caractère local que de nom.
Enfin, un triple scrutin le 27 février 2022 pourrait permettre d’éviter une potentielle cohabitation de bords différents entre un Président élu en 2024 et une assemblée élue en 2022 ou une reprise d’élections législatives en 2024 pour demander au peuple de clarifier des choix ambigus entre 2022 et 2024.
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